La rupture par l’« exemple »

L’information, on nous la distille tout doucement sous forme de « ballons d’essai ».

Elle nous prépare progressivement à la mise en oeuvre d’un grand chantier, celui d’une réorganisation de fond de notre Outil de Défense dès l’année prochaine.

Il va falloir en effet :

Densifier le dispositif en regroupant « par plateformes » les Formations qui vont subsister, Gagner sur les effectifs, en pratiquant la « civilianisation », la rationalisation, la mutualisation et l’ « externalisation » … l’un après l’autre ou si possible tous ensembles, Pratiquer une chasse implacable aux « doublons » et au superflu, Convenir enfin d’une urgente obligation : celle de l’adéquation « moyens-résultats » en tirer les conséquences pour rechercher ensuite … toutes les pistes d’économie.

Il s’agit d’une cure de « fitness » qui a commencé dés 1983 dans l’Armée de Terre … bientôt 25 ans tout de même !

Pour réaliser ce programme d’une façon concertée et obtenir l’adhésion, le Président a décidé de procéder le plus largement possible à une consultation nationale. Elle se déroule actuellement. Des parlementaires, des « penseurs », des industriels, des universitaires … et même des militaires sont concernés et appelés à s’exprimer. C’est la raison pour laquelle je m’autorise à suggérer quelques pistes et surtout un principe d’action, car je considère qu’il est devenu nécessaire de « donner l’exemple » pour mieux « mobiliser ».

Il n’y a pas si longtemps, un reportage télévisé nous permettait de mieux connaître le Sénat dans son fonctionnement quotidien. La prestigieuse Assemblée dispose, en toute autonomie, de moyens que l’on a peine à imaginer! Elle doit certes faire face à des responsabilités de haut niveau … mais est-il indispensable que son Président, Monsieur PONCELET dispose d’une « maison militaire » : une petite garnison commandée par un Officier général, comme un « fort apache » en plein Paris! ?

A l’Assemblée Nationale, Monsieur DEBRE a considérablement réduit le train de vie de notre représentation nationale en allégeant le dispendieux et lourd dispositif de Versailles … on en a parlé! Mais est-il encore nécessaire qu’au Palais Bourbon le nouveau titulaire du « perchoir » se croie toujours tenu de faire son entrée solennelle entre deux rangées de sabreurs au son des roulements de tambours,comme s’il s’agissait du « retour d’Austerlitz » ?

De même à l’Elysée les invités officiels du Chef de l’Etat ne pourraient-ils pas se contenter d’une simple poignée de main au bas des marches, sans l’arrière plan d’un bataillon de Gardes républicains ? Un décor qui nous apparaît il faut bien le dire aujourd’hui un peu « dépassé »

Et que dire de ce Colonel de Gendarmerie au salut impeccable dont j’ai cru si longtemps qu’il s’agissait d’un « panneau-silhouette », jusqu’à ce que je m’aperçoive dernièrement … qu’il bougeait ! Quel est exactement son rôle ?

… Tout comme ce garde en « grande tenue » qui salue les personnalités en visite chez le Premier Ministre et dont la mission semble être de dissimuler une disgracieuse gouttière à gauche de la petite porte de service ?

Des « pistes d’économie » … ? Regrouper les deux Régiments d’Infanterie « de la garde » en une seule Formation ferait déjà gagner en cadres et en environnement : des effectifs et du patrimoine préservé ! De même l’ « externalisation » de la Musique qui pourrait fort utilement être recrutée dans le civil et convoquée tour à tour au profit de la Garde Républicaine ou de la Gendarmerie mobile pour des prestations qui sont de toute manière planifiées. Cette décision mettrait fin de surcroît à une douloureuse polémique immobilière entre Issy les Moulineaux et Maisons Alfort. Il faut savoir vivre avec son temps !

Vous voyez qu’en cherchant bien …

Les effectifs ainsi récupérés pourraient être avantageusement répartis pour la surveillance du Métro, de la Gare du Nord ou dans le XVIIIème arrondissement qui semble connaître actuellement d’urgents problèmes de délinquance. Déjà on a sagement pris la décision d’alléger la garde du Château de Bity en Corrèze qui n’est plus sécurisé que par une vingtaine de gendarmes mobiles … il faut « rationaliser » !

Ainsi, quelques mesures énergiques prises au sommet de l’Etat permettraient « d’optimiser l’environnement » et « inscriraient » cette nouvelle réforme (la sixième depuis vingt ans si mes calculs sont justes…) dans le cadre d’un projet véritablement fédérateur. L’exemple, lorsqu’il est donné au niveau décisionnel génère impulsion et dynamisme … De telles initiatives ne constitueraient-elles pas une magnifique « promotion » pour ce troisième « livre blanc » qui va paraître au printemps 2008 ?

Montrez la voie … ils vous suivront !

Mustapha Bidochon

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