Légion d’honneur

Le premier Consul BONAPARTE crée la Légion d’honneur le 29 floréal an X (19 Mai 1802), pour récompenser les services civils et militaires ; ces derniers récompensant les actions d’éclats. Tous les soldats quels que soient leurs grades, égaux devant la mort, étaient récompensés de la même façon.

En 1852, le Prince-Président, puis NAPOLEON III, viole l’esprit de son créateur, crée la médaille militaire pour écarter de la Légion d’honneur les humbles : les sous officiers et les soldats. Devant leur colère et la levée de boucliers déclenchée, ils réservèrent aussi la médaille militaire aux Maréchaux de France et aux généraux en chef ayant commandé victorieusement devant l’ennemi.

Aujourd’hui, la situation s’est aggravée; au pays des « droits de l’homme », le sang des humbles n’a pas la même valeur que celui des officiers d’origine directe. La gloire des armes, est le plus souvent celle des humbles et des modestes ; à ce titre elle est jalousée, donc détournée. En effet, 7,5 % des croix à titre militaire récompensent des actions d’éclats, appelées aujourd’hui services éminents, le reste est réservé pour 25% aux « chefs » dans l’intérêt général, et environ 66%, 2 croix sur 3 (1 croix nationale sur 2 !) sont destinées à des officiers d’origine directe, dont la plupart n’ont jamais quitté leurs bureaux.

L’hypocrisie, entretenue dans le domaine des récompenses à titre posthume, ne sert que les intérêts d’une caste installée en haut de la hiérarchie. Nous ne faisons aucune confiance à la plupart de nos généraux qui refusent d’abandonner leurs privilèges, et ceux de certains de leurs camarades de promotion. Le Grand Chancelier de l’Ordre, investi par la loi du contrôle en tant que président du Conseil de l’Ordre, auquel un de nos adhérents s’est adressé, se réfugie dans un silence lourd de complicité.

Le pouvoir n’est plus entre les mains de nos élus, mais des hauts fonctionnaires et des fonctionnaires, qui font carrière, mangent sans vergogne le peu d’héritage qui reste, dont la Légion d’honneur, violent les lois et les principes de la République et découragent le dévouement du peuple. A l’occasion du bicentenaire de la création de l’Ordre, nous exigeons que cesse enfin cette indigne discrimination d’Etat.

L’Association de défense des droits des militaires, dont le site est régulièrement visité par les membres des forces armées en activité de service, souhaite connaître les décisions que vous comptez mettre en oeuvre, dès votre accession à la magistrature suprême. Vos réponses comme vos silences seront publiés sur notre site.

Dans l’attente de vous lire, trouvez ici, l’expression de notre haute considération.

Lieutenant-colonel Christian L’HUILLIER Membre de l’ADEFDROMIL

Nous portons à la connaissance de nos adhérents les premières lettres réponses reçues :

– 8 mars 2002

Monsieur Pierre ALLEAUME, Chef de cabinet de Monsieur Christian PONCELET, Président du Sénat :

Mon Colonel,

Vous avez bien voulu adresser à Monsieur Christian PONCELET, Président du Sénat, un article que vous avez consacré à l’administration de la Légion d’honneur à titre militaire.

Le Président du Sénat en a pris connaissance avec le plus grand intérêt. Cependant il ne s’aurait s’immiscer dans le fonctionnement de l’Ordre de la Légion d’Honneur administré par le grand Chancelier sous l’autorité du Chef de l’Etat, grand maître de l’Ordre.

Je vous prie d’agréer, Mon Colonel, l’expression de ma considération distinguée.

– 13 mars 2002

Monsieur Jean-Paul DELEVOYE , Sénateur maire de BAPAUME, Président des maires de France :

Monsieur,

Votre texte m’est bien parvenu et il complète d’autres documents qui m’étaient déjà parvenus sur des problèmes similaires.
Je ne manquerai pas de répercuter ce courrier et vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
Merci de votre courrier.

– 28 mars 2002

Monsieur Jean-Louis DEBRE, Président du Groupe du Rassemblement pour la République à l’Assemblée Nationale.

Mon colonel,

J’ai lu avec un vif intérêt le courrier que vous avez bien voulu m’adresser pour exprimer votre désarroi devant l’évolution des rapports entre l’institution militaire et la Nation.
Certes, le service de l’Etat d’une manière générale s’est détérioré ces dernières années sous les coups du laxisme et d’une incapacité à le faire évoluer des gouvernements socialistes. L’armée, elle, a en plus souffert du désintérêt de ces mêmes gouvernements, désintérêt qui se manifeste à travers une évolution plus que préoccupante des crédits militaires.
Le Président de la République a parfaitement décrit ce dysfonctionnement dans le discours qu’il a prononcé à Amneville, le 25 mars dernier, et dont je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint le texte. Je souhaite vivement qu’il soit en mesure d’y remédier rapidement.
Croyez que j’ai compris votre déception et recevez, Mon Colonel, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

– 8 avril 2002

Monsieur François FILLON, Député de la Sarthe, Président du Conseil Régional des Pays de La Loire.

Cher Monsieur,

J’ai pris personnellement connaissance de votre courrier du 21 mars dernier.
J’ai examiné avec attention vos observations et critiques adressées au détournement de la Légion d’honneur « à titre militaire ».
Je tenais à vous en faire part.
Je vous prie de croire, Cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

– 10 avril 2002

Monsieur Alain MADELIN, candidat à l’élection présidentielle 2002

Mon Colonel,

J’ai lu avec beaucoup d’attention le récent courrier que vous m’avez adressé ainsi que les documents qui l’accompagnaient.
Les règles d’attribution de la Légion d’honneur n’ont jamais été les mêmes en temps de paix et en temps de guerre, où l’Ordre retrouve, pour les militaires, l’esprit qui a présidé lors de sa création.
A toutes les époques, cet état de fait a été dénoncé par les héros décorés sur le champ de bataille, parfois au péril de leur vie, en particulier entre les deux guerres où ces derniers s’étaient regroupés en association.
Votre démarche s’inscrit dans cette lignée, bien que fort heureusement, comme vous le rappelez vous-même, le temps est loin des scandales de la Troisième République !
Comme vous le savez, les règles d’attribution de la Légion d’honneur et leur contrôle appartiennent au Grand Chancelier et au Conseil de l’Ordre.
Le Président de la République, Grand Maître de l’Ordre, se doit de rappeler les principes, de veiller à ce qu’ils soient respectés et de dénoncer les dysfonctionnements et les abus dont il aurait à connaître.
Je puis vous affirmer qu’élu à la magistrature suprême , je ne manquerais pas d’accorder à ce rôle toute l’importance et tout le soin qu’il mérite.
Je vous prie de croire, Mon Colonel, à l’assurance de ma considération distinguée.

A lire également : Lettre du Président de la République au Premier ministre en date du 5 février 1996 relative aux ordres nationaux (http://www.legifrance.gouv.fr/citoyen/jorf_nor.ow?numjo=PREX9601349X)

À lire également