Yabonblabla et novlangue

Au pays de Voltaire, la seule perspective de parler vrai tétanise la classe politique. Confer la crise sociale et les chochotteries pour 2007…

Voilà où nous ont conduit les gouvernements, de droite comme de gauche, pour une fois réunis dans la même trouille face à l’opinion publique.

Et d’appeler partenaires sociaux nos syndicats, les plus faibles d’Europe, mais qui en France paralysent tout pour défendre la moindre de leurs Bastilles. Avec force propositions qui sont autant d’ultimatums. Devant lesquels les élus s’inclinent.

Et de qualifier notre société en déroute de modèle social français qu’il faut à tout prix sauvegarder.

Sur la même musique, l’immigration, oh pardon ! les minorités ethniquement visibles, et le désastre au quotidien de sa non-intégration, seront donc qualifiés de chance pour la France.

Nolens, volens, nos échecs et nos tares se rassemblent ainsi en rangs serrés sous l’expression flatteuse de l’exception française.

Pas étonnant, dans cette mystification institutionnalisée, que l’on n’ait osé dire à notre jeunesse, dans la rue ou en vacances à l’intérieur comme à l’extérieur du système éducatif, que le CPE était devenu cet examen probatoire indispensable aux patrons pour embaucher un ab initio.

Pour le patronat un CPE est l’unique moyen, quand les autres ne lui apportent que du frelaté, de s’assurer de l’aptitude au travail de jeunes, dont l’image démontre trop souvent le contraire. Et que notre prestigieuse éducation Nationale ne démontre pas davantage.

Plutôt que d’en comprendre l’urgence, le gouvernement de la rue (les fameuses ou fumeuses forces vives de la Nation) refusera donc le CPE, au nom de notre exception culturelle.

Puis la spirale infernale se relancera, en vertu de l’alternance à la française et de notre génie républicain.

Triste constat : oser parler le vrai français ne se fait plus guère qu’en francophonie. Et encore, de moins en moins. En revanche, dans l’hexagone, la langue de bois prospère. De plus en plus. Merci pour elle.

En quoi nos Armées sont-elles concernées par ce néo-terrorisme ? En rien. Ceci pour deux raisons.

D’abord, pour la masse de manoeuvre, rien n’a jamais changé, c’est toujours la Grande Muette.

Ensuite, dans les hautes sphères, la novlangue n’est pas nouvelle.

Depuis il ne manque pas un bouton de guêtre, le catalogue à la Prévert est resté ouvert. L’imposture du Clemenceau est le dernier épisode en date: un dossier-pilote, basé sur un processus innovant, respectueux de la protection des travailleurs et de l’environnement, une avancée concrète dans le traitement des navires en fin de vie.

L’avant-dernier épisode de la glose ministérielle ayant été le « nouveau » statut 2005 : La Grande oeuvre, Le Texte fondamental qui suscite un avis unanimement positif. Notamment celui du Conseil en Silence Forcé des Militaires (CSFM). Mais pas celui des victimes de ce discours à adhésion forcée.

A l’inverse du nuage de Tchernobyl, les éclats de rire de la Capitaine, chef du Syndicat de la Bundeswehr, notre voisine, sont en train de franchir le Rhin…

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots ». Ainsi disait Platon.

Les militaires, gens d’ordre, en souffrent à longueur de « nouveaux » statuts.

Le SGM 2005 n’a pas encore un an que déjà la Cour des Comptes lorgne du côté de la carte SNCF, des bonifications et de la retraite des carrières courtes.

Soldats, ressortez vos études linguistiques ! Dans quel volapük va-t-on vous infliger la prochaine expression du respect des citoyens et la considération de la Nation ?

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