Rillieux : malaise à la base militaire après trois suicides de fonctionnaires

Trois agents du ministère de la Défense qui travaillaient sur cette base logistique de Rillieux-la-Pape ont mis fin à leurs jours en l’espace d’un an. Les syndicats s’inquiètent d’un climat dégradé lié aux restructurations

L’atmosphère est lourde au Quartier Osterode. En douze mois, trois fonctionnaires civils du ministère de la Défense qui travaillaient sur cette base logistique située à Rillieux-la-Pape ont mis fin à leurs jours. Une information qui a été confirmée par le service de presse de l’Armée de Terre et par la direction des ressources humaines du ministère. Ces agents avaient tous une cinquantaine d’années. Ils avaient fait l’essentiel de leur carrière dans cette branche.

Comme leurs collègues, ils étaient concernés par les mesures de restructuration, le site devant fermer définitivement ses portes en 2012. Aujourd’hui, leurs camarades sont sous le choc. Et cherchent à comprendre.

« Ils avaient des problèmes dans leur vie privée, ça, on ne le conteste pas. Et ils ne se sont pas suicidés sur leur lieu de travail. N’empêche. Dans ces histoires, il n’y a pas de hasard. Trois drames, dans un laps de temps aussi court, ça fait beaucoup. Surtout avec un effectif global de 240 personnes à Rillieux », affirme cet employé qui tient à garder l’anonymat. Preuve que le sujet est sensible. Et que l’ambiance générale est au plus bas.

« Cette restructuration est vécue comme la fin d’un monde. Ça crée un climat de psychose. Les plus fragiles flanchent. On ne sait pas en revanche si le premier suicide a été le déclencheur, rendant possible un passage à l’acte pour les autres », prévient Dominique Vittori, délégué régional de Force ouvrière (FO) Défense, syndicat majoritaire sur le site.

Quatre unités sont basées à Osterode. Elles seront dissoutes ou transférées à Lyon, au Quartier Général Frère (lire ci-dessous). Et les agents vivent d’autant plus mal ce redéploiement qu’ils ont rarement été confrontés à l’instabilité dans leur univers professionnel.

« A Osterode, on a vieilli ensemble. La moyenne d’âge dépasse 40 ans. Il n’y a pas eu de renouvellement dans les effectifs. Les nouveaux ? Ils viennent de bases qui ont fermé il y a quelques années. Du coup, on ressasse les problèmes. Le matin, quand on arrive au boulot, c’est pas la joie, mais plutôt le marasme », raconte cet agent du commissariat de l’Armée de Terre.

Pour lui, comme pour les autres fonctionnaires interrogés, il n’est pas question de pointer du doigt l’encadrement de la base. C’est la réforme qui est dans le collimateur. « La réalité est simple : on restructure et on ferme. Le mal est là, dès le départ. Après, l’administration a beau accompagner ce plan social, ça reste de la pommade sur une tumeur », déplore Dominique Vittori.

Selon nos informations, l’administration aurait décidé d’envoyer un médecin à Rillieux afin d’évaluer la situation et les risques psycho-sociaux.

Marien Trompette

 Source: www.leprogres.fr 

 

 

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