Treize ans après le décès de son mari elle obtient une aide financière de l’Armée

JOURNAL DU CENTRE – Samedi 19 juin 2004

VICTOIRE POUR LA VEUVE DU SOLDAT

Epouse d’un militaire décédé suite à une hémorragie cérébrale, Nadine VIDOT-BOULOGNE a mené un long combat pour obtenir une première reconnaissance de l’Armée.

« Maintenant on va pouvoir passer à autre chose » confie Nadine Vidot-Boulogne, en sortant une lettre d’une enveloppe, signée Michelle Alliot-Marie ; la feuille à entête du Ministère de la Défense annonce que l’Action sociale des Armées prend en charge le solde d’une dette de près de 23 000 euros. « C’est la fin de treize années de galère et de souffrances » souligne Nathalie, 24 ans, assise aux côtés de ses soeurs Amélie, 18 ans, et Laura 15 ans. « On va pouvoir acheter la maison où l’on vit à Pougues les Eaux », complète la maman.
Le cauchemar a débuté le 24 avril 1991. A 7h30 ce jour là, le Maréchal des Logis Chef Jean Pierre VIDOT décharge des caisses de munitions sur un quai, à Djibouti. Soudain, un malaise. Puis un second. On le transporte à l’infirmerie, puis à l’hôpital. Pour crise d’épilepsie, d’après un premier extrait du registre du 10ème bataillon de commandement et de soutien de Djibouti, Jean pierre Vidot est dans le coma. Il n’en ressortira plus. De l’Yonne où elle réside, Nadine ne peut pas obtenir de renseignements sur l’état de son époux. Le 1er mai 1991, on l’évacue sur Paris, à l’hôpital du Val de Grâce ; il y reste quatre mois avant d’être transporté au Centre héliomarin de BERCK (PAS DE CALAIS). Au bout de six mois, il doit quitter les lieux. Son épouse cherche un établissement où l’on peut accueillir ce malade dont la pathologie s’avère trop lourde.
Elle contacte tous les hôpitaux militaires. Sans succès. Finalement, en février 1992, elle trouve un lit au Centre de long séjour du Centre hospitalier de Sens (YONNE). Mais, très vite, elle ne peut plus débourser les 13 000 F nécessaires tous les mois pour compléter l’aide médicale. L’Armée reste de marbre devant la situation de cette mère de famille surendettée, mais pas le Conseil Général de l’Yonne qui, jusqu’au décès de Jean pierre Vidot le 11 juin 1993, versera cette somme.
Fin 1991, Nadine Vidot se rend à une commission de réforme, à la place de son époux, convoqué alors même qu’il est dans le coma depuis huit mois… Quelques semaines plus tard, un imprimé « modèle 115 » lui apprend que la maladie ne peut être imputable à un accident de service, par « défaut de preuve ».
Nadine Vidot se retourne vers le Tribunal de Grande Instance d’Auxerre. Elle fait appel de cette décision. En août 1997, elle obtient gain de cause. La maladie mortelle de Jean pierre Vidot est bien en relation avec son service. Elle et ses filles se voient attribuer un arriéré de pensions pour la période 1993-1995, année au cours de laquelle Nadine Vidot s’est remariée. La somme avoisine les 398 000 F. Le Ministère de la Défense, dirigé par Alain Richard, conteste la décision et obtient en appel le gain de la cause qu’il défend. Un an plus tard, en mai 1999, le Conseil d’Etat va dans le même sens. Il ne reste plus qu’à rembourser « la dette ». Tous les mois, elle donne 199 euros au Trésor Public. Elle multiplie les démarches. En vain.
A l’automne 2002, Nadine Vidot – Boulogne décide passer à l’attaque. Elle contacte l’Association de Défense des Droits des Militaires (ADEFDROMIL), présidée par Michel BAVOIL et dévoile son histoire au grand jour (notre édition du 16 novembre 2002). Les mois passent, les remboursements continuent. Une première bonne nouvelle arrive le 23 décembre 2003. Un courrier émanant du Ministère du Budget lui accorde une « remise gracieuse » de 30 000 euros. Somme qui, avec la prise en charge des 22 757,49 euros par le Ministère de la Défense, permet de solder complètement la dette.
En remettant dans son enveloppe la lettre signée par Michelle Alliot-Marie, Nadine Vidot-Boulogne montre le cachet en date du 11 juin 2004 « onze ans, jour pour jour, après le décès de Jean pierre » elle y voit un signe ; celui de la reconnaissance complète de sa situation par l’Armée, sa réponse est nette : « quelque part, il s’agit déjà d’une reconnaissance. Mais c’est sur, je continuerai mon combat au sein de l’ADEFDROMIL ».

Voir aussi :

Femme d’honneur et de parole, Michèle ALLIOT-MARIE met un terme à l’affaire VIDOT Le calvaire de la veuve du soldat VIDOT La veuve d’un sous-officier se bat contre l’Armée Le combat d’une femme seule contre l’armée – il faut faire payer la veuve VIDOT Calvaire. Le sort et l’armée se sont acharnés sur un sergent-chef et sa famille Affaire VIDOT : Tribunal des pensions ou tribunal tout court ? Réactions à l’affaire VIDOT

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