Le dernier poilu français de la Première Guerre mondiale…

Lundi dernier se sont déroulées à l’Hôtel National des Invalides, les obsèques de Monsieur Lazare Ponticelli, (1897-2008) Il était officiellement le dernier poilu français de la Première Guerre mondiale.

Le président de la République, son gouvernement, des hautes personnalités de l’Etat assistant à une messe solennelle dans l’église des Soldats ; un académicien faisant l’éloge du dernier soldat français de 14-18, mort à 110 ans ; les honneurs militaires retransmis en direct par une chaîne nationale de télévision, des dizaines de reporters présents et autant d’articles dans la presse, des centaines de photos… Il est clair que le cérémonial des obsèques avait été sérieusement revu à la hausse, malgré le fait que M. Ponticelli avait de tous temps formulé un voeu de grande humilité en refusant des funérailles nationales motivées uniquement par son statut potentiel de « dernier Poilu ».

Il en résulte une magnifique cérémonie dont l’éclat et les symboles affichés conduisent à quelques observations légitimes.

Tout d’abord, le vieux « Poilu » de 14-18 aurait-il aimé voir ça ? Des obsèques faisant l’objet d’un déploiement de fastes comme la République reconnaissante sait si bien le faire pour se donner bonne conscience, alors que celle-ci lui a refusé – comme à ses camarades de tranchées – la croix de chevalier de la Légion d’Honneur 77 années durant, avant de céder en 1996… On mesure aujourd’hui la distance philosophique parcourue au pas de charge pour tenter d’effacer les millions d’injustices vécues par tant de victimes civiles et militaires.

Mais surtout, Lazare Ponticelli avait clairement exprimé le souhait d’un hommage rendu à l’ensemble de ses frères d’armes. Or, son cercueil a été porté uniquement par des légionnaires alors qu’il était tout à fait possible d’accéder à son voeu en plaçant un militaire de chaque arme, voire de chaque armée pour conduire le dernier « Poilu » vers sa dernière demeure : un fantassin, un artilleur, un sapeur, un marin, un aviateur…

Ainsi, fort de cette jolie démonstration dans laquelle l’hypocrisie demeure un refuge immuable, nous sommes assurés à présent que le dernier Harki, fidèle à la nation, fera lui aussi l’objet de tous les soins : Légion d’Honneur dans 30 ans et funérailles nationales au tout dernier chapitre.

Renaud Marie de Brassac

Lire également :
Méditation pour demain
Notre dernier « Poilu »…

À lire également