Malaise ?

Ces temps derniers, la lecture attentive du site de l’Adefdromil et de son Forum a considérablement enrichi ma culture militaire.

J’ai quitté le service actif depuis quelques années mais comme beaucoup d’autres j’ai le souci de « me tenir au courant » … et je profite donc de toutes les occasions pour « me cultiver ».

Jacques BESSY, vice Président de l’Adefdromil, à travers une perspective historique en deux parties nous a proposé une synthèse de l’histoire de la Gendarmerie, ses missions, son évolution, depuis sa création jusqu’à ses deux dernières crises existentielles. Ce remarquable texte, clair, documenté et démonstratif, j’ai eu l’occasion de le reprendre moi-même dans ce forum après en avoir résumé ce qui constituait à mes yeux l’essentiel.

Plus récemment encore, le Contrôleur Général des Armées DUVAL nous a fait bénéficier d’une étude destinée à la revue de la Défense Nationale. Dans cet article « jadis et aujourd’hui », il nous décrit l’évolution de la situation de l’Armée de Terre entre 1944 et le 6 Février 2007, date de la remise au Chef des Armées du premier rapport du « tout jeune » HCECM. Un tableau éclairant grâce auquel « l’officier de base » que je fus, comprend mieux (a posteriori …) l’émergence de certains évènements, et de quelle manière, de réformes en évolutions, on en est arrivé à la situation actuelle.

A l’occasion de « l’appel d’air » que constitue la campagne présidentielle, dans son article « la guerre des boutons n’aura pas lieu », le Major ELSAESSER , remettant vertement les Officiers « à leur place » est venu clamer son indignation (au demeurant totalement justifiée… ) devant l’inéquitable répartition de la Grille indiciaire. Ce faisant, il traduit la pensée de la majorité de ses collègues. Mais les propos sont durs, les arguments agressifs… on se serait volontiers dispensé de cette nouvelle polémique !

Ces derniers jours enfin, le capitaine de Gendarmerie Jean Hugues MATELLY en parlant de « l’erreur stratégique des militaires » voulait une fois de plus débattre de l’injuste discrimination qui est faite dans ce Pays entre la condition des Gendarmes et celle des Policiers… Je passe sur les détails techniques de « l’indice majoré » du « décrochage de la Fonction publique » et les mérites comparés de l’adjudant de Gendarmerie et de son équivalent inspecteur de Police sans compter bien sur… la difficulté de « vivre en casernes » pour les familles de Gendarmes.

Mais au risque de « casser l’ambiance », je voudrais exprimer ici mon étonnement et mon inquiétude :

Mon étonnement… de constater une fois de plus dans ces périodes difficiles pour tout le monde, que c’est encore la « condition du Gendarme » qui est mise en avant pour souligner les sujétions de « l’état militaire » .Depuis Charles HERNU en 1981, ils n’ont pourtant pas eu à se plaindre de la République… L’obligation qui leur est faite de vivre en caserne est certes source de difficultés, mais les mutations fréquentes, le célibat géographique, la recherche d’un logement, le paiement d’une caution … et d’un loyer le sont également. Les Militaires des trois Armées ne diront pas le contraire… pas plus que Monsieur BESSY d’ailleurs lorsqu’il évoque : « le beurre et l’argent du beurre… » ( et si possible , garder la vache !). Décidément, comme le dit le vice Président pour conclure : « la situation ne peut être réglée que par un statut civil…la République doit en tirer les conséquences ».

Mon inquiétude… devant le ton des arguments employés pour traduire ces tensions qui apparaissent progressivement et de façon régulière au sein de l’Armée de Terre entre les Officiers et les Sous Officiers… Situation nouvelle et affligeante qui risque à terme d’être lourde de conséquences. Devrait-on bientôt évoquer avec nostalgie ou considérer comme révolue, l’époque où (tout particulièrement dans les Armes de mêlée), « l’ambiance » entre cadres de contact était au beau fixe sur le terrain aussi bien que dans les popotes. Je garde pour ma part des souvenirs très forts de cette solidarité conviviale qui naissait si souvent au sein des unités élémentaires et s’épanouissait parfois plus tard, sans pour autant nuire à la discipline. Les conditions matérielles étaient pourtant plus dures… il n’était pas rare que l’on partage « le rab » des rations collectives entre certains ménages « dans la gêne » (tous grades confondus…) Ces liens d’amitiés véritables ont bien souvent des prolongements au-delà des « départs en retraite ». Le Président de l’Adefdromil qui, je crois le savoir, a commencé sa carrière dans un Régiment TAP, ne me contredira pas… Il serait dommage qu’ils disparaissent.

Porter atteinte à la cohésion en laissant s’altérer par négligence ou par maladresse les relations Officiers – Sous Officiers serait la dernière erreur à commettre. Oublier que l’on peut faire les choses sérieusement sans pour autant trop « se prendre au sérieux » le serait presque autant. (Et là, il y aurait tant de choses à dire …).

… Il faut sauver le Soldat riant !!

Mustapha BIDOCHON

Lire aussi :

Le profond mécontentement des gendarmes Jadis et Aujourd’hui – Automne 1944 – 6 février 2007 (1e partie) Jadis et Aujourd’hui – Automne 1944 – 6 février 2007 (2e partie) L’erreur stratégique des militaires La guerre des boutons n’aura pas lieu

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