Lettre ouverte à Madame le ministre de la Défense

En tant que Président de l’Association de défense des droits des militaires, j’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de recevoir un courriel d’un adhérent ou sympathisant pour m’informer que Monsieur Valéry Giscard d’Estaing prononcera le 31 mars dans le grand amphithéâtre des écoles de Coëtquidan une conférence dont le thème serait la constitution européenne. Les cadres, officiers élèves, élèves et leurs familles ont été invités à se rendre à cette conférence.

Face à une telle manifestation, l’association de défense des droits des militaires que je préside, élève la plus vive protestation contre la tenue d’une telle conférence dans une enceinte militaire, en effet, j’estime qu’une telle conférence est en contradiction avec le devoir de neutralité politique de l’armée.

L’Adefdromil ne dispose d’aucune information complémentaire concernant le public auquel est destinée cette conférence – il se pourrait en effet qu’il s’agisse d’une conférence ouverte à tous publics, l’armée ne faisant que mettre un local à la disposition d’un conférencier en en faisant profiter les militaires et leurs familles présents.

En dépit de cette réserve, l’Adefdromil estime que compte tenu des antécédents de Monsieur Valéry Giscard d’Estaing – ancien président de la République et donc ancien chef des armées – chargé de la mission officielle de rédiger le projet de constitution européenne – membre en exercice du Conseil Constitutionnel – , la tenue d’une telle conférence sur un tel sujet d’actualité politique, de surcroît dans une enceinte militaire, ne respecte pas le principe de neutralité politique imposée à l’armée et aux militaires.
Ce fait montre en outre que lors de la rédaction du statut général des militaires, aujourd’hui définitivement adopté, il n’a pas été fait attention au double aspect du principe de neutralité. La neutralité politique ne saurait être un devoir imposé aux seuls militaires, elle doit être tout autant un devoir pour la hiérarchie militaire qui approuve de tels projets ou pour les personnalités politiques membres en exercice d’une institution de la République surtout quand ils ont exercé de telles fonctions que celles précédemment rappelées.
Le mélange des genres est d’autant plus inadmissible que les débats récents du SGM n’ont pas, à mon sens, fait preuve de novation.

Compte tenu des circonstances de délai, en tant que Président de l’Adefdromil, je ne peux que publier cette lettre sur le site Internet de l’Association sous la forme d’une lettre ouverte.

Je vous prie d’agréer, Madame le ministre, l’expression de ma très haute considération

Michel BAVOIL
Président de l’Association de défense
des droits des militaires

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