« Les hommes ne vivraient pas longtemps en société, s’ils n’étaient les dupes les uns des autres » (La Rochefoucault)

… Il y en a quand même qui le sont moins que d’autres. C’est tout de même navrant qu’il y ait si peu d’endroits où l’on parle en 2006, de la condition rétrograde des militaires au sein de la nation ; d’un nouveau statut à peine dépoussiéré détenant la fonction principale d’artifice ; d’une situation générale cachée ayant conduit à une affaire Poncet dans laquelle l’essentiel reste à dire ; des brillantes commémorations de la défaite de Trafalgar illustrées par l’envoi du Charles de Gaulle ; des piètres commémorations de la victoire d’Austerlitz essentiellement marquées par le désintérêt du Premier ministre et l’absence du chef de l’Etat ; du détournement du premier Ordre de la nation : la Légion d’honneur etc… Dans l’ordre édicté par le Weborama, le site Internet de l’Adefdromil semble le plus consulté et le mieux documenté pour asseoir quelques réflexions avec justesse et clarté, contre l’omerta et les non dits. D’ailleurs, de très nombreux témoignages allant dans ce sens l’attestent. D’autres sites apparaissent plutôt mornes, ce qui peut plaire aussi. Question d’éthique. Le très fameux « devoir de réserve » y est couramment employé ce qui ne fait malheureusement pas avancer les choses ni même reculer le risque d’une implosion. En parallèle à cette situation observée au sein de la Défense, il semble aussi que dans d’autres ministères, la sensibilité de tels sujets ferait l’objet d’une large concertation. Des organes autonomes s’exprimeraient et les politiques se répandraient avec sagesse pour ne pas échauffer les esprits… Bref, rien en rapport avec les shows médiatiques qui nous ont été servis ici ou là, par quelques gouvernants plus attachés à un destin personnel qu’aux effets dévastateurs d’une sur médiatisation des affaires. En réponse à cette situation singulière, longuement soulignée dans les médias, les politiques doivent savoir que la grande muette retrouve la parole et c’est une excellente nouvelle pour la République. Afin d’illustrer cette avancée prometteuse conduite grâce à l’Adefdromil et l’Internet, voici un nouveau titre guidé par une réflexion collective voire européenne :

« Les conceptions rétrogrades du vieux Maréchal, commentées par un jeune colonel… »

et ce, dans l’objectif de relativiser le traditionnel échange des voeux placé en ligne et repris chaque début d’année, sous la haute égide de la langue de bois et des chaudes congratulations.

Pour ce qui concerne la condition militaire, force est de constater que les rapports se succèdent, mais que la situation générale croupit. Sans concertation crédible, rien de bien sérieux ne peut être planifié. N’attendons donc rien de concret dans les 18 mois qui viennent. Le gouvernement ayant balayé les recommandations européennes relatives aux droits d’association dans les armées, les nombreux points soulevés par l’Adefdromil ont été délibérément occultés. Il s’agit là d’une faute politique majeure dont le prix sera sans commune mesure avec l’économie réalisée. Pour ce qui touche le nouveau statut, il n’a de « nouveau » que le nom. Aucune avancée sérieuse n’y a été détectée par les spécialistes de l’association. Aucune avancée mettant en valeur la professionnalisation et la fonction militaire du 21ième siècle n’y a été relevée. Pourtant, un groupement professionnel des armées doté de quelques professionnels indépendants de la hiérarchie civilo-militaire, mènerait sans aucun doute, en amont des problèmes, des réflexions plus profondes et plus justes. Les remarques de l’Adefdromil adressées aux députés et sénateurs n’ont pas été suivies. L’ancien statut des militaires à été reconduit sous l’appellation de « nouveau statut » Il est passé en force grâce au concours de vils serviteurs craignant à tort le principe électif dans les armées. Là encore, il semble curieux que le chef de l’Etat prône la démocratie dans le monde et qu’il en censure l’une des illustrations au sein de la République des droits de l’homme. Concernant l’action de nos dirigeants dans l’affaire Poncet, ces hautes personnalités toujours prêtes à donner la marche à suivre à postériori, nous en dirons sans doute davantage à la Barre, dans quelques années, comme pour le financement occulte des partis politiques, les emplois fictifs, les délits d’initiés, les fonds secrets, les appartements de fonction, le sang contaminé, les écoutes téléphoniques, le Liban, le Rwanda, Srebrenica etc… Au sujet des piètres commémorations du bicentenaire d’Austerlitz, Il est tout aussi curieux que notre Président et le chef du gouvernement zappent cette éclatante victoire inscrite sur bon nombre de nos drapeaux et gravée sur la façade de l’Arc de Triomphe, tout en commémorant la cuisante défaite de Trafalgar. Que dans le même temps, on demande aux jeunes français d’être fiers de leur pays, de ses valeurs et de son histoire. Manifestement, des millions de français ne comprennent plus grand chose aux décisions politiques : qui peut s’étonner aujourd’hui du pessimisme et de la morosité ambiante ? Enfin, l’attribution de la Légion d’Honneur, Premier ordre de la Nation, demeure au rang des scandales sous-jacents de la République. Les militaires les plus humbles sont systématiquement écartés de cet Ordre national. Est-ce là l’Esprit de la Légion d’Honneur et de son créateur ? Est-ce là l’Esprit de la République ?

Dans cet ordre empreint d’une ferme lucidité, il semble désormais possible de zapper les « cents jours » si chers à Monsieur le Premier Ministre et de se préparer, par anticipation, à commémorer Waterloo dès les premiers jours du mois de mai 2007. Une sorte de jubilé franco-français, avec en toile de fond la fumée grise du Charles de Gaulle repeint pour la circonstance aux couleurs du Titanic : vu d’outre manche et d’outre atlantique, ce final aura une certaine allure mais d’un autre point de vue, avec autant de « coquilles » sous le couvercle de la marmite, l’omelette semble désormais inévitable…

Bonne année 2006 à toutes et tous.

SCHULMEISTER

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