Dix ans après la chute des talibans, l’Afghanistan très loin de la paix

Dix ans d’occupation par une force internationale et des centaines de milliards de dollars n’ont pas permis de venir à bout des insurgés talibans en Afghanistan, où la guerre est de plus en plus meurtrière et le gouvernement et ses alliés occidentaux de plus en plus impopulaires.
Et les perspectives de paix s’éloignent au moment où les Etats-Unis et l’Otan entament un retrait progressif de leurs troupes combattantes censé s’achever fin 2014, alors que les rebelles islamistes intensifient leur guérilla et refusent de négocier.

Le 7 octobre 2001, les Etats-Unis, meurtris par les attentats de New York et Washington un mois plus tôt, et leur allié britannique lançaient l’offensive contre le régime des talibans et ses hôtes d’Al-Qaïda.

La rapide chute du régime fondamentaliste fut saluée avec euphorie par la population lassée de leur férule brutale, qui avait isolé et appauvri un pays déjà démuni.

Mais dix ans plus tard, si des immeubles modernes ornent désormais une partie de la capitale Kaboul, nombre d’Afghans considèrent les 140.000 soldats de la force de l’Otan commandée par les Etats-Unis comme des envahisseurs qui n’ont pas su tenir leurs promesses de paix et de prospérité.

La lune de miel des premières années entre le président Hamid Karzaï et ses alliés occidentaux a laissé place à une cohabitation crispée et méfiante. M. Karzaï dénonce les victimes civiles des opérations de l’Otan, quand les Occidentaux critiquent la corruption et l’incompétence de son gouvernement.

Pour nombre d’experts, la coalition, et notamment Washington, a pêché par excès de confiance après les premières années faciles de l’après-2001.

Les talibans ont regagné du terrain à partir de 2005, enlisant Kaboul et ses alliés dans un nouveau sanglant conflit, après l’insurrection contre les Soviétiques dans les années 1980 puis la guerre civile jusqu’à la prise du pouvoir par les talibans en 1996. « Depuis que je suis enfant, je n’ai connu que la guerre », déplore Sharif Siddiqui, un ingénieur kabouli de 35 ans en expliquant, amer: « Nous avions cru que les Occidentaux nous apporteraient la sécurité. Au lieu de cela, ils ont tué plus de civils que de talibans ».

Quelques avancées notables ont été enregistrées, notamment en matière de scolarisation, d’accès aux soins et de développement du commerce dans les villes. Mais M. Karzaï ne contrôle guère les choses au delà de Kaboul, le pays restant largement aux mains des chefs de guerre alliés ou abandonné aux rebelles.

La mauvaise gestion des centaines de milliards de dollars occidentaux dépensés dans le pays (444 milliards pour les seuls Etats-Unis), en partie évaporés dans la corruption, a contribué à la faiblesse criante de l’Etat.

« Après une décennie d’assistance massive, la communauté internationale a échoué à faire de l’Afghanistan un pays politiquement stable et économiquement viable », déplorait en juillet l’International Crisis Group.

Et les violences ont redoublé à partir de 2007, chaque année devenant de plus en plus meurtrière pour les soldats étrangers (70 tués en 2002, 711 en 2010) et les civils. Selon une étude de l’université américaine Brown, la guerre a fait 33.877 morts depuis le 7 octobre 2001, civils, insurgés, soldats afghans et étrangers.

Selon l’ONU, les violences liées au conflit ont augmenté de 40% les huit premiers mois de 2011 par rapport à la même période en 2010.

En Occident, les opinions publiques sont désormais majoritairement hostiles au maintien de leurs soldats dans un « bourbier » coûteux et meurtrier.

Aussi, en juillet 2011 Washington et l’Otan ont entamé un retrait progressif de leurs unités combattantes censé s’achever fin 2014, date à laquelle les fragiles forces afghanes devront assurer elles-mêmes la sécurité du pays, une gageure selon experts et diplomates.

L’Otan forme à marche forcée des milliers de nouvelles recrues dans l’armée et la police afghanes censées suppléer ses troupes d’ici la fin 2014. Mais ces institutions sont minées par la démotivation, le piston, la corruption, les désertions et les défections, et les complicités internes dans certaines attaques des talibans sont de plus en plus fréquentes.

Des responsables américains ont évoqué la possibilité de conserver des bases militaires permanentes après 2014, dans un pays stratégique qui borde…

Lire la suite sur le site http://www.leparisien.fr en cliquant [ICI]

À lire également