Communiqué de presse de l’ADEFDROMIL: L’Adefdromil demande, au nom du devoir de mémoire des 106 jeunes maquisards exécutés le 13 juin 1944 près de Revin dans les Ardennes à ce que l’association des militaires allemands, dénommée « Karl Theodor Molinari Stiftung » soit débaptisée, car elle porte le nom d’un criminel de guerre

         Association de défense des droits des militaires
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représentée par son président en exercice le Colonel e.r. Jacques BESSY

 

A Paris, le mardi 20 janvier 2015

 

 

   COMMUNIQUE DE PRESSE DE L’ADEFDROMIL

 

L’Adefdromil demande, au nom du devoir de mémoire des 106 jeunes maquisards exécutés le 13 juin 1944 près de Revin dans les Ardennes à ce que l’association des militaires allemands, dénommée « Karl Theodor Molinari Stiftung » soit débaptisée, car elle porte le nom d’un criminel de guerre, condamné à mort par contumace par le tribunal militaire de Metz en 1951. Elle rappelle que le ministre de la défense a été saisi en vain, en 2013, de cette question par l’intermédiaire de M. Daniel Boisserie,  député d’Oradour sur Glane. Elle va donc saisir le Président de la République de ce problème mémoriel.

L’Adefdromil a appris avec beaucoup de surprise l’audition par la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale, le mercredi 21 janvier 2015, du général Hans Dieter POTH, attaché de  défense de la République Fédérale d’Allemagne à Paris sur le droit d’association des militaires.

Cet officier général allemand va donc parler aux députés de la  Commission de la Défense de l’Assemblée nationale, de la Fondation Karl Theodor Molinari (KTMS pour Karl Theodore Molinari Stiftung), l’association des militaires allemands de la Bundeswehr.

Karl Theodore Molinari, criminel de guerre.

En 1944, le major (commandant) Karl Theodor Molinari commande un élément du 36ème Panzer Regiment.  C’est un jeune officier de 29 ans  dont la grande taille impressionne, il mesure plus de 1.95m,  il porte avec élégance son uniforme noir de tankiste. Son unité est stationnée dans les Ardennes.

Le 12 juin, il reçoit l’ordre de cerner les bois au dessus de Revin, dans lesquels s’est constitué un maquis à l’initiative de Londres.

Le chef du maquis des Manises, le futur général Jacques Pâris de Bollardière, et les militaires les plus aguerris parviennent à s’exfiltrer de nuit. Mais, 106 jeunes sont capturés.

Dans la nuit du 12 au 13 et le 13, avant leur exécution,  les prisonniers, ceux qui n’ont pas été abattus sur-le-champ, sont interrogés dans des conditions épouvantables…

Devant l’église, 30 d’entre eux sont attachés avec des élingues de câbles et des cordes à parachutes. D’autres sont massacrés dans la forêt.  Des prisonniers sont rassemblés dans un jardin privé appartenant à M et Mme Deschamps. Selon les témoins,  un officier de grande  taille, de tenue noire, serait arrivé chez  eux. Les prisonniers avaient les mains liées avec des fils de fer. Il les a fait coucher sur le sol à plat ventre. En même temps, il ordonnait fermement à ses soldats de les frapper avec les crosses des fusils. Il s’est mis à sauter à pieds joints sur les hommes entravés, et les soldats firent de même. Le grand officier en tenue noire est revenu trois fois, et sur ses ordres, les soldats continuèrent les sévices jusqu’à que les prisonniers ne soient que de pauvres loques humaines.  Plus tard, ils ont été emmenés dans des camions pour rejoindre d’autres prisonniers…pour en finir. Cinq par cinq, ils ont été abattus, mitraillés dans le dos…

Le  nom de Molinari, officier de la Wehrmacht restera donc toujours entaché d’un doute : celui de son implication probable et directe dans l’exécution de 106 jeunes du maquis des Manises et de sa participation aux tortures qui ont précédé l’exécution.

Molinari a été condamné à mort par contumace par jugement du tribunal militaire de Metz, le 13 avril 1951.

Karl Theodor Molinari, premier président de l’association des militaires allemands, puis général démissionnaire de la Bundeswehr.

Karl Theodor Molinari a ensuite été recruté par la Bundeswehr en 1956. Il est devenu le premier président de l’association des militaires allemands nouvellement créée, la Bundeswehr Verband. Il a été par la suite nommé général. Mais, il a dû démissionner en 1970 en raison de son passé, après que le gouvernement français s’est manifesté auprès des autorités de la République Fédérale d’Allemagne (JORF-Débats parlementaires Ass. Nat. 21/12/1969 page 5123). Il a reconnu avoir participé à la capture des maquisards, mais a nié avoir été présent lors de leur exécution. L’enquête en Allemagne a été classée rapidement. Karl Theodor Molinari était aussi membre de la CDU…

En 1988, son nom a été associé à la Bundeswehr Verband, qui se dénomme désormais « Karl Theodor Molinari Stiftung ».

Il ne s’agit pas de refaire le procès de Karl Theodor Molinari, condamné à mort par contumace par un jugement du tribunal militaire de Metz du 13 avril 1951 et décédé en 1993. Deux rapports commandités par l’association allemande en 2003, puis 2009 à des historiens ne lèvent nullement le doute sur le rôle de Molinari en 1944. Et l’avis de la partie française, quelque peu concernée, n’a jamais été sollicité.

En tout état de cause, quels que soient les mérites de Karl Theodor Molinari dans la Bundeswehr, il est choquant, voire insultant pour la mémoire des jeunes fusillés des Ardennes et pour nos compatriotes que l’association des militaires de l’armée allemande puisse porter son nom et que l’attaché de défense allemand soit invité à vanter les mérites de son association devant la représentation parlementaire.

Cela est d’autant plus choquant que dans le même temps, nos amis allemands acceptent de venir se recueillir à Oradour sur Glane et même de rouvrir une enquête.

L’amitié franco-allemande, qui fonde la politique de la France en Europe depuis le traité de l’Elysée en 1963 justifie, de notre point de vue, que nos amis allemands fassent un geste de bonne volonté et retire le nom de Molinari à leur association.

 

Le communiqué au format pdf:   https://www.adefdromil.org/wp-content/uploads/2015/01/CR-29.pdf

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