La cote officielle des familles de militaires

Il fut un temps où le calcul des droits à déménagement des militaires dépendaient étroitement du rang hiérarchique occupé par le chef de famille. Ainsi, un militaire du rang et sa famille étaient moins bien considérés qu’un sous-officier disposant d’une famille identiquement composée ; lesquels disposaient de droits à déménagement inférieurs à ceux donnés à la famille d’un officier subalterne, eux-mêmes inférieurs à ceux alloués à un officier supérieur, toujours moindres que ceux offerts à un officier général accompagné de sa famille.

Le rapport sur le moral étant passé par-là, du moins dans l’Armée de l’Air, le rôle du CFM d’armée concernant une meilleure reconnaissance des familles, me permettait d’imaginer que cette forme de distinction hiérarchique touchant maladroitement ces dernières serait dépoussiérée au nom de l’égalité républicaine par exemple. Ce classement matériel des familles ne pouvant plus être justifié que lors des thés et bridges organisés par l’ANFOC – vive la République ! – la position hiérarchique du chef de famille ne devait plus conditionner le volume hiérarchique de layette à déménager ; fût-il celui d’un simple soldat père de famille… eh oui, ça existe Mon Général ! … A cela s’ajoutait bien sûr la « valeur » de l’épouse et des enfants pour les frais de déplacement et de restaurant, lesquels ne pesaient là encore pas bien lourd lorsque situés au bas de l’échelle, alors qu’au sommet, les coûts réels étaient mieux pris en compte. A croire que les mômes d’un Général avait plus d’appétit que ceux d’un sergent-chef !

Je fus bien naïf de penser que mon épouse valait désormais – aussi bien en terme de poids que de volume, grossesse mise à part – autant que les épouses des élites. A ceci je ne puis répondre, mais une question demeure désormais dans un espace reculé de mon esprit. Il y a eu dernièrement un réajustement au profit des familles, lesquelles ne comprenaient pas toujours les inégalités dont elles étaient victimes. Cependant, je pensais que le principe essentiel avait été observé et compris de l’administration centrale : il n’en est rien. Les informations jointes à ma dernière feuille de solde, indiquent à mon grand étonnement que les mauvaises habitudes n’ont pas quitté définitivement la maison. Malgré une amélioration louable, il reste toujours deux groupes de familles : celles des lieutenants-colonel à officiers généraux et celles des militaires du rang jusqu’au grade de commandant. Je conçois bien une différence entre les titulaires d’une charge militaire mais je m’interroge toujours sur les fondements d’une différenciation entre les épouses et les enfants.

Bien que certaines épouses d’élites militaires collèrent parfois en privé comme le font leur époux en public, il n’est pas pour autant raisonnable de leur offrir des moyens matériels calqués sur le rang hiérarchique de leur mari respectif. Un bureau de style Empire est plus volumineux à déménager qu’une table de travail Ikéa certes, mais depuis Marie Antoinette, les coiffeuses à moumoutes sont toutes de mêmes dimensions, non ?
« … enfin, c’est juste une idée en l’air… »

Daniel

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