Il est aumônier, il court et saute en parachute avec les bérets verts du 2e REP. Ce qui a vite fait de lui une figure aussi populaire que respectée dans ce régiment d’élite qui vient encore de perdre un homme la semaine dernière. Refusant les demi-mesures et les compromis, le père de Pommerol a tout du curé de combat.
En d’autres temps, le père Benoît Jullien de Pommerol aurait fait un parfait martyr, dans le genre de Thomas Beckett ou de sir Thomas More, admirables autant qu’insupportables d’intransigeance, se heurtant sans cesse à un monde trop prompt aux compromissions. Il aurait pu aussi être un moine soldat, un Templier voué à la défense du royaume latin de Jérusalem, ou endosser l’armure d’un prélat batailleur du Moyen Age, sûr de sa foi et de son épée. Ou bien encore devenir un ascète, émule du Père de Foucauld, éperdu de prière au fond d’un désert. Né au XXe siècle, le père de Pommerol est devenu aumônier militaire. Ce jeune prêtre épris d’absolu est le «Padre», comme on appelle familièrement les aumôniers dans l’armée, du 2e régiment étranger de parachutistes, en mission depuis le début de l’année en Afghanistan. Grand et maigre, un long visage de saint du Greco, le Padre dit la messe tous les matins, son aube enfilée par-dessus sa tenue camouflée et ses bottes de saut. Sa petite chapelle est aménagée en sous-sol dans un ancien bunker soviétique. Elle se trouve au sommet de la base française de Tora, dans le district de Sarobi, à l’est de Kaboul, perchée sur un éperon rocheux perdu au milieu des montagnes afghanes….
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