Le sergent instructeur avait mutilé son légionnaire (Geoffroy TOMASOVITCH)

PROCES: Un sergent de la légion comparaît aujourd’hui à Bastia pour avoir tiré, avec des balles à blanc, sur un soldat qui avait mal exécuté un ordre.

La carrière du légionnaire Jozef M. s’est brisée en 2008 le jour où son sergent instructeur l’a « puni » en lui tirant à bout portant deux balles à blanc dans l’entrejambe. depuis, ce Slovaque de 25 ans, qui a dû subir l’ablation d’un testicule, se morfond en congé longue maladie entre souffrances et déprime. Le procès de son agresseur se tient cet après-midi devant la chambre militaire du tribunal correctionnel de Bastia Makoto M. comparaît pour « violences suivies de mutilation ». Il encourt dix ans de prison et 150 000€ d’amende.

Le 12 janvier 2008 en Corse, Josef, soldat de 23 ans du 2e régiment étranger de parachutistes engagé dans la légion en 2002, suit un stage pour devenir caporal. Le sergent M., qui dirige un exercice de combat, lui ordonne de « faire le plastron », c’est-à-dire de jouer le rôle de l’ennemi. Le Slovaque comprend mal les consignes données par le sous-officier japonais. Il tire à blanc vers la troupe qui s’avance au lieu de faire pan! avec la bouche.

Enervé, le sergent s’empare d’un fusil d’assaut, s’assure qu’il est chargé et pointe le canon à moins de 1 cm de l’entrejambe du légionnaire au sol. Regardant le soldat dans les yeux, il tire deux cartouches de munitions d’exercice dans les parties génitales du légionnaire, qui hurle de douleur, horriblement brûlé. Un geste gratuit d’une violence inouïe. Le règlement interdit tout tir à blanc à moins de 5 m d’une cible humaine.

La victime subit plusieurs opérations et est déclarée inapte au service actif

La légion, qui souligne une « faute professionnelle très grave », inflige quarante jours d’arrêts au sergent. Une sanction légère comparée aux lourdes séquelles pour la victime. Le jeune Slovaque subit plusieurs opérations et est déclaré inapte au service actif. Ses rêves de légion s’envolent. Son infirmité lui occasionne des douleurs persistantes, le plonge dans un état anxio-dépressif et lui procure un sentiment de gêne, voire de honte, dans sa vie intime. « Il s’agit de faits particulièrement graves, relève son avocat, Me Eric Morain. De plus, la hiérarchie a tenté d’étouffer cette affaire susceptible de ternir l’image de l’armée en n’alertant que tardivement le procureur et en dissuadant mon client de porter plainte. »

Devant les gendarmes, le sergent a expliqué avoir voulu « punir » le légionnaire. Aujourd’hui, il pourrait invoquer un tir involontaire, thèse bien peu crédible. Les intérêts civils de la victime, qui réclame 153 000€ pour l’ensemble de ses préjudices, seront examinés en juillet.

Source: Le parisien n° 20407 du mardi 20 avril 2010 ( www.leparisien.fr)

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