Dans Le Parisien (www.leparisien.fr) d’aujourd’hui Michel Bavoil Président de l’Adefdromil s’exprime :
Le mouvement des gendarmes est suivi de très près par les autres militaires. Y a-t-il un risque de contagion ?
« Vu le moral des troupes, notamment dans l’armée de terre, ce risque est réel », estime Michel Bavoil, capitaine à la retraite et fondateur de l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) qui, dans l’armée, poursuit le même but qu’un syndicat et s’adresse essentiellement aux militaires d’active.
« Voir défiler les gendarmes en tenue dans la rue, c’est choquant, mais leurs revendications sont légitimes, je les comprends, réagit Michel Bavoil. Ils ont osé. Le reste de l’armée n’a pas encore bougé. Mais si les gendarmes obtiennent des avantages, les militaires en réclameront aussi. »
Egalement à la retraite, le colonel Jean-Louis Dufour développe ce point de vue : « Les militaires des armées ont toujours considéré leurs collègues de la gendarmerie comme des privilégiés. A grade égal, les gendarmes bénéficient, en plus de leur solde, d’une prime pour leur travail de police, de 4 000 à 5 000 F (de 610 à 762 Euros) (1), et d’un logement de fonction dont le loyer est inférieur à 10 % de la solde de base. »
Depuis sa création, l’Adefdromil a enregistré plus de 150 adhésions, dont celles de militaires. Ces derniers jours, le site Internet de l’association connaît une explosion du nombre de visites. A l’aune de ces messages, le capitaine Bavoil évoque un « malaise grandissant ». « Certains sont prêts à franchir le pas et à envoyer des lettres anonymes », explique-t-il. Sur le site, un médecin de l’armée de terre témoigne : « Les hospitaliers sont en grogne et quittent le service dès que possible. Aujourd’hui, nous en sommes à moins 300. Chaque jour apporte son lot de départs, c’est pour nous le moyen le plus efficace d’exprimer notre mécontentement. »
Un adjudant-chef s’interroge : « Que devrions-nous dire de nos rémunérations ? Je serais prêt à faire bien plus que l’envoi de lettres anonymes. Mais qui va se risquer à ce genre d’actions ? Je peux en tout cas vous dire que ça chauffe très fort sous le couvercle de la marmite ! » Un autre sous-officier rapporte la colère de ses camarades quand leur commandant d’unité a annoncé la suppression des permissions de fin d’année au cas où les militaires devraient suppléer les convoyeurs de fonds en grève…
Pour une forme de syndicalisation Verra-t-on prochainement des hommes en kaki dans les rues ?
« Je ne crois pas, tempère Michel Bavoil. Ce n’est pas souhaitable. En revanche, il faut revoir les instances de participation dans les armées. Les militaires sont des citoyens à part entière et certains droits, comme celui d’association et d’expression, doivent être reconnus. »
A ce titre, l’Adefdromil milite pour la création d’un groupement professionnel militaire, indépendant de tout parti, syndicat et confession. Le colonel Dufour plaide lui aussi pour une forme de syndicalisation. « Comme dans l’armée allemande qui n’en est pas affaiblie pour autant, dit-il. C’est indispensable pour porter les revendications des hommes. Les manifestations des gendarmes prouvent en tout cas l’erreur des politiques qui ont toujours cru que la grande muette était corvéable à merci. »
(1) Cette somme correspond à un maximum, elle est en fait calculée sur la base de la solde brute. Pour un gendarme ayant 7 ans d’ancienneté elle sera de 2.000 francs. (NdlR)