Information ou désinformation ?

A croire qu’aucun enseignement n’a été tiré du cataclysme engendré par le fiasco judiciaire de l’affaire d’OUTREAU. Après cette terrible et déplorable affaire, il est évident que nos plus hauts dirigeants n’ont rien compris à la douleur des victimes.

Le traitement des affaires Ilan HALIMI, victime du gang des barbares et du Major de gendarmerie, CLIN Raphaël, décédé en service commandé, victime de son devoir, le démontre bien.

Il faut tout d’abord rappeler, que la souffrance des familles de victimes constitue une peine à perpétuité pour ces dernières, qui ne cesseront jamais de pleurer leurs proches. Le degré de douleur généré par ces deuils, ne saurait en aucun cas être assujetti à l’origine ethnique des victimes ou d’autre nature (religieuse, sociale, etc.)

Bien que l’objet de la présente réflexion n’ait pas pour but de comparer les souffrances engendrées par ces deuils, il y a néanmoins lieu de s’interroger sur l’engagement de la classe politique et sur le traitement médiatique accordé à ces deux affaires à caractère supposé raciste.

En effet, des interrogations légitimes subsistent quant à la compassion manifestée par certains de nos plus hauts dignitaires, ou responsables d’associations ayant pour vocation de combattre le racisme. Y-aurait-il deux poids et deux mesures? Pourquoi un positionnement partisan face à ces douleurs?

L’affaire concernant Ilan HALIMI, victime d’un crime barbare, crapuleux et odieux, a choqué toute la société civile. Les importantes manifestations, auxquelles les plus hauts dirigeants de l’Etat ont participé, parfois même en coiffant la kippa, ont été abondamment répercutées par les médias toutes catégories confondues.

Cette surabondance médiatique, à laquelle se sont associés nos politiques, a généré un malaise au sein des membres de la communauté militaire et plus précisément au sein de la Gendarmerie Nationale.

Selon les faits rapportés par les médias, il semblerait que le caractère supposé raciste des faits dont a été victime Ilan HALIMI, soit consécutif à une circonstance aggravante, retenue par le magistrat instructeur, selon les dires de l’un des mis en cause.

C’est ainsi que cette affaire a hérité d’un nouveau visage, puisque depuis, les faits reprochés reposent sur une origine à caractère racial. Il faut tout de même préciser, que s’agissant d’une phase « pré-sentencielle » l’origine raciale de ce crime crapuleux n’est pas encore déterminée avec certitude. Dans cette éventualité, c’est la juridiction de jugement qui le confirmera.

A ce sujet, on remarque qu’aucune prudence n’a été observée. C’est l’émotion et l’indignation qui ont prédominé au sein d’une majorité des membres de la classe politique. Certains se sont empressés de s’impliquer personnellement sur le fondement incertain de cette affaire « récupérée », pour dire non à l’antisémitisme.

A contrario, concernant l’affaire du Major de gendarmerie CLIN Raphaël, pour laquelle, il a été mis en exergue des propos de caractère raciste anti-blanc, de surcroît proférés à l’encontre d’un agent de l’Etat, dans l’exercice de ses fonctions, il y a eu un silence, puis des réactions tardives et de moindre importance. On observera également le mutisme puis les réactions timides des associations comme SOS RACISME et le MRAP dans cette affaire. A croire que le racisme anti-blanc et anti- républicain, est une forme de racisme acceptée.

Le 13 février 2006, Monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République a adressé un courrier à la famille du Major de gendarmerie CLIN Raphaël. Ceci ne saurait en aucun cas dédouaner l’absence d’hommage officiel à ses funérailles. Ceci a été ressenti et considéré comme un désengagement politique.

Pourquoi aucune autorité politique nationale n’est venue saluer la mémoire d’un militaire de la gendarmerie mort en service commandé ?

Bien mieux, le 2 mars 2006, au journal de 20 heures 00 de FRANCE 2, on a pu voir un médecin de l’hôpital où a été admis en urgence, Raphaël CLIN, s’exprimer sur ses conditions d’accueil. Selon ce médecin, elles n’auraient souffert d’aucun comportement à caractère raciste, infirmant ainsi les propos de l’épouse du défunt. Il est loisible de penser qu’un médecin urgentiste a certainement plus vocation à intervenir auprès des patients que de monter la garde dans les salles d’accueil ! Pourquoi ce démenti si tardif ?

Dans ce même journal télévisé, on a pu voir Monsieur Nicolas SARKOSY s’exprimer prudemment sur cette affaire devant l’Assemblée Nationale en se retranchant derrière l’enquête en cours.

Dans le premier cas, l’affaire HALIMI a suscité un emballement sans réserve de la classe politique qui, unanimement, a condamné l’antisémitisme. Pourquoi marquer une telle différence de traitement avec l’affaire CLIN ? par une prudence exacerbée ? Le racisme anti-blanc et antirépublicain n’est-il pas aussi condamnable?

Pour bon nombre de militaires de la gendarmerie cette question est posée. Ils considèrent qu’il y a bel et bien eu, deux poids et deux mesures, dans le traitement de ces affaires présumées à connotation raciste. La déferlante médiatique et le positionnement partisan des politiques dans l’affaire HALIMI sont vécus comme une blessure profonde par rapport à une expression prudente et une propension à minimiser l’origine des faits dans l’affaire du Major de gendarmerie CLIN Raphaël.

Madame CLIN et sa fille Inès, déjà fortement éprouvées par ce tragique évènement, n’ont-t-elles pas droit à la même compassion, que celle manifestée à l’égard des membres de la famille d’Ilan HALIMI ?

Gustave de QUERCY

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