MAM soigne son look chez les généraux

(extrait du Canard Enchaîné n°4448 du 25 janvier 2006)

Sur le front social, une action déterminante du gouvernement est injustement passée inaperçue : la mise en place d’un dispositif destiné à favoriser la reconversion des infortunés officiers généraux. Chaque année, 130 d’entre eux retombent dans l’univers impitoyable de la société civile. Et ils n’ont, pour survivre, que leur retraite, qui oscille, selon le nombre d’étoiles (de deux à cinq), entre 3700 et 6000 euros par mois. Beaucoup d’entre eux considèrent qu’il s’agit là d’une obole et caressent donc l’espoir d’une deuxième carrière.
Malgré la disette budgétaire, MAM a volé à leur secours. La première mesure concrète de la réforme du statut des militaires a été le 8 juillet, la signature par la ministre d’un décret sur l’attribution d’une « indemnité d’accompagnement de la reconversion ». On respire pour eux !
Ce pécule, calculé sur la dernière solde brute perçue par l’ »étoilé », équivaut à six mois de traitement. Ce qui, en fonction du nombre d’étoiles, permet d’empocher entre 23 000 et 40 000 euros. Un cas d’espèce dans la fonction publique, où il n’est pas prévu de tirer sa révérence avec une petite prime. Si cela venait à se savoir, la bonne manière faite à ces hauts gradés pourrait donner des idées à d’autres fonctionnaires.
Mais ce n’est pas tout. Sur la demande insistante de son état-major, auquel elle ne sait rien refuser, MAM a ordonné la mise sur pied d’une « Mission officiers généraux ». Le 25 juin, l’un de ses conseillers lui remettait un rapport sur ce sujet stratégique. Le document rappelle le caractère « inacceptable pour la société de l’emploi insuffisant d’une ressource humaine gaspillée », alors que « sa qualité est réelle et qu’elle dispose d’un potentiel de cinq à dix ans pleinement utilisable ». Et il préconise une « modernisation des règles de déontologie » qui contraignent – en principe – les adeptes du « pantouflage » à éviter d’intégrer trop vite les secteurs d’activité privée qu’ils couvraient comme fonctionnaires. Les délais de décence seraient ramenés de cinq à deux ans, par exemple !
Enfin, pour que la nation ne passe pas à côté d’individus aussi exceptionnels, le ministre n’a pas lésiné. On a fait plancher un membre du Conseil économique et social, plus deux parlementaires censés pondre un rapport, plus les sociologues de l’Observatoire social de la défense, pour une étude « portant sur les souhaits et les attentes des officiers généraux ». Et, surtout, on a créé une cellule « retour à la vie civile », équivalent militaire de l’inévitable cellule de soutien psychologique en cas de catastrophe. Dirigée – forcément – par un général, elle mobilise six personnes. Les heureux bénéficiaires pourront suivre, un an avant le grand saut dans l’inconnu, une « session de prise de conscience du retour à la vie civile »
Voilà un plan « deuxième chance » qui devrait mieux fonctionner que l’usine à gaz conçue pour l’insertion des jeunes paumés !

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Bureau de reconversion pour officiers généraux

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