Les entretiens de la Grogne : Monsieur Eric CIOTTI répond à nos questions (Par Jacky Mestries)

Monsieur Eric CIOTTI, député de la majorité UMP est élu de la première circonscription des Alpes Maritimes, mais aussi responsable de la sécurité pour ce parti politique. Il vient de publier 50 propositions pour la sécurité, mais hélas postérieurement à notre contact avec lui. Nous ne l’avons donc pas interrogé sur cette actualité récente.

Monsieur CIOTTI a fait l’honneur à La Grogne de répondre à quelques questions fondamentales concernant l’avenir de la Gendarmerie.

La Grogne : Les gendarmes ont-ils failli dans l’exécution de leur mission pour leur retirer de façon systématique les abords des agglomérations ?

M CIOTTI : Votre approche apparaît totalement erronée et volontairement négative. Les changements de zones de compétences ont pour seul objectif de rationaliser l’organisation et l’action des forces de l’ordre.
Effectivement, la police nationale a pris en charge certaines communes situées traditionnellement en zone gendarmerie; il s’agit essentiellement de communes situées autour de grandes villes, et ce dans l’objectif de développer la police d’agglomération qui a démontré de son efficacité en Région Parisienne.
Parallèlement, il est important de noter que la Gendarmerie devrait reprendre, au cours de l’année, 7 circonscriptions de sécurité publique, dont par exemple Libourne (33), Montbrison (42) ou encore Fourmies (59).

La Grogne : Quelle est la suite envisagée de la mise en place de la politique des bassins de délinquance ?

La Grogne : Poursuivrez-vous l’intégration dans l’emploi des escadrons de gendarmerie et des compagnies républiquaines de sécurité ? A-t-on renoncé à une force intermédiaire de maintien de l’ordre entre la police et l’armée ?

La gendarmerie mobile est une force incontournable sur laquelle le Gouvernement compte pour prévenir les troubles à l’ordre public et ainsi renforcer une action préventive, à l’instar des Compagnies Républicaines de Sécurité.
Il est évident que dans le contexte actuel de la RGPP, mais aussi et surtout en raison, des transferts des Centres de rétention administrative à la Police aux frontières qui seront achevés avant la fin de l’année, du renforcement en effectifs des groupements de gendarmerie départementale les plus sollicités et pour lesquels les renforts en gendarmerie mobile étaient quasi permanents, constituent autant de motifs qui ont conduit à réduire les effectifs des équipes de gendarmerie mobile.
Néanmoins, les engagements en termes d’autonomie de fonctionnement des escadrons restants, seront tenus par le Ministère de l’Intérieur.

Je souhaite enfin souligner qu’à la différence des CRS qui constituent une force civile, les Équipes de Gendarmerie Mobile sont amenées à jouer un rôle déterminant dans les opérations extérieures aux côtés des forces armées.
Ainsi les dernières interventions en Afghanistan ou en Côte d’ivoire ont une nouvelle fois démontré du rôle déterminant de leur action et de leur savoir faire.

La Grogne : Le pouvoir a intégré et concentré la mission de renseignement et la Gendarmerie ne plus aujourd’hui qu’un rôle d’appoint à la police nationale. Que pensez-vous de cette situation la la loi de 2009 sur la Gendarmerie interdisait ?

M CIOTTILa volonté de mutualiser et de rationaliser l’exploitation des multiples renseignements fournis par les différentes sources a induit une nouvelle organisation renforçant ainsi l’opérationnalité et l’efficacité de la chaîne des renseignements généraux.

La sous-direction de l’information générale a été crée au sein de la Direction Centrale de la Sécurité Publique, une quarantaine de personnels de la DGGN ont intégré cette instance.
Par ailleurs, au niveau départemental, des militaires de la gendarmerie ont intégré les SDIG.
Ce fonctionnement conforte la vocation des deux institutions à recueillir, exploiter et transmettre les informations. Je tiens d’ailleurs à rappeler que le commandant de Groupement a conservé la possibilité de porter directement à la connaissance de l’autorité préfectorale, tout événement relevant de sa compétence.
Par ailleurs, que la direction, d’au moins deux SDIG, a été confiée à un officier de la Gendarmerie Nationale.
Pour avoir participé activement aux travaux parlementaires lors de l’adoption de la loi du 3 août 2009, je tiens enfin à réaffirmer avec force qu’il n’a jamais été question de marginaliser le rôle de la Gendarmerie dans la fonction renseignement tout au contraire, nous avons toujours recherché, élus de la majorité mais aussi Gouvernement, un équilibre au sein de cette nouvelle organisation.

La Grogne : Responsable de la sécurité à l’UMP, vous ne pouvez ignorer les problèmes de dialogue social à l’intérieur de la Gendarmerie. Nous avons noté l’avancée des instances de concertation l’an dernier.

Cela devant être compatible avec toutes les armées, à l’instar de nombreux pays voisins, pensez-vous qu’il est possible d’imaginer une représentation et un droit d’expression raisonnable et sérieux dans la gendarmerie ? Y êtes-vous favorable ?

M CIOTTI : Vous le soulignez, le dialogue interne a largement été rénové ces dernières années avec notamment la rationalisation du nombre d’acteurs, la mise en place des conseillers concertation auprès des commandants de région, des référents auprès des commandants de groupement et un président et un vice-président du personnel militaire auprès de chaque commandant de compagnie.

Au delà de cet aspect structurel, plusieurs initiatives ont permis de fortifier ce dialogue interne avec notamment des groupes de travail mixte, des forums sur Internet … autant de leviers pour mieux comprendre les attentes des personnels.

Nous vous remercions Monsieur le Député d’avoir bien voulu consacrer un peu de temps à La Grogne et à ses lecteurs. Nous en sommes trés honorés.
Les entretiens de la Grogne se poursuivent.

Source: lagrognegend

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