Harcèlement sexuel: Vingt trois ans après les faits, Marie Claude n’a pas oublié et rien a changé!

Je suis contente de voir qu’enfin des femmes ont eu le courage de porter plainte et de briser le silence des Armées au sujet du harcèlement sexuel et autres que l’on subit en son sein.

J’ai connu cela en 1991.

j’ai subi de la part d’un chef des attouchements, des réflexions déplacées même de la part de collègues. Personne à qui me confier, personne pour me soutenir, ce chef étant introduit dans les hautes sphères personne ne voulait mettre en jeu sa carrière !!!!!

on faisait la sélection des jeunes qui postulait pour une carrière dans l’Armée de l’Air, ce chef a eu des problèmes avec une candidate, le père voulant porter plainte cela a été étouffé en permettant à la jeune fille d’être reçue !!!!!! moi j’ai eu droit à un dossier de notation en rouge alors que jusqu’à ce jour je n’avais eu aucun problème, personne ne s’est étonné de ce fait, il m’a fait muté d’office. De la , ma carrière a été fichue, j’ai perdu un galon et suis partie avec une retraite anticipée alors que depuis mon entrée dans l’Armée en 1972 je n’avais eu aucun problème. J’en ai gardé un profond sentiment d’injustice, de l’amertume et j’ai perdu l’estime de cette Armée qui se présente comme une grande famille, pas pour certains en tout cas.

on ne sait qui contacter, on ne connaît pas nos droits

Il serait temps que toutes ces femmes puissent parler de ce qu’elles subissent au quotidien.

Combien de fois j’ai pleuré le soir de ce que je subissais dans la journée. Dans les années 90 le harcélement on n’en parlait nulle part . Il faudrait mettre en place une structure d’écoute, de soutien, d’aide dans les démarches, on ne sait qui contacter, on ne connaît pas nos droits. Cette structure doit comporter des femmes car on se confie plus facilement à une femme pour ce genre de choses. Dire que nous sommes en 2014 et que l’Armée commence à ouvrir les yeux sur ce qui a existé de tout temps mais on n’en parlait pas.

C’est la victime qui se sent fautive

je n’en ai jamais parlé à des collègues féminines. On a honte, on se demande si on a eu des paroles, des gestes qui auraient pu inciter la personne à croire qu’elle pouvait se permettre certains gestes, c’est horrible comme situation car c’est la victime qui se sent fautive. Je m’en veux encore de n’avoir pas su comment réagir, comment me défendre et d’avoir foutu ma carrière en l’air à cause d’un homme qui de nos jours aurait une plainte déposée contre lui car cet homme était connu pour ses façons de faire envers les femmes mais c’était l’omerta, c’était viril comme attitude, c’est que les femmes le voulaient bien et j’en passe…….

En plus de lui , il y avait les remarques sur le physique que l’on doit subir des collégues quand on ne rentre pas dans leurs critères de beauté et ce sous forme de plaisanteries entre eux mais dites assez forts pour que l’on entende mais pas dites directement comme cela on peut toujours dire que vous êtes susceptibles, que vous comprenez de travers, que vous êtes quelqu’un ne comprenant pas la plaisanterie !!!!!!!

Eviter ce gâchis à nombre de ces femmes

Alors j’espère qu’enfin cela va changer au sein de cette Armée et que tout sera fait pour que les femmes subissant ces harcèlements puissent avoir une structure d’écoute, d’aide et de soutien. Car pouvoir en parler à quelqu’un qui ne vous juge pas , qui ne prend pas parti , qui vous conseille , c’est déjà énorme et fait beaucoup de bien.

Deux ans après mon départ d’office de l’Armée par limite d’âge du grade d’adjudant (47 ans), n’ayant pu avoir mon galon d’adjudant- chef au regard de mon dossier,  j’ai fait une grave dépression. Alors si on pouvait éviter ce gâchis à nombre de ces femmes cela serait formidable. Mais connaissant l’Armée je pense qu’il faudra encore beaucoup de temps car c’est un milieu fermé et « macho » où il faut en entendre des « vertes et des pas mûres » comme on dit et en mettre beaucoup dans sa poche si on ne veut pas se retrouver mise à l’écart. Pour avoir la paix on est obligé de se fondre dans le décor et de la fermer. A moins d’être un garçon manqué ou d’avoir un caractère d’acier il vaut mieux se diriger vers autre chose, là où une femme  s’épanouira mieux et aura une vie plus stable et plus facile.

De beaux jours devant eux

Les petits chefs et les machos ont encore de beaux jours devant eux malheureusement.

Combien de fois je me suis dit que dans le civil ce genre de choses ne se passerait pas comme cela. Que leurs propres femmes n’accepteraient pas tout ce que nous acceptons de leur part par la force des choses. Combien de fois je me suis dit que si on les enregistrait ou on les filmait , leurs épouses en tomberaient raides.

Tout cela je l’ai connu dans les années 1990 et ce jusqu’en 2000 date de mon départ et je vois que les choses n’ont pas évolué.Alors je pense qu’il faudra  encore longtemps pour que ces faits soient reconnus et sanctionnés par les instances militaires. Il ne faut pas oublier que cela sera toujours la parole d’une femme contre celle des hommes qui se soutiendront mutuellement  de peur de perdre l’estime des autres et de nuire à leurs carrières.

Alors bon courage à vous tous.

Marie Claude

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