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J’ai pensé un moment intituler cet éditorial : la désespérance. Mais à la réflexion, le titre m’a paru un peu fade pouvant passer pour une rafarrinade déjà rance.

Le fond reste le même : la France déconne et les citoyens de bonne volonté de l’Adefdromil se désespèrent. Trois points pour faire court !

Tout d’abord, ce Non à la constitution européenne est pitoyable. Il a réussi à regrouper toute une masse populaire paupérisée et justement mécontente avec ceux qui jaloux de leurs statuts et de leurs petits avantages ont peur de la compétition et du changement. Finalement la France sort affaiblie de l’épreuve. Personne ne peut s’en réjouir.

L’Adefdromil, quant à elle avait appelé à voter Oui. Pourquoi ? Il ne s’est agi à aucun moment d’une prise de position « politique », comme certains de nos adhérents nous l’ont fait remarquer à tort. Simplement le traité qui était soumis à referendum prend position clairement sur le problème du droit d’association (article II-72 -page 22) sans exclusion aucune. L’Adefdromil au regard des objectifs qu’elle poursuit ne pouvait et ne peut donc qu’être favorable à ce texte sans s’immiscer dans le débat politique lui même.

Notre association a d’ailleurs été la seule au sein de la communauté militaire à souligner la contradiction qui consiste à avoir voté un statut interdisant aux militaires d’active de s’associer pour défendre leurs droits et dans le même temps d’appeler à voter Oui pour adopter une constitution européenne reconnaissant ce droit à tout citoyen européen. C’est dire que le statut qui va être promulgué à l’occasion du 14 juillet prochain est en contradiction complète avec le traité établissant une constitution pour l’Europe. Il est aussi, rappelons le, constitutionnellement illégal, au regard de la jurisprudence du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’Etat. Le problème, c’est que dans notre belle démocratie, le droit de recours constitutionnel n’est pas ouvert au citoyen ou même à une association. Il serait temps de faire progresser la démocratie française sur ce point.

Autre sujet de désespérance : la justice, en général ! Un membre en vue du nouveau gouvernement nous dit que les juges devraient payer pour leurs erreurs. Pourquoi pas ? Mais, il faudrait d’abord qu’ils payent pour leurs fautes, surtout quand elles constituent des délits pénaux et une véritable forfaiture. Ainsi, le JO n°99 du 28 avril 2005 publie un décret du Président de la République daté du 1er mars 2005 prononçant une sanction disciplinaire à l’encontre d’une vice-présidente d’un tribunal administratif, magistrat nommé par décret du Président. Cette personne, si on en croit le JO « est personnellement intervenue soit pour retarder, soit pour accélérer anormalement le traitement d’affaires touchant directement ou indirectement aux intérêts de son frère. Elle s’est en outre rendue coupable d’une série d’irrégularités graves dans l’instruction et le jugement de diverses affaires, pour lesquelles des témoignages concordants établissent son entière responsabilité, à savoir la signature antidatée d’une décision juridictionnelle et l’insertion à sa demande de mentions erronées dans les bases informatiques en vue de faire disparaître des dossiers du stock par des ordonnances fictives. ». Sans doute les juristes peuvent-ils débattre pour déterminer si une signature antidatée constitue un faux, de même que le fait de faire insérer des mentions erronées dans une base de données. Il reste qu’après la relation des faits reprochés, on pourrait s’attendre à une sanction d’élimination de la fonction judiciaire, nul citoyen ne pouvant souhaiter que son affaire soit instruite et jugée par une telle magistrate. Eh bien que nenni ! La dame se voit infliger la sanction du déplacement d’office et risque donc d’officier ailleurs. Il est vrai que lorsqu’on est à Nice, on ne peut que remonter vers le Nord, sauf à accepter un séjour en Corse !

Dans le même temps, nos troupiers qui ont fauté en faisant main basse sur des billets de banque en Côte d’Ivoire sont sévèrement sanctionnés, mais pas assez pour certains puisqu’on fait appel de la décision. Nos gouvernants ont-ils bien le sens de la mesure et de la réalité ?

Un troisième sujet d’inquiétude : la pratique du harcèlement dans les armées.

L’Adefdromil reçoit de plus en plus de dossiers concernant des situations de harcèlement. Il s’agit souvent de jeunes femmes que leurs chefs jugent d’un niveau insuffisant à tort ou à raison. Faute d’être en mesure de leur reprocher quelque chose de concret et de précis, on décide de les décourager, de les démoraliser à travers des exigences de service qui s’apparentent à des brimades. Bref, le harcèlement est devenu une méthode de commandement. Bien souvent, la hiérarchie laisse faire au risque de pousser les victimes a des réactions extrêmes. Il faut en déduire que l’origine de ces comportements réside dans une conception fausse de l’autorité, considérée à tort comme absolue dans les armées. Aborde-t-on ce sujet dans les écoles d’officiers et de sous-officiers? Si oui, l’aborde-t-on comme cela devrait l’être, c’est-à-dire aussi du point de vue des victimes ? Y a-t-il des instructions ministérielles sur le sujet ? En tout cas, pour l’Adefdromil, c’est un vrai sujet de préoccupation et nous entendons y apporter notre point de vue dans les mois à venir.

Faut-il pour autant renoncer, voire demander l’asile politique dans un pays voisin ?

L’espoir fait vivre nous dit le proverbe. Il est dans l’homme.

Ainsi, pour le bien de l’institution militaire, on peut espérer que le décret renforçant les pouvoirs du CEMA évitera enfin les saupoudrages budgétaires qui ont conduit les armées à avoir un peu de tout, sans une réelle cohérence et finalement à devoir faire face à de vraies difficultés pour projeter des forces en opérations.

Avec l’aide de l’Adefdromil, un saint-cyrien exclu de l’école de formation vient d’obtenir du tribunal administratif de Rennes sa réintégration. Nous espérons que cette décision de justice sera appliquée. Comme vous pouvez le constater, bien que parfois décriée, la justice administrative n’en continue pas moins de passer. C’est rassurant pour les citoyens rétablis dans leurs droits et encourageant pour ceux en attente de décisions…

Et grâce à notre action et notre ligne de conduite, tout montre que nous sommes toujours écoutés et assez souvent entendus.

Alors, gardons espoir !

Bonnes vacances à toutes et tous.

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