GENDARMERIE OUTRE MER : améliorations à apporter

EFFECTIFS, SOLDES, MATERIELS, RELATIONS AVEC LES LOCAUX, RACISME ENVERS LES GENDARMES…

Vaste programme que faire un article sur les améliorations à apporter à la Gendarmerie outre-mer qui, au demeurant, ne parait pas différente de celle de métropole ou plus exactement ne devrait pas l’être ! Cela se passe-t-il de la même façon dans tous les DOM-TOM ? Je ne le sais pas. Je me bornerai donc à parler d’un département situé dans les Antilles que je pense bien connaitre pour y avoir fait plusieurs séjours.

Un sous effectif chronique .

Le problème est général dans les armées, mais il se fait cruellement ressentir dans la Gendarmerie.

Il y a un manque cruel d’effectif pour faire face aux sollicitations de la population mais aussi du commandement. Les gendarmes des différentes brigades territoriales n’ont pas le temps de faire de l’initiative (défaut permis de construire, abandon d’épaves, etc.) car ils subissent le flot journalier de plaintes et autres demandes. Il y a bien sur des exceptions mais elles sont rares. Les brigades où il n’y a rien à faire n’existent plus aux Antilles depuis fort longtemps.

Des unités de recherches sous-employées

Un constat toutefois : le sous emploi des unités de recherches. La priorité étant la police de la route, les gendarmes de brigade n’ont plus suffisamment de créneaux horaires pour travailler sur les dossiers judiciaires. Ceci renforce au sein de la population un sentiment d’insécurité.

Un recrutement de mauvaise qualité.

Il y a de plus en plus de cas sociaux parmi les personnels mutés aux Antilles et le nombre de rapatriements sanitaires en cours de séjour est impressionnant. Une nouvelle politique d’appels à volontaire s’impose car la procédure de sélection n’est pas satisfaisante.

Le niveau de recrutement des gendarmes adjoints n’est pas non plus satisfaisant. Bien que la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale prétende qu’il n’a jamais été aussi élevé, force est de constater que 50% des gendarmes adjoints recrutés manquent de formation, de volonté et d’esprit d’initiative. Ils rechignent à exécuter les tâches parfois ingrates mais nécessaires à la bonne marche des unités. Par contre, pour ceux qui donnent entière satisfaction et qui sont volontaires, il me paraît important de tout mettre en oeuvre pour les inciter à poursuivre une carrière dans la Gendarmerie.

Quelques solutions pour pallier le sous-effectif

Réaliser un audit complet et sérieux sur les missions et les besoins des unités de gendarmerie outre-mer. Cet audit devrait entraîner une augmentation des effectifs d’environ 25% et l’affectation de spécialistes du CSTAGN dans les unités élémentaires pour assister les commandants de brigade dans la gestion des unités (service, carburant, auto, matériel, etc.) Il pourrait être envisagé également une utilisation généralisée des réservistes de la gendarmerie présents outre-mer ainsi que le détachement de gendarmes mobiles volontaires pour un changement de subdivision d’arme, afin de renforcer les brigades avec l’assurance d’effectuer le même travail que les gendarmes.

La solde :

Les militaires de la Gendarmerie perçoivent une solde majorée de 25% par rapport à celle perçue par leurs collègues en service en métropole. Cette majoration de solde est sensée compenser la différence de coût de la vie entre la métropole et les Antilles. Dans les faits, cette majoration est loin d’atteindre son but car les prix outre mer sont particulièrement élevés pour tous les produits importés localement. C’est pourquoi d’ailleurs, dès 1953 les fonctionnaires civils en service dans les départements outre-mer ont obtenu un complément de 15% à cette majoration la portant ainsi à 40%. Cette mesure de portée générale n’a pas été répercutée aux fonctionnaires militaires. Lors d’une visite officielle en 2007, le Général Commandant la Gendarmerie outre-mer a parlé d’une revalorisation de cette majoration jusqu’à atteindre 30 % en trois ans. Il n’a malheureusement pas précisé à partir de quelle date cet échelonnement serait mis en oeuvre. Quoiqu’il en soit, le coût de la vie dans les départements d’outre-mer s’impose de façon identique aux fonctionnaires qu’ils soient civils ou militaires. C’est pourquoi le seuil de 30% préconisé est encore discriminatoire.

Les matériels :

Les matériels sont corrects et leur mise en place se fait à quelques mois près en même temps qu’en Métropole notamment en matière informatique. Nous venons par exemple d’être équipés de pistolets TAZER et SIG SAUER. En matière de véhicules, un gros effort a été fait en 2006 puisqu’environ 25% du parc automobile a été remis à neuf. Cet effort est conséquent et mérite d’être souligné. Un bémol toutefois, en ce qui concerne les réparations. Lorsqu’elles sont possibles, elles demandent un délai anormalement long, surtout en fin d’année lorsque les crédits sont épuisés. Ceci est également dû aux livraisons tardives des pièces détachées suite à l’insularité.

Les gendarmes outre-mer vivent dans des logements attribués par nécessité absolue de service. Ils sont très correctement logés et meublés. L’état du mobilier est dans l’ensemble très satisfaisant.

Les relations avec la population domienne

En règle générale, les relations avec la population locale sont bonnes voire très bonnes. Tout est une question d’individu.

Les Antillais sont très accueillants par principe. Comme partout, il y a des irascibles et des imbéciles (des deux cotés d’ailleurs !) qui puisent dans le terreau du racisme dès qu’ils sont confrontés au moindre problème. Il est vrai que les insultes ou injures jaillissent plus vite ici qu’en métropole mais en général le gendarme n’y attache que peu d’importance surtout qu’elles sont quasiment toujours le fait de « clients » habituels de la gendarmerie.

En cas de dérapage verbal notoire et ou de violences de la part de l’auteur, celui-ci est interpellé et placé en garde à vue. De manière générale, la justice condamne sévèrement les auteurs de ces injures et violences envers les forces de l’ordre.

En résumé

Le gros problème des Antilles réside dans le sous- effectifs qu’il faut absolument juguler en affectant certaines taches à des gendarmes du CSTAGN ou des réservistes. Il faut aussi revoir la politique de recrutement en pratiquant une meilleure information auprès des candidats outre-mer. Il faut rendre le séjour aux Antilles plus attractif afin de susciter un plus grand nombre de candidatures. Cela permettra une sélection beaucoup plus qualitative des candidats. La possibilité offerte d’un deuxième séjour consécutif dans un autre DOM-TOM, réservée à tous les sous-officiers effectuant un séjour aux Antilles exclusivement, est ressentie comme une bonne mesure. Il faut poursuivre dans cette voie et surtout accorder la parité de l’indexation à ‘0 % de la solde aux Antilles. Cela pourrait commencer comme le suggère le général CGOM, par une indexation étalée à 30% sur trois ans…

ELIOT NESS

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