Le devoir de réserve

Extrait du Journal Oise Hebdo N°426 du 30 avril 2002

Selon le capitaine Bavoil, l’Amiral Debray n’avait pas le droit de soutenir Chevènement.

Dès avant le premier tour de l’élection présidentielle l’amiral Michel Debray, conseiller municipal de Senlis, avait intégré le comité de soutien à Jean-Pierre Chevènement, fondateur du Mouvement des citoyens et candidat du pôle républicain. Dans un tract, l’amiral avait appelé ses concitoyens à voter pour Jean-Pierre Chevènement, « l’homme de la nation ». Il avait même noté : « j’exerçais un commandement important dans la marine nationale lorsqu’il était ministre de la Défense, et j’ai pu, à l’époque, prendre la mesure de ses qualités ».

Mais aujourd’hui le capitaine en retraite Michel Bavoil affirme que l’Amiral Debray n’avait pas le droit de prendre ainsi position, en indiquant son grade et sa fonction. Il s’explique : « il est en deuxième section des officiers généraux et, à ce titre, il est soumis au strict devoir de réserve. Et ce devoir implique qu’il ait une obligation de loyalisme, de dignité et de modération qui lui impose la prudence dans l’expression de ses opinions.

Michel Bavoil poursuit : « il a l’obligation de ne pas mettre en cause la neutralité des armées ni de faire de sa fonction exercée un moyen de propagande. Or en distribuant un tract, en appelant à voter M Chevènement et en ne signalant pas qu’il avait quitté les armées, il a failli à son devoir de réserve et doit être normalement sanctionné par le ministre de la Défense ». Selon Michel Bavoil, l’amiral aurait dû rester neutre : « s’il veut parler, il demande à être mis immédiatement en position de retraite.»

« Le tract a semé le doute »

Le capitaine assure : « Cela ne fait aucun doute que sur Senlis, le tract distribué à la demande de l’amiral Debray a été de nature à semer le doute parmi les nombreux militaires d’active affectés dans cette région »
Michel Bavoil se dit particulièrement surpris par ce soutien : « je tiens à préciser que M Chevènement, lorsqu’il était ministre de la Défense, a rappelé à l’ordre 45 généraux et a menacé de les mettre à la retraite, car ils avaient appelé à voter pour Jacques Chirac. » Et de lancer : « j’attends donc de M Chevènement une désapprobation totale de l’action menée par l’amiral Debray. »

Note de la rédaction de l’Adefdromil :

Rappelons que chaque militaire doit pouvoir écrire ou intervenir librement et objectivement avec le souci du devoir de réserve, c’est à dire :
– Ne pas mettre en cause la neutralité des armées,
– Ne pas faire de la fonction exercée un moyen de propagande

Pourquoi ?

Parce que les armées constituent un corps qui a pour mission de défendre militairement l’intégrité de la Nation, soit contre un agresseur externe, soit contre un agresseur interne.

Cette mission requiert des armées une stricte neutralité en matière politique, philosophique et religieuse. Chaque militaire doit donc veiller à ce que ses comportements, ses paroles, ses prises de position n’altèrent pas la cohésion de son unité ou des armées.

Le devoir de réserve implique également :
– Une obligation de loyalisme vis à vis des Institutions,
– Une obligation de dignité
– Une obligation de modération qui impose la prudence dans l’expression des opinions et proscrit bien évidemment, l’injure, la grossièreté dans les paroles, l’attitude ou les écrits.

Le devoir de réserve concerne tous les fonctionnaires et son degré de contrainte varie suivant la situation du militaire et la personne du militaire.

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