Le silence des agneaux : réaction.

Cher Mariano,

Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier de donner par un éditorial de l’écho à mon écho qui n’en demandait pas tant….. Trois choses me gênent toutefois.

Votre signature sent le pseudo alors que la mienne est claire, je suis dans l’annuaire. Je préfère d’ailleurs enlever le grade pour ne plus être bassement soupçonné de service commandé (si un jour j’en change, j’espère le devoir à autre chose qu’à mes talents de rédacteur sur Internet…).

Ce qui me gène derrière ce combat de signatures, c’est que vous semblez vouloir rester confit dans un monde dépassé, celui ou le militaire n’ose pas s’exprimer en son nom propre (par crainte de… quoi au fait?? je ne suis toujours pas aux arrêts même si mes idées ne sont pas aussi orthodoxes que vous semblez le croire…) et où il faut donc le faire à sa place, celui où les intérêts catégoriels du caporal et du général sont forcément en opposition, celui où seuls les crabes les plus féroces peuvent émerger du panier des officiers. En fait vous me donnez l’impression de regretter les ouvertures faites dans le nouveau statut parce qu’elles mettent à mal vos certitudes concernant un cantonnement juridique injustifié. Eculés avez-vous dit de mes propos? Essayez-vous au débat clair et transparent que nous autorise notre statut, vous verrez.

Ce qui me gêne enfin, dans cette droite ligne, c’est que vous ne concevez le débat d’idées que dans l’invective et la tentative de discrédit de l’autre, bien souvent derniers remparts de l’argumentation défaillante. Désolé, votre sens de la démocratie n’est pas le mien.

Pour ma part, I had a dream, celui d’un monde où le militaire retrouve sa place dans la pensée certes stratégique, mais aussi économique, sociale, juridique, bref celle qu’il a longtemps tenue avant, c’est vrai, de se replier dans le silence, contraint pour une part, j’en conviens, mais aussi volontairement pour une autre… Ecrivons, soyons fous mon cher Luis, pratiquons même l’humour…, parlons, participons au débat sociétal dans le respect de notre statut en utilisant tout l’espace confié qui est bien plus large que vous ne le pensez (relisez bien la loi: les contraintes en matière de droit d’expression, secret, discrétion et réserve sont tout simplement les mêmes que dans le reste de la Fonction publique). Ne soyons plus timorés, engageons-nous dans le débat mais il est vrai que votre argumentation en faveur du syndicalisme perdrait de son intérêt.

Si le site s’ouvre au débat démocratique pro/contra, et je dois dire que certains articles publiés vont dans le bon sens, il gagnera en crédibilité et c’est avec plaisir que je débattrai avec vous sur le fond des dossiers qui nous intéressent. Pourquoi ne pas commencer par le fait syndical dans les armées? Il y a de beaux arguments de part et d’autre. Nous pourrons également parler de la case juteuse de la deuxième section, et des fantasmes associés, ou plus généralement de la réforme du statut, dossier que je crois bien connaître.

L’année 2006 peut continuer à me donner raison, j’en suis persuadé mais nous pourrons en reparler dans 12 mois.

Sinon, sans être persuadé de détenir La vérité et sans me retirer dans une tour d’ivoire dont je n’ai pas vocation à être roi, je ferai comme beaucoup, j’en parlerai sans y écrire.

P. CHALMEL

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