Poursuite du crime d’état, ça suffit !

Dernièrement, toute honte bue et une fois de plus, nos politiques et nos chefs poursuivent l’épuration des récompenses (lire l’article déjà paru en décembre sur le site). Ils sont donc coupables et complices de discrimination.

L’ADEFDROMIL s’incline devant la mémoire des membres de l’équipage de PUMA du 5°RHC dernièrement crashé et celle de l’adjudant chef du génie tombé en mission, partage la douleur des familles, mais ne peut s’empêcher de soulever ce scandale et de s’élever avec force contre cette désignation de la valeur du sang des enfants de France en fonction de l’origine et du grade. Cela ne doit plus durer, non pas pour une question de morale mais très simplement pour un PRINCIPE de DROIT.

L’article 6 du préambule de la Constitution précise : » Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités places et emplois publics, selon leur capacité; et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. » Dont acte !

En effet, l’équipage du PUMA crashé a été récompensé à titre posthume différemment en fonction du grade: l’officier recevant la Légion d’honneur et ses camarades non officiers la Médaille militaire, le Journal officiel en apporte la preuve. De plus, à quelques heures près un adjudant chef du génie tué en opération était lui, fait chevalier de la Légion d’honneur; aucune surprise, il était déjà titulaire de la Médaille militaire et les joyeux chanceliers du ministère ne pouvaient faire autrement et mieux.

Au delà des clercs et autres saute-ruisseaux (*) du bureau décoration du cabinet du ministre – dont certains se servent au passage rassurez vous,
N’a-t-on pas vu en effet un colonel de ce dit bureau partir en retraite avec la rosette de la rouge et la cravate de la bleue ?… Il n’était pourtant titulaire d’aucun titre de guerre ! Il faut bien reconnaître la responsabilité du politique, à commencer par le premier d’entre eux, le Chef de l’Etat – Grand Maître de l’Ordre qui a pourtant précisé dans une lettre sa volonté d’équité (lire le JO n°34 du 09/02/96 page 2111), non exécutée bien sûr, vrai désordre public ! et qui en même temps, nommait en 1996 comme grand chancelier le premier grand chancelier militaire depuis 1815 sans aucun titre de guerre ! Le premier des ministres qui reçoit et présente les propositions de ses ministres; le ministre de la défense qui dispose d’un contingent de 45% des croix nationales, presque une sur deux. Le grand chancelier lui même est responsable devant le Chef de l’Etat et devant la Loi du respect du Code de la LH. Le Directeur de cabinet du ministre, le CEMA et autres chefs d’état-major des différentes armées, qui gèrent ou ont autorité sur le bureau décoration et les directions de personnels.

Le résultat est là, la Légion d’honneur ne récompense que 7,5% de personnels officiers pour 99,9%, titulaires de titres de guerre, le reste est réservé aux temps de commandement pour 25%, dit par intérêt général, en lui même très discutable… et 67%, deux croix sur trois !… attribuées en fonction du grade et de la peau d’âne, donc de l’origine, c’est à dire réservé aux officiers de recrutement direct. Le confort de vernis et l’habitude depuis 1852, font que nombreux hélas parmi ces derniers ne veulent plus lâcher ce privilège qui permet à certains joueurs de bridge et d’habitués de croisières d’en mettre plein la vue aux vieilles rombières qui croient avoir affaire à des baroudeurs.

Car la Médaille militaire n’est pas un ordre national, article 136 du Code, elle n’est devenue illustre que par le seul dévouement des personnels non officiers et eux seuls. Conférer cette dernière aux généraux en chef ayant commandé victorieusement devant l’ennemi ou ayant bien mérité de la nation, n’est qu’une diversion devant la levée de boucliers en 1852 de ceux qui avaient compris que cette création permettait d’écarter les humbles et les modestes, trop nombreux, de la Légion d’honneur, violant ainsi ce qu’avait créé le Premier Consul BONAPARTE en 1802. Ainsi, pour parvenir au pouvoir, et s’attacher la complicité et au pire, la neutralité des officiers du ministère, le futur Napoléon III trahissait la création de son oncle. Les républiques ont toutes, sans exception, poursuivi et poursuivent ces discriminations.

Ce privilège permet ainsi aux politiques et aux hauts fonctionnaires de laisser un os à ronger qui ne coûte financièrement rien à une catégorie de personnels, les militaires, dont les élites sont cantonnées dans ces emplois spécifiques et ne sont pas des concurrents pour les postes de fonctionnaires trop bien rémunérés, ou à la tête d’entreprises nationales, dont la majorité des meilleurs postes est réservée aux inspecteurs généraux des finances – sortis dans la botte (cinq premiers) de l’ENA, cette très grande école que personne n’a copié dans le monde y compris la Tunisie… choix dont on ne peut d’ailleurs la blâmer.

Ces mêmes IGF, qui sont environ 300, et qui sont responsables d’une très grande part de la dette nationale du fait essentiellement de leurs mauvaises gestions !…Mais ne veulent aucune concurrence dans leur gestion du pouvoir de l’argent. Nous voyons tous les jours où cela nous mène. Cabinets noirs, ventes de matériels militaires à l’étranger, emplois fictifs etc. tous faits qui curieusement, ne déclenchent aucune démission de responsable. Peut-être serait-ce dû à la médiocrité des salaires ou avantages tirés ? La charité chrétienne leur commandant peut-être de ne pas mêler nos élites militaires à ces coups tordus où la place serait financièrement peu intéressante. Ce phénomène n’est pas nouveau, n’a-t-on pas vu en effet, des clercs et des hauts fonctionnaires s’opposer sous LOUIS XV au principe de l’égalité devant l’impôt et faire d’immenses fortunes sur le dos de la communauté nationale ?

Le pouvoir républicain ressemblerait donc à un gâteau, un  » mille feuilles oligarchique » où chaque étage du mille feuilles a pour missions: -1) De protéger l’étage supérieur. -2) De tenir fermement l’étage inférieur. Nous laissons le soin au citoyen-lecteur de découvrir de quelle nature serait le lien, la crème entre les feuilles.

Les plus lucides des intellectuels en 1790 pensaient que la république n’est nullement fondée sur la vertu comme l’affirmait Montesquieu et comme chacun le sait bien aujourd’hui. Rousseau lui même ne réservait son « contrat social  » qu’à un petit pays comme la Suisse. Voltaire, dont on retient l’aspect anticatholique de l’oeuvre, et dont la pensée politique présente de consistant est joyeusement et très férocement antirépublicain. Sans entendre frémir son mortel ricanement contre ce qui ressemble à la démocratie, il se résumera ainsi :  » J’aime mieux obéir à un lion qu’à deux cents rats de mon espèce… » disait-il.

La vertu du régime républicain ne représenterait donc qu’un paravent. Ne nous prépare-t-on pas une « démocratie mondiale » dont les véritables chefs doivent être nécessairement inconnus, mais financièrement reconnaissants ?

Nos forces militaires, faites de chair et de sang, devront-elles demain, permettre de péréniser ces étranges privilèges et ces curieuses observations en les baptisant du terme sublime  » d’intérêts nationaux « , et ne voir récompensés que ceux qui ne prennent aucun risque, les planqués, au détriment des meilleurs serviteurs ? Ou bien devront-elles obliger enfin les décideurs à faire régner une justice plus digne de la France ?

Christian L’HUILLIER

(*) Le saute-ruisseau ou petit clerc est dans les études l’employé chargé de faire les courses et les commissions !

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