GRILLES INDICIAIRES …. PAS SI SIMPLE (Par Jacky Mestries)

Je ne sais pas ce qui me met le plus hors de moi quand je lis dans l’Essor que la disparité dans les grilles de salaire des gendarmes et des policiers s’accentue.  I C I

  • le fait en lui-même ?
  • le déficit de compréhension de la logique mise en place ?
  • L’absence de concertation, d’explications au moins ?

Le CFMG a failli, encore une fois, c’est l’évidence si l’on en croit les conclusions du journaliste de l’Essor.

Je peux bien vous le dire, quand je pense au CFMG, je me remémore une anecdote que nous racontait avec délice un professeur d’histoire, pensant probablement à quelques collègues. Il nous racontait que pendant la révolution, dans les années 1792-93, un rhinocéros du nom de Praslin, je crois bien, ou quelque chose d’approchant, était mort à Versailles et qu’il avait été transporté pour être autopsié au jardin des plantes. Le transport fut long si bien que l’animal gonflât notablement. Le chef pris des mesures de l’animal ainsi déformé, mais personne n’osa le reprendre par peur de remontrances, n’osa déplaire et lui indiquer que l’animal n’était pas aussi gros vivant. Les mesures prises par le chef sont restées.

Il en est ainsi avec les systèmes nationaux de représentation dans l’armée, et l’on a vu ce même CFMG se voir présenter comme définitif des discussions qui avaient eut lieu avec les syndicats de police sans sourciller le moindrement du monde.

Ces mêmes grilles ont été présentées par les représentant locaux sans commentaire éclairé. Normal, ils n’ont pas les données en main et on se garde bien de les leur donner.

Les gendarmes avaient quelques branches auxquelles s’accrocher, mais les mois passant, nous constatons qu’elle se sont toutes brisées, que les gendarmes ont consenti à ne s’en remettre qu’au ciel.

Un vrai travail d’orfèvre conduit par le ministère de l’intérieur pour taire toute velléité. Une besogne soigneuse, systématique, conduite sur tous les foyers possibles de prise de parole. La technique est simple – promesses – sanctions – implication personnelle des plus pertinents dans les processus officiels pour qu’ils en fassent le leur. Au passage, sous n’importe quel prétexte, obtenir l’auto censure,  faire couper le plus possible la parole à toute tête qui dépasse.  Ça marche ….  Bien joué mon colonel…..

Bref obtenir vis à vis de l’extérieur le même comportement  que les gens subissent en interne et bien sur au nom de la liberté d’expression. Y croient-ils ? Ont-ils jamais eu la moindre notion de ce que cela implique ? Que de renoncements !

Il ne reste aujourd’hui dans le paysage que l’U.N.P.R.G. et son organe de communication l’Essor et l’Association de Défense des Droits des militaires pour éclairer d’une lumière pas encore assez vive les gendarmes sur le réel traitement qu’ils subissent. Tout le reste a disparu contraint à un silence forcé pour certains, ou a perdu toute crédibilité.

L’article de Laurent Mucchielli sur son site du blog dresse un constat pas le moins du monde plus optimiste que le notre.

Cependant tout n’est pas si simple.

Comment en arrive-t-on à une disparité aussi évidente entre les grilles indiciaires du corps d’application de la Police et les sous-officiers de Gendarmerie ?

En fait dès le départ, la question fausse le problème, car nous en sommes toujours, sous la pression des syndicats de police,  à la recherche d’une équité qui ne saurait exister. La faute des gendarmes est d’accepter une comparaison qui ne peut être.

Mauvaise question – mauvaise réponse

Il ne peut y avoir comparaison que dans le cadre d’un statut semblable et nous en sommes loin.

Si les Gendarmes avaient les moyens de défendre leur profession comme toute corporation, nous ne serions pas lancés dans cette course absurde.

Dans ces périodes où notre pays s’engage dans des conflits, la particularité du policier militaire apparaît plus que jamais. Je ne pense pas avoir rêvé en voyant des Gendarmes Français assurer la sécurité de l’ambassade de France à Abidjan sous les tirs d’armes automatiques de partisans, ou patrouiller dans les rues de cette ville pour assurer la sécurité de nos ressortissants à bord de blindés. Ce ne sont pas des CRS qui en situation de guerre se trouvent en Afghanistan.

A statut égal, nous aurions pu voir des policiers français assurer cette mission, ce qui leur donnerait le droit d’exiger la parité. Qu’en est-il ?

Il est évident que dés que l’on rentre dans les particularités du métier de Gendarme, gouvernement et opposition oublient que l’on peut l’envoyer, de façon tout à fait légitime, à la mort, exiger de lui le sacrifice suprême.  Le gendarme n’est pas un fonctionnaire.
Oui le Gendarme est militaire, plus pour longtemps si l’on comprend la logique dans laquelle est engagée l’institution, mais il l’est encore.

Même si la police se ridiculise en se fabriquant une garde prétorienne de dessin animé au ministère de l’intérieur, elle n’est pas une institution militaire, ses personnels n’en accepteront jamais les contraintes et ce n’est pas la pression continue exercée sur tout ce qui a ou aura un peu d’autorité qui y changera quelque chose.

Mais ces grilles indiciaires, me direz-vous, qu’est-ce qui ne va pas ?

Ce qui n’est pas expliqué, en vérité, c’est qu’aujourd’hui deux logiques s’affrontent et trouvent logiquement leurs conséquences dans ces grilles de salaire.

La première,  policière, est de rester sur des corps fermés, hermétiques, voire hostiles à l’accession d’un corps dans l’autre.

La seconde, héritée de la tradition militaire républicaine, est d’encourager l’ascension sociale des meilleurs de ses éléments, enfin presque, tant que sera admise cette notion contradictoire de gens au « fort potentiel ».

Ceci permet de comprendre les différences entre les fins de carrière des corps d’application et des sous-officiers. Les uns restent dans leur corps d’origine tandis que les autres doivent trouver une fin de carrière normale dans le corps supérieur, et jusqu’au grade de chef d’escadron, grade où pourra, par ailleurs,  plafonner des personnels d’autres origines semble-t-il.

Mais nous avons si peu d’information sur les logiques en place que nous en sommes réduits à une stricte lecture des grilles.

Le corps des sous-officiers reste déficitaire dans le cadencement de la progression indiciaire si on le compare au policiers.

Adoptons la même attitude que les policiers et exigeons que soient communiqués publiquement, sur une année les temps de travail quotidiens des gendarmes de terrain et de leur homologues policiers. Sans cela, pas de comparaison possible.

Nous verrons rapidement que le logement de fonction, cette résidence assignée, est payée au prix fort par les gendarmes, et qu’ils subissent encore un fort déficit au prix de revient de l’heure du policier.

Nous avons pris l’habitude et les représentants acceptent toujours que les personnels employés dans des missions administratives intègrent les statistiques. Écartons les pour connaître véritablement les régimes d’emploi.

Exigeons le même traitement dans l’emploi, les missions, les conditions de travail.

Enfin, nous pourrons savoir de quoi l’on parle.

Ne laissons pas ceux qui n’ont aucun intérêts à ce que les vraies comparaisons soient faites diriger le débat et y intégrer que ce qu’ils ont envie d’y voir.

Le flou entretenu, cette absence de communication, d’explications, persistera tant que le système de concertation sera ce qu’il est. Dommage d’en arriver toujours aux mêmes conclusions.

En attendant le pandore de base, celui du bord de la route, celui des tournées de nuit, des longues surveillances générales ne peut pas comprendre d’avoir été traité avec ce qui devient doucement, jours après jours, une véritable discrimination.

Je mets en garde nos dirigeants contre ce sentiment de discrimination réel ou ressenti seulement. Il peut générer tous les excès.

Source: site/lagrognegend

Cet article a 3 commentaires

  1. Méchain

    Pour avoir vécu en direct et au coeur les événements de 1994 qui ont conduit dans l’indifférence générale et/ ou avec la complicité coupable de la haute hiérarchie et du ministère de la défense à la loi de 1995 vous ne faites qu’observer là les conséquences de la dialectique du CGA SANDRAS. J’écris un livre qui abordera ce sujet dans le détail et preuves à l’appui de l’immobilisme coupable de la DGGN alors qu’elle était prévenue. Cela devrait j’espère réveiller les consciences.

  2. JMestries

    Bonjour,
    Nous attendons ce livre avec impatience.
    D’autres attribuent l’immobilisme de la DG à d’autres causes :
    – sclérose
    – manque de prospective
    – soucis de l’avenir personnel dans le système imposé.

    JMestries

  3. Méchain

    Sclérose : c’est un euphémisme
    Manque de prospective : dans le cas présent il a été exposé par le menu toutes les conséquences qui se sont révélées totalement vraies. J’ai la copie de toutes les notes et documents d’alerte avec les dates d’envoi…
    Souci de l’avenir personnel dans le système imposé : le courage exige effectivement parfois de s’opposer au système. dans le cas considéré la lâcheté de la hiérarchie n’a pas de nom. La liste est longue. l’expérience montre que tout ceux qui avaient des responsabilités et se sont couchés ont brillamment réussi : général JACQUET, général FOLLMI, général MARCILLE, général RIVIERE, Colonel PARAYRE, Colonel DESJARDIN, Colonel FOURNAISE, Colonel PUYOU… entre autres…

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