La force de dissuasion est-elle vraiment intouchable ? (Par Jean Guisnel)

Le nucléaire militaire consomme plus de 15 % des crédits d’équipement des armées. Est-ce trop ? Revue de détail.

La dissuasion nucléaire et les moyens de la mettre en oeuvre seront-ils remis en cause par le prochain président de la République ? François Hollande vient de s’exprimer sur le sujet, pour dire qu’il ne changera rien. Et si Nicolas Sarkozy n’a encore rien dit, on ne l’imagine pas se prononcer dans un sens différent.

Qu’en est-il de leurs troupes ? Au Parti socialiste, certaines voix – qui n’engagent en rien le candidat – évoquent la suppression d’une des deux composantes de la dissuasion – aérienne et aéroportée -, tandis que les partisans de l’option Global Zero (désarmement nucléaire total), à l’instar de Michel Rocard ou de Paul Quilès, y demeurent très minoritaires. À l’UMP, un groupe de travail réuni autour de Serge Dassault, dont nous avions publié le 28 avril dernier un argumentaire interne datant du début de l’année 2011, pense quant à lui que la question est sur la table : « Étant donné le contextepost-crise économique et les difficultés budgétaires actuelles, il conviendrait raisonnablement de s’interroger sur une possible hiérarchisation des moyens entre les deux composantes et une rationalisation de l’emploi de leur format respectif. »

Réserve financière

Certains officiers généraux influents ont vu dans ces lignes une menace sur la force océanique stratégique (Fost). Pour l’un d’eux : « L’UMP est marquée par un très fort focus aéronautique, très écouté à l’Élysée. J’anticipe un très vif combat entre les deux composantes. Qui perdra ? » L’après-présidentielle ne laisse pas d’inquiéter, et nombreux sont ceux qui anticipent une révision des budgets militaires à la baisse, quel que soit l’élu. Un autre cadre des armées ajoute : « Ceux qui ne rêvent pas le savent : avec 38 milliards d’euros dans la défense, on y est, il va falloir frapper… Et la perspective de voir les troupes françaises rentrer d’Afghanistan n’arrange rien : chaque fois que l’armée de terre revient dans ses casernes, le désamour avec la défense s’installe dans le pays. Que va-t-on faire de cette énorme armée de terre ? Pour autant, je ne suis pas le seul à penser qu’il faut y regarder à deux fois avant de toucher à la dissuasion. Que nous reste-t-il de fondamental ? Le nucléaire… »

Officiellement, les armées ne préparent aucunement une réduction de l’une ou l’autre des composantes de la dissuasion. Pas plus d’ailleurs qu’elles n’anticipaient en 1995 le passage à l’armée de métier, malgré tout effectif en février 1996… Dans les popotes, on entend pourtant que si la France renonçait à la présence permanente à la mer d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) sur les quatre qu’elle possède actuellement, elle permettrait à la politique de dissuasion de s’adapter sans problème à la situation internationale. Il serait alors possible, au gré de la montée des tensions internationales, de faire partir un sous-marin avec un préavis de quelques jours.

« La dissuasion, c’est permanent »

Sauf que le dogme l’interdit ! « La dissuasion, c’est permanent ou ça n’existe pas. C’est le concept, tous les pays du monde sont d’accord là-dessus », insiste un….

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