Musique de la Gendarmerie Mobile : le Général PARAYRE, directeur de la Gendarmerie, met en cause l’ADEFDROMIL

L’événement sort de l’ordinaire et mérite d’être porté à la connaissance de nos lecteurs.

On se souvient de la fronde de ces familles de musiciens de la gendarmerie mobile basés à Issy les Moulineaux (92) qui refusent de déménager à Maisons Alfort (94) dans des logements plus petits, peut-être contaminés par l’amiante et qui demandent à ce que la direction de la gendarmerie justifie de l’intérêt du service qui s’attache à cette mobilité alors que ce même intérêt du service les a fait muter à Issy en 1999.

L’Adefdromil, conformément à son objet social, a accordé volontiers son soutien à ces familles qui sont devenues membres de notre association (1) après avoir choisi elles même un avocat et engagé des procédures conformes à l’état de droit.

Au mois de juillet dernier, le président de l’Adefdromil, Michel Bavoil, ayant pris quelques jours de repos bien mérités, c’est le vice président, Jacques BESSY qui a pris le relais et est intervenu.

Mal lui en a pris.

Le 19 septembre 2007, devant un parterre d’officiers généraux de gendarmerie en deuxième section, le Général cinq étoiles Guy Parayre, surnommé Nounours ou Guitou pour les intimes, directeur général de la gendarmerie s’est lâché contre l’ADEFDROMIL, dont le vice président se trouve être également son camarade de promotion de Saint Cyr.

Il faut croire que l’association est la bête noire du général PARAYRE, car juste après la douloureuse affaire de l’île de St Martin en 2006 , il avait tenu à Fort de France un discours « informel » aux gendarmes et les avait mis en garde contre les thèses du Capitaine BAVOIL et de notre association qu’il avait nommément citée.

Pour n’être pas en reste, il a remis le couvert, mercredi 26 septembre dernier au soir, devant le club ARAMIS qui regroupe d’anciens officiers reconvertis dans la fonction publique ou les entreprises. Il a expliqué que le mouvement de fronde était téléguidé par son camarade de promotion de Saint Cyr, Jacques BESSY, véritable fauteur de troubles et que les musiciens refusaient de déménager en raison des clientèles privées qu’ils se seraient constitués sur Issy les Moulineaux.

Bref, la fronde des gendarmes serait sous-tendue par un intérêt pécuniaire sordide et organisée par un agitateur (professionnel ?) ayant des raisons personnelles (lesquelles ?) d’agir contre le petit général.

A la connaissance de cette mise en cause publique, l’Adefdromil a réagi aussitôt auprès du ministre de la défense, M. Morin, en lui rapportant les faits et en lui précisant qu’une telle accusation, dénuée de fondements en ce qui concerne le vice président de l’Adefdromil, était particulièrement indigne de la part d’un directeur d’administration centrale.

En effet, il est évident que, les prises de position et les actions de notre association ne sont motivées ni par les relations personnelles et privées de ses dirigeants, ni par leur sensibilité personnelle à telle ou telle cause. Et c’est bien la gendarmerie elle-même qui crée ses propres problèmes et non l’ADEFDROMIL.

A ce jour, M. Morin, n’a pas fait connaître sa réponse.

Les explications mesquines et dénuées de fondement données par le général Parayre rejaillissent évidemment sur leur auteur, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est parvenu au poste qu’il occupe avant tout par un surprenant concours de circonstances.

L’Adefdromil regrette infiniment que la mise en cause infondée et indigne de son vice président la conduise à faire une mise au point.

Renaud Marie de BRASSAC.

Rappelons pour l’information de nos lecteurs que le sous-lieutenant Parayre est entré 10e sur 10 de sa promotion de Saint Cyr à l’Ecole des Officiers de Gendarmerie (décret du 23/09/1970 – JO du 29/09/ 70).

Après divers postes en gendarmerie mobile, départementale et à la direction générale, il a intégré le centre d’enseignement militaire supérieur de la gendarmerie à l’Ecole Militaire en 1987 à sa troisième et dernière tentative à l’issue d’un concours qui n’est pas réputé pour sa sélectivité !

Ensuite, c’est lorsque le colonel Parayre était chef du bureau des personnels « officiers » de la gendarmerie que le lieutenant colonel de réserve Christian Prouteau, inénarrable préfet, relaxé en appel dans l’affaire des Irlandais de Vincennes, et qui venait d’être mis en examen fin 1994 pour celle des écoutes illégales de la cellule élyséenne, a été promu colonel de gendarmerie de réserve par un décret du 10 février 1995 (JO du 11/02/95).

A l’époque, les médias s’étaient fortement émus de cette promotion scandaleuse et ridicule sans qu’il ait été possible de déterminer si cet avancement résultait d’une erreur du gestionnaire ou d’une intervention du chef de l’état, protecteur de Prouteau, « prototype de ce que notre armée peut produire » (1). Guy Parayre n’a donc pas eu à se forcer pour inviter Prouteau à discuter entre anciens de Melun de la récente restructuration du GIGN (L’Essor de la gendarmerie Juillet 2007, dans lequel Prouteau déclare : « je lui suis gré » -sic- en parlant de Parayre).

(1) Depuis, l’arrêt de la Cour d’appel de Paris du 13 mars 2007, a condamné Prouteau et ses coauteurs ou complices à payer in solidum plusieurs dizaines de milliers d’euros de dommages intérêts aux victimes et a considéré que les agissements en cause constituaient une faute détachable du service.

Lorsqu’il a commandé la région de gendarmerie de Marseille qui comprenait la Corse de 1998 à 2000, le général Parayre est resté prudemment éloigné de l’île de beauté. Ainsi, il n’aurait pas été tenu informé de ce qui s’y passait, même après être allé y faire des inspections. Lors de l’affaire des paillotes, cette distanciation lui a épargné d’être trop sévèrement montré du doigt, mais lui a valu d’aller prendre l’air en Bretagne jusqu’en 2001.

C’est en mai 2002 que sa carrière prend un essor peu prévisible. On réclame alors un général de gendarmerie au cabinet du ministre de l’intérieur, un certain Nicolas S. Il n’y a pas d’autre officier général disponible et chez les stratèges de la rue Saint Didier (siège de la direction de la gendarmerie), on estime qu’il s’agit d’un poste supplémentaire d’officier de liaison – il y en a plusieurs au ministère de l’intérieur- conduisant son titulaire vers une fin de carrière honorable sans plus. Le job n’est donc pas a priori porteur et il n’intéresse personne d’autre. Erreur fondamentale, car le petit général n’a plus rien à perdre et son dévouement fait merveille Place Beauvau. Et lorsque la direction de la gendarmerie tente de résister aux premières mesures de coordination entre la police et la gendarmerie, on débarque le n°2, un général quatre étoiles – recasé depuis à la tête de la mutuelle des gendarmes- pour le remplacer par le général Parayre. Cette promotion soudaine lui vaut quelques solides inimitiés de ses pairs doublés sauvagement par « leur ami de trente ans ».

Devenu major général, il sait rendre service à son patron, le préfet Mutz, saint-cyrien comme lui. Il lui démine le terrain et lui évite quelques chausse-trappes. Et lorsque se pose la question de trouver un successeur à celui qui va être nommé Préfet de Police de Paris par la volonté de Jacques Chirac contre celle du ministre de l’intérieur, c’est logiquement que le préfet Mutz propose de nommer son adjoint à la tête de la gendarmerie. Pour Nicolas Sarkozy, c’est la garantie d’avoir à la tête de l’institution quelqu’un qui lui doit sa carrière et sur lequel il pourra compter le moment venu. Dans le même temps, il est vrai que les énarques et les hauts magistrats ne se précipitent plus pour revendiquer la place devenue sensible après les manifestations publiques de fin 2001.

Pour arriver à la tête de la Gendarmerie le général Parayre, en homme d’appareil exemplaire, a donc évité de nombreux placages, sachant manoeuvrer habilement dans un mouchoir de poche, autour de la mêlée.

On aurait pu espérer qu’il marquât beaucoup d’essais en tant que directeur.

Cela n’a pas été vraiment le cas.

A SUIVRE.

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