Des intérêts du Capital en général et de la défense de celui du militaire en particulier

La nouvelle (1) affaire LIPSKI, dans laquelle des centaines de militaires de tout grade ont été odieusement détroussées, doit interpeller le militaire à plus d’un titre (lire l’article : )

D’une manière générale, il ne faut accorder aux démarcheurs financiers qu’une confiance extrêmement limitée. Surtout quand les gains escomptés sont aussi mirifiques qu’éloignés. Posez-vous trois questions :

Pourquoi ce type qui peut gagner des millions sans rien foutre vient-il chercher mes maigres économies ? L’argent que je verse n’est il pas destiné aux autres gogos au titre des intérêts faramineux promis ? Où sera mon interlocuteur au moment ou je suis sensé récupérer intérêts et capital ?

Les réponses ne varient pas d’une affaire à l’autre :

Son pactole à lui c’est dans mes sous et immédiatement qu’il le trouve, pas sur le marché boursier (230.000 euros et 600.000 euros en deux ans pour les deux présumés escrocs galonnés -mais la hiérarchie est respectée). Oui, mes économies sont versées aux autres, dont l’argent est lui-même versé aux autres, et ainsi de suite. Il sera en prison, ou en passe d’y aller mais défendu par une cohorte d’hommes de loi (payés avec mes sous) et retranché dans un appartement des beaux quartiers parisiens (pareillement financé).

Mais d’une manière plus particulière, l’escroquerie présumée de LIPSKY à Djibouti et Dakar, éclaire d’une certaine lueur la notion de défense des intérêts des militaires.
Car dans cette affaire, deux officiers très supérieurs (un lieutenant-colonel et un général quand même !) ont servi à ramasser le pognon de leurs camarades des armes. Sans ces comparses, et leur rang, la méfiance aurait été de mise, même pour les plus naïfs.
Et sans les aides logistiques, apparemment apportés par les autorités militaires locales, sous forme de laissez-passer, de mise à disposition de bureaux, logements et autre, il eut été plus difficile d’accéder au porte monnaie des victimes en uniformes.
Cette constatation est une évidence et fait des défenseurs désignés du personnel des complices passifs (trop !) de l’escroquerie. Pourtant, aujourd’hui encore, des organismes voient leurs démarches commerciales favorisées par les autorités militaires qui leur apportent ainsi une caution morale anesthésiante.

On apprendra au fil du procès qui s’ouvre à Monaco que la sécurité militaire avait plus ou moins averti le commandement de la tonalité « inquiétante voire alarmante » des choses. Mais aussi que le chef de cette même sécurité militaire en charge de l’enquête avait placé 150.000 euros dans l’affaire…
Ce qui démontre quand même une double fragilité des organismes, instance et procédures chargées de la protections des militaires. Car non seulement il n’est venu à l’idée de personne de se renseigner sur la consistance de ces margoulins galonnés (voire étoilés !), et cela dans un lieu où se côtoient les fines fleurs des différents services de renseignement (sinon à quoi sert DJIBOUTI), mais un chef desdits services a lui-même manifestement succombé à la tentation (un seul ?). Ce qui d’ailleurs jette, au passage, un sérieux doute sur la fiabilité de ses capacités d’analyse…

Enfin, une satisfaction quand même, à la mémoire des militaires qui sont tombés sans avoir les qualités requises pour se la voir décernée, le lieutenant-colonel incriminé y a perdu sa Légion d’Honneur.
Belle démonstration, oh combien inutile !, de la perspicacité qui préside à la promotion des meilleurs dans cet ordre national.

(1) LIPSKY avait déjà escroqué des milliers de français avec le Patrimoine Foncier dans les années 70. Ce qu’ignoraient bien entendu ses « employés » militaires.

Lire également :
Attention aux escrocs galonnés !
L’affaire Lipsky : revue de presse

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