Déconstruction du Porte Avion CLEMENCEAU

En tant qu’ancien négociateur des contrats de déconstruction d’installations sidérurgiques, je m’étonne que personne n’ait jamais songé à consulter les entreprises de Lorraine (qui se déplacent sans problème en bord de mer pour des chantiers de longue durée) pour le désamiantage et la déconstruction de l’ensemble métallique dénommé ex porte-avion Clémenceau. Je dis DECONSTRUCTION, et non pas DEMOLITION car cette activité nécessite une méthodologie que les professionnels lorrains maîtrisent parfaitement. Un haut fourneau représente environ 15000 tonnes d’acier. Nous en avons fait découper des dizaines, sans compter les coopers, les chaînes d’agglomération, les trains de laminoirs et autres installations connexes. Pourquoi faire réaliser aléatoirement par des pays exotiques ce que nous savons faire de façon contrôlable, traçable et EN SECURITE ?

L’expérience nous a révélé que le principe de base consiste tout d’abord à rester propriétaire de l’ensemble à déconstruire. Nous sous traitons le désamiantage à des entreprises spécialisées, certifiées et agréées. Le coût est certes élevé. Le découpage de la ferraille est également sous traité à des sociétés professionnelles en la matière. Le coût de ce découpage (un prix/tonne négocié) est généralement deux fois moins élevé que ce que nous obtenons en revendant aux aciéries la ferraille récupérée et contrôlée par tickets de pesée sur bascules contrôlées et surveillées. Le gain ainsi obtenu permet de subventionner le désamiantage. Au final, l’assiette globale finit en affaire pratiquement blanche.

Pourquoi cette interrogation de ma part ?

Lors de la dernière journée nationale des réserves, en Moselle, plusieurs centaines d’entreprises furent conviées à participer à cette journée. Celles qui donnèrent suite à l’invitation qui leur fut envoyée se comptèrent sur les doigts de la main.

Comment ne pas se poser après cela la question de la réciprocité ? Les entreprises sont dans une logique d’échange. Il n’y a ni à glorifier ni à fustiger ce principe. Il est dans la nature des choses de l’économie et du commerce qu’il en soit ainsi. Le budget de la défense nationale constitue un excellent élément intégrable dans l’argumentaire à développer en direction du secteur privé. Je rappelle que la défense nationale se positionne en DEMANDEUSE lorsqu’elle entreprend de parler de la réserve militaire aux décideurs de ce secteur. Alors pourquoi faire confectionner des chemises d’uniforme au Maroc, déconstruire nos bateaux en Inde ? Etc.

En tant que réserviste (de la réserve citoyenne, après l’avoir été de la réserve opérationnelle) je suggère donc respectueusement à madame le ministre de la défense nationale de nous aider à l’aider dans sa volonté de recrutement dans les réserves et je l’en remercie par anticipation.

Gérard KANNENGIESSER

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