Saint-Martin, le 15 février 2006
LE GéNéRAL DE CORPS D’ARMéE,
MAJOR GéNéRAL
DE LA GENDARMERIE NATIONALE
ORDRE DU JOUR
Le gendarme Raphaël CLIN de la brigade territoriale autonome de Saint-Martin / Marigot a été victime, dans la matinée du dimanche 12 février 2006, d’un drame de la délinquance routière alors qu’il intervenait sur la voie publique pour faire cesser une course sauvage de véhicules.
Son épouse Stéphanie, leur petite fille Inès, son père, sont cruellement touchés en ce jour funeste. Ses camarades de la gendarmerie de Guadeloupe sont aussi particulièrement éprouvés.
C’est à vous tous que je veux m’adresser aujourd’hui au nom du général PARAYRE directeur général de la gendarmerie nationale, en mon nom personnel mais aussi au nom de toute l’institution pour vous dire notre très profonde émotion.
Le gendarme Raphaël CLIN est né le 20 mai 1974 à Villeneuve-Saint-Georges (Essonne). Fils aîné d’une famille de deux garçons, il est sensible à l’exemple de son père, gendarme lui même. Il effectue ainsi son service national en gendarmerie et est incorporé le 1er février 1995 au centre d’instruction des gendarmes auxiliaires d’Auxerre (Yonne). Déjà très motivé et dynamique, il est sélectionné pour participer au peloton d’élèves gradés de l’école. Se distinguant par son sérieux et sa volonté de réussir, il choisit, à l’issue de ses classes, de rester au centre d’instruction en tant que jeune gradé appelé d’encadrement. Il est promu au grade de brigadier en avril 1995 puis au grade de brigadier-chef en décembre de la même année. La médaille de bronze de la défense nationale lui est alors décernée.
Il souscrit un volontariat pour allonger de douze mois sa période sous les drapeaux puis est libéré de ses obligations militaires par anticipation le 6 janvier 1997 avec le garde de maréchal des logis. En effet, désireux de faire carrière en gendarmerie, il a satisfait aux épreuves de sélection et intègre, dès le 7 janvier 1997, l’école de sous-officiers de gendarmerie de Montluçon (Allier).
Durant sa période de formation d’une année, l’élève gendarme Raphaël CLIN se fait remarquer pour son sens de la discipline et sa motivation. Elément moteur de son peloton, il obtient d’excellents résultats et achève sa formation avec un rang de classement très honorable de 11ème sur 117 stagiaires. Ses instructeurs le promettent déjà à une brillante carrière. Il est nommé au grade de gendarme le 18 décembre 1997 et prête serment le même jour.
Il choisit de servir en gendarmerie départementale et rejoint la brigade territoriale de Grenoble (Isère) le 5 janvier 1998. D’emblée, il donne toute satisfaction par sa manière de servir, faisant preuve de rigueur, de disponibilité et de dynamisme. Il poursuit sa formation professionnelle en unité avec assiduité et obtient le certificat d’aptitude technique à la gendarmerie en décembre 1999 avec une excellente moyenne générale.
Il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière le 18 décembre 1999.
Le 11 février 2000, il obtient les félicitations écrites du commandant de groupement de l’Isère pour avoir diligenté une enquête minutieuse de travail illégal en matière de négoce d’automobiles ayant abouti à l’interpellation de son auteur et à l’identification de ses complices.
Ses nombreuses qualités lui valent l’attribution de la médaille d’argent de la défense nationale le 1er janvier 2002.
Volontaire, oeuvrant au quotidien avec conviction, il réussit les épreuves écrites et orales du certificat militaire de langue de premier degré d’anglais. Il se porte candidat à l’examen technique d’officier de police judiciaire, qualification qu’il obtient en 2004 après une préparation lui ayant assuré les meilleures chances de succès.
Désireux de découvrir d’autres horizons, il demande à servir outre-mer et a satisfaction avec une mutation en Guadeloupe, à la brigade territoriale de Saint-Martin / Marigot le 23 avril 2004. Dans ces fonctions, il se fait favorablement remarquer par son tempérament calme et réfléchi, sa grande disponibilité, ses connaissances professionnelles étendues et sa très bonne pratique du métier de gendarme.
Le 9 mai 2005, il obtient ainsi les félicitations écrites du commandant de la gendarmerie de Guadeloupe pour avoir secondé efficacement un gradé de son unité dans une intervention sur les lieux d’une tentative d’homicide consécutive à une rixe. L’auteur, blessé, est interpellé dans le temps de la flagrance grâce à son action.
Excellent camarade, ayant toujours à coeur de conseiller et de valoriser ses proches, le gendarme CLIN, candidat à l’avancement, se destinait à une brillante carrière de commandement au sein de la gendarmerie.
Le destin en a voulu autrement.
Un destin qui illustre le lourd tribut payé par la gendarmerie nationale dans l’exercice de ses missions de police judiciaire et administrative en Guadeloupe en particulier.
Major CLIN, votre souvenir demeurera vivant au coeur de tous ceux, qui, ici ou en métropole, ont partagé avec vous les mêmes joies, les mêmes peines, les mêmes exigences du service public. Vous avez fait le sacrifice de votre vie en accomplissant votre devoir, et je me fais l’interprète de tous pour saluer votre mémoire avec le plus grand respect.
Au nom du général PARAYRE, directeur général de la gendarmerie nationale, mais aussi au nom de tous les militaires et personnels civils de la gendarmerie nationale, je vous présente à vous Madame CLIN son épouse, à toi Inès sa fille, à vous monsieur CLIN, son père, des condoléances très sincères et émues et je m’incline respectueusement devant vous.
En témoignage de gratitude pour les services que vous avez rendus à la France et à la gendarmerie nationale, le Président de la République vous concède la médaille militaire et Madame le Ministre de la défense vous cite à l’ordre de la gendarmerie nationale, citation comportant l’attribution de la médaille de la Gendarmerie nationale, à titre posthume.
Le général de corps d’Armée
Dominique NOROIS
major général de la gendarmerie nationale