Les entretiens de la Grogne : Rapprochons nous d’une réflexion moins officielle….. (Par Jacky Mestries)

Christian Heitzman ( HTZ ), vieux soldat de la liberté d’expression  des militaires, bien connu de tous ceux qui s’intéressent de prés à  la réflexion sur la progression des instances de concertation nous fait l’honneur de répondre à “La Grogne” .

La Grogne : Pourriez-vous situer votre action dans le temps au service de la réflexion sur l’avenir de la Gendarmerie ?

Christian HEITZMANN ( HTZ ) : Présent depuis de nombreuses années sur tous les forums traitant de la Gendarmerie, je me suis naturellement intéressé à la représentation des Gendarmes au sein de l’Institution. Notamment par mon implication dans le forum G&C (Gendarmes et Citoyens) dès sa création le 1er avril 2007, ma manière de voir la problématique a évolué.

Et ma réflexion se base principalement sur le fait qu’il ne faut pas mélanger les questions purement militaires, c’est à dire ce qui touche à l’opérationnel, et les questions purement « logistiques », se rapportant principalement à la vie et aux aspirations des personnels dans leur quotidien de  citoyens.

La grogne : De nouvelles instances de concertation sont nées l’an dernier, quel regard portez-vous sur ce que nous pensons être un progrès ?

H.T.Z. : Si la nouvelle mouture de la concertation est une indéniable avancée avec notamment l’élection des membres du CSFM parmi les membres du CFMG et l’avènement des PPM, à mon sens, cela ne va pas assez loin encore.

L’écueil principal réside dans le fait que les représentants sont toujours rattachés directement à la hiérarchie et que de plus, leurs avis est toujours seulement consultatif.

J’en veux pour preuve l’établissement de la dernière grille indiciaire dite « Catégorie B » qui a été construite sans la collaboration des membres du CFMG en premier lieu ni de représentants  des PPM.

Ce n’est qu’une fois terminée que l’avis a été demandé, mais la hiérarchie ne s’est pas privée de laisser le CFMG faire la promotion de cette grille une fois signée !!

Une autre avancée essentielle a vu le jour : la création des référents groupements et régions. Néanmoins, à la lumière des premières expériences, il apparaît clairement que tout est une question d’hommes. En effet, dans certaines régions cela se passe bien entre le Cdt de Région et son conseiller, dans d’autres, il n’y a pas eu pratiquement de contact direct ! Il en est de même au niveau des Groupements.

Certains « chefs » ont compris la problématique de la concertation mais d’autres veulent désespérément s’accrocher à leurs prérogatives et ne souhaitent pas que leurs plates-bandes soient piétinées !

La grogne : Peut-on imaginer un système original, comme le suggère Monsieur URVOAS, comment le verriez-vous, à quelles conditions nécessaires devra-t-il satisfaire ?

H.T.Z. : Pour ma part, je vois un système plus indépendant. Il me paraît essentiel que les représentants n’aient pas de subordination directe avec leur hiérarchie opérationnelle.

En fait, je conçois parfaitement une VH mais entre les représentants eux mêmes. Les PPM faisant remonter les questions et problèmes via les Référents, Les Conseillers et enfin éventuellement le Secrétariat du CFMG. Chaque échelon ayant la possibilité de régler les situations à leur niveau sans être obligé de systématiquement saisir l’instance dite « supérieure ».

Pour cela, il faut :

  • l’élection des représentants à tous les niveaux, jusqu’au CSFM
  • un véritable statut des représentants
  • une véritable protection juridique, les protégeant des « retours de manivelle » si j’ose m’exprimer ainsi

mais aussi :

  • un rôle qui soit vraiment participatif et non plus seulement consultatif
  • qu’ils puissent intervenir dans l’élaboration des textes (même s’il existe des Groupes de travail, ce qui est bien, mais il ne maîtrise pas le « produit final »)

le corollaire de tout cela étant que les représentants soient systématiquement associés à tous les stades de l’élaboration des textes.

Mais, et là c’est le retraité de l’Institution qui parle, je pense que les associations de retraités ont toute leur place au sein du CFMG, comme elles l’ont au sein du CSFM.

Je ne prône donc pas le syndicalisme, j’y suis opposé personnellement au sein des Armées, mais il est temps je pense que la hiérarchie comprennent que les personnels doivent pouvoir agir directement sur leurs conditions de travail et de vie, notamment en Gendarmerie où la vie se passe en caserne donc toutes les décisions prises impactent directement la vie de famille.

Je ne prône pas non plus la création d’associations professionnelles afin d’éviter l’inévitable surenchère entre les diverses entités qui pourraient se créer.  Je suis pour l’unité, afin que tous les statuts puissent se retrouver dans les mêmes instances de concertation et participation, du GAV au Général, en passant par les CSTAGN et pourquoi pas les civils travaillant avec nous.

La grogne : Merci beaucoup, Monsieur HEITZMANN, d’avoir bien voulu nous apporter un regard différent sur les évolutions possibles des instances de concertation dans la Gendarmerie et les armées. Il y a fort à parier que votre réflexion constituera un élément de poids pour l’avenir.

Les entretiens de la Grogne se poursuivent pour permettre à tout le monde de donner librement son avis.


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