Revendications de sous-officiers de l’Armée de terre

L’Association de défense des droits des militaires a reçu ce jour une lettre rédigée par des sous-officiers de l’armée de terre. Cette lettre aurait été adressée à Monsieur Jean-François BUREAU porte parole de Madame le ministre de la Défense ainsi qu’au Chef d’état-major des armées, au chef d’état-major de l’armée de terre, au Président du CFMT et au Président du CSFM. Une série de revendications est énumérée dans cette lettre. Afin de mieux comprendre ce qui se passe actuellement au sein des armées et d’informer ses lecteurs, l’Adefdromil met en ligne ce document. Il n’engage pas l’Adefdromil, mais il est révélateur du malaise que nous avons signalé chez les non officiers.

Madame le ministre de la défense,

La majorité des sous-officiers de l’armée de terre ne se reconnaît pas dans le résultat du rapport du haut comité d’évaluation de la condition militaire.

L’étude de cette évaluation porte sur plusieurs années et inclus, pour la catégorie des sous-officiers, les majors, alors que ceux-ci viennent à peine d’être intégrés au statut des sous-officiers (certainement un hasard !) faisant passer l’indice sommital réel de 474 (15% des ADC) à 530 (11% des majors), soit une augmentation de 56 points.

Malgré cet artifice, nous constatons (annexe 12, tableau 2 situation au 31/12/04) un déficit de 76 points pour les S/off supérieurs par rapport aux professions intermédiaires police et prison, (administrations certainement plus proches de nos sujétions que les autres) si nous ajoutons les 56 points, à cette date, nous accusions un retard de 132 points d’indice.

Si les jeunes sous-officiers peuvent espérer voir leur rémunération revalorisée suite aux recommandations du haut comité, il n’en est pas de même pour les sous-officiers supérieurs totalement oubliés dans le paragraphe traitant des salaires.

En effet, comment le comité peut-il préconiser ménager un espace de progression indiciaire pour les officiers non promus au grade supérieur, (la solde d’un Lt-col. progresse de 247 points en 16 ans de grade), et ne pas s’indigner de voir celle d’un ADC augmenter de 34 points en 18 ans !!

Et ce fameux « pagre » dont on nous loue les bienfaits, qu’a t il apporté à un ADC ? Rien si celui-ci était échelon exceptionnel, il rapportera (à quelle date ?) 6 points à celui qui ne l’est pas, après 29 ans de service.

Aujourd’hui, un ADC entrant dans les 15% d’anciens qui devrait bénéficier de l’échelon exceptionnel avant sa « voie d’extinction » est toujours à l’indice 469 !

Le manque de considération de la hiérarchie vis à vis des sous-officiers s’ajoute au manque de considération de nos politiques vis à vis des armées, il suffit, pour s’en convaincre d’étudier le tableau comparatif des rémunérations des armées occidentales; Seuls nos camarades Espagnols sont plus mal lotis que les militaires français.

En 2001, suite aux revendications des gendarmes, nous avons été chaleureusement félicités de ne pas les avoir suivi. Résultat, on nous a fait l’aumône d’une poignée de cacahuètes, alors qu’ils bénéficiaient d’avancées substantielles sur leur rémunération (entre autre une prime de 24% comptant dans le calcul de la retraite). (1)

Aujourd’hui nous en avons assez de rester à la traîne en attendant que les gendarmes ou les fonctionnaires descendent dans la rue pour récolter quelques miettes au passage. Nous sommes des militaires responsables, la hiérarchie dit de nous que nous sommes la cheville ouvrière de l’armée. Nous demandons à cette même hiérarchie tant militaire que politique qu’elle prouve la considération qu’elle porte aux sous-officiers en commençant par les rémunérer à leur juste valeur.

Au regard de ces constatations, Madame le ministre, les sous-officiers demandent :

Une revalorisation de la totalité de la grille indiciaire des sous-officiers de 130 points d’indice, L’intégration de la prime de qualification supérieure dans le calcul de la retraite, Le déplafonnement de la PQS (plafonnée à l’indice 422) à l’instar de la prime de qualification des officiers diplômés, Les différentes indemnités calculées forfaitairement en fonction de la contrainte et non de la solde de base (indemnités d’éloignement, frais de déplacement etc.), Les indemnités au même taux pour les célibataires et les mariés (I.C.M., I.A.T., I.S.C….) Le maintien de la majoration de l’indemnité pour charges militaires pour les accédants à la propriété ou l’instauration d’une autre indemnité. L’accès à l’article 5 pour les sous-officiers supérieurs après 25 ans de service (cf. corps des officiers), L’attribution des aides dispensées par l’action sociale des armées calculées sur les revenus réels et non sur le quotient familial. La rémunération des 7 jours de taopm, La revalorisation des primes d’engagement, La durée de la reconnaissance de garnison adaptée à l’éloignement géographique des deux garnisons. Allongement de la durée d’affectation (10 ans).

Madame le ministre, cette lettre devrait vous parvenir de toutes les régions du pays, pour vous démontrer qu’une cohésion certaine est en train de s’organiser. Il est évident que si nos chefs se préoccupaient plus de la condition de leurs subordonnés, nous ne serions pas obligés d’en arriver là. Ces revendications ne sont que la répétition de demandes effectuées par le biais du rapport sur le moral depuis de longues années et systématiquement ignorées.

Copies :

CFMT, CSFM, CEMA, CEMAT,

Des sous-officiers de l’armée de terre

(1) Renvoi de l’ADEFDROMIL : En 2001, l’ISSP de 24% a été revalorisée et non créée.

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