SIGYCOP et discriminations professionnelles liées aux maladies chroniques

A retrouver sur www.droitdesmilitaires.fr, le site d’informations du droit des militaires, personnels de défense et de sécurité intérieure, une nouvelle question parlementaire et cette semaine, à la Une : qu’en est-il des discriminations à l’emploi pour les personnes atteintes de maladies chroniques ? quel est l’usage du SIGYCOP ? en police ? dans la réserve. 

Question écrite n° 4395 :
Discriminations à l’emploi pour les personnes atteintes de maladies chroniques


17e Législature
Publication de la question au Journal Officiel du 25 février 2025, page 1204
Publication de la réponse au Journal Officiel du 6 mai 2025, page 3302

Question de : Mme Isabelle Rauch
Moselle (9e circonscription) – Horizons & Indépendants

Mme Isabelle Rauch appelle l’attention de Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur les discriminations persistantes à l’emploi à l’encontre des personnes atteintes de maladies chroniques telles que le diabète, la maladie de Crohn ou encore l’hémophilie. La loi du 6 décembre 2021 a posé le principe selon lequel les conditions de santé exigées pour l’accès à un emploi ou à une formation doivent être proportionnées aux risques réels encourus par la personne ou les tiers. Dans ce cadre, un comité interministériel dit « des métiers interdits » avait été mis en place afin d’actualiser les textes discriminatoires à la lumière des progrès médicaux. Toutefois, les associations d’usagers de la santé (Fédération française des diabétiques, AFA Crohn France, AIDES, France assos santé et transhépate) ont récemment quitté ce comité, dénonçant son inefficacité et l’absence d’avancées concrètes. Elles alertent sur la persistance d’inaptitudes médicales d’office empêchant, encore aujourd’hui, des millions de Français d’accéder à certaines professions. En outre, dès 2022, la police nationale a abandonné le référentiel SYGICOP, suivie récemment par le ministère des armées pour l’accès à la réserve, au profit d’une évaluation basée sur la fiche de poste ou au cas par cas. Ces décisions, censées concrétiser la loi de 2021, n’ont pourtant pas mis fin aux exclusions injustifiées qui persistent. Ainsi, de nombreuses personnes malades restent empêchées d’exercer des métiers comme sapeur-pompier, gendarme, militaire de réserve ou encore capitaine de navire. Dans ce contexte, elle souhaite connaître la position du Gouvernement sur cette situation et les mesures envisagées pour garantir l’application effective de la loi et l’égalité d’accès au travail.

Réponse publiée le 6 mai 2025

La loi du 6 décembre 2020 a constitué une avancée majeure pour l’accès aux emplois et formations des personnes atteintes de maladies chroniques. Elle fixe en effet des principes législatifs forts en matière d’aptitude aux métiers et formations : proportionnalité des restrictions aux risques pour le candidat et les tiers, évaluation individualisée de l’aptitude du candidat, etc. La loi a prévu la création d’un comité d’évaluation des textes encadrant l’accès au marché du travail des personnes atteintes de maladies chroniques pour travailler à lever les difficultés d’embauche de ces personnes. Ce comité a été institué il y a un peu plus de deux ans et a associé des associations de patients. Ces dernières années, des évolutions réglementaires significatives ont été réalisées pour réduire les restrictions d’accès des personnes atteintes de maladies chroniques aux emplois et formations. A titre d’exemple, le ministre des armées a annoncé en mai 2023 la levée des restrictions à l’embauche de personnes séropositives qui a été formalisée par l’arrêté du 9 mai 2023. Le ministre a également publié l’arrêté du 11 décembre 2023 modifiant l’arrêté du 29 mars 2021 relatif à la détermination du profil médical d’aptitude en cas de pathologie médicale ou chirurgicale : ce texte prévoit que les médecins d’aptitude prennent leurs décisions en s’appuyant sur les indications du SIGYCOP (référentiel cotant les états de santé des candidats pour déterminer leur aptitude) mais qu’ils peuvent désormais s’en écarter si la situation individuelle du candidat le justifie. Par ailleurs, concernant les métiers de la police nationale, l’arrêté du 29 mars 2021 et le décret du 24 novembre 2022 mettent fin à l’usage du référentiel SIGYCOP au sein de la police nationale, en lui substituant un dispositif d’appréciation d’aptitude plus individualisé. A noter que, depuis janvier 2025, le SIGYCOP ne s’applique plus pour l’ensemble des réservistes des armées et de la gendarmerie, pour lesquels l’aptitude sera établie en fonction de la fiche de poste. Ces textes ont en commun de permettre aux médecins d’aptitude d’apprécier individuellement la capacité à servir d’une personne atteinte de maladie chronique au regard des exigences du service, comme prévu par la loi du 6 décembre 2020. Ils bénéficieront à l’ensemble des personnes souffrant de maladies chroniques et notamment aux personnes atteintes de diabète. La loi du 6 décembre 2020 a également prévu que le comité adresse chaque année, via son secrétariat, au Gouvernement et au Parlement un rapport sur l’avancée de ses travaux et sur les évolutions constatées des réglementations relatives à l’accès à une formation ou à un emploi des personnes atteintes d’une maladie chronique. Le comité a transmis le rapport portant sur l’activité 2022 en juin 2023 et le rapport portant sur l’activité 2023 en février 2025. Le rapport portant sur l’activité 2024 est en cours de préparation. Alors que le comité arrivera dans quelques mois au terme de son mandat, des réflexions sont en cours sur la manière d’assurer la poursuite de ses missions, dans un cadre opérationnel et efficace en lien avec les ministères concernés par les textes et les associations de patients.

Source : https://questions.assemblee-nationale.fr/q17/17-4395QE.htm

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