Un lieutenant-colonel mis en examen pour harcèlement moral

Le Journal de l’île – Vendredi 11 juillet :

C’est à la suite d’un dépôt de plainte avec constitution de partie civile que le commandant du Détachement avancé des transmissions, basé à Rivière-des-Pluies (Sainte-Marie), a été mis en examen pour « harcèlement moral ».

Vendredi dernier, le juge d’instruction Yann Boucharé a décidé de mettre en examen le lieutenant-colonel Jean-Luc Lauret pour harcèlement moral. Il a également ordonné le placement de cet officier commandant le Détachement avancé des transmissions (DAT), une unité militaire basée à la Rivière-des-Pluies (Sainte-Marie). Désormais, le lieutenant-colonel ne doit plus quitte l’île. Impossible également d’entrer en contact avec les militaires affectés à cette unité et entendus comme témoins dans ce dossier. Un dossier ouvert par le juge d’instruction dionysien à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile déposée par l’adjudant Lebigre en septembre 2002, à l’encontre de son supérieur hiérarchique. Retour sur un dossier en cours d’instruction.

En poste dans cette unité de renseignements depuis le mois d’août 2001, l’adjudant Lebigre est félicité par ses supérieurs hiérarchiques pour la qualité de son travail. Apres les événements du 11 septembre 2001, le DAT accentue son activité d’écoute sur le Moyen-Orient et enrichit ses rangs par l’arrivée d’un interprète en langue perse. La jeune fille se lie d’amitié avec l’adjudant Lebigre. Parallèlement, le lieutenant-colonel Lauret ne paraît pas être indifférent à la demoiselle. Et il ne voit pas la relation entre la jeune interprète et l’adjudant d’un très bon oeil.

C’est à ce moment que les relations entre le sous-officier et son supérieur se dégradent : les notations de Lebigre, jusqu’à présent excellentes, l’empêchent de passer au grade supérieur. Les menaces, les sanctions et les mises a l’écart se succèdent. Jaloux de la relation entre la jeune femme et l’adjudant, le commandant paraît vouloir se débarrasser de Lebigre.

DEUX ENQUETES INTERNES

En juillet 2002, le militaire fait même l’objet d’une mesure de rapatriement sanitaire en métropole pour un internement dans une unité spécialisée en neuropsychiatrie. L’adjudant attaque la décision militaire devant le tribunal administratif. Le juge des référés lui donne raison, la décision est suspendue au motif qu’elle est tout simplement illégale. «La décision est entachée d’erreur manifeste d’appréciation dès lors que les certificats médicaux démontrent que son état de santé ne nécessite pas une telle mesure. » Une première victoire pour l’adjudant, à qui on propose un poste à Mayotte pour, une fois de plus, l’éloigner. Mais le militaire poursuit son action en déposant donc une plainte pour harcèlement moral en septembre 2002.

Agissant sur commission rogatoire du juge d’instruction, les enquêteurs de la justice civile entendent ainsi une vingtaine de témoins, tous militaires affectés au DAT. Les enquêteurs se seraient également rendus en métropole pour entendre les militaires anciennement en poste à la Réunion. La décision du juge Boucharé, motivée par les conclusions de l’enquête préliminaire, a donc abouti a la mise en examen du lieutenant-colonel Lauret, vendredi dernier.

Parallèlement, deux enquêtes de commandement auraient été effectuées en interne par la direction du renseignement militaire. La première aurait conclu à des faits « ridicules », la seconde les auraient qualifiés de « regrettables ». La hiérarchie militaire ne peut de toute façon pas commenter cette mise en examen. « On laisse la justice civile suivre son cours »

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