L’Adefdromil a lu : « Un espion français à l’Est »

Cet ouvrage de Jean Jacques CECILE, qui a servi au 13ème régiment de dragons parachutistes (13ème RDP) retrace la carrière de Pierre Bach, qui a fait partie en son temps de l’élite des sous-officiers de l’armée de terre.

Pierre Bach, né allemand en 1943 de parents et de grands-parents eux aussi allemands pour cause d’annexion de l’Alsace Moselle après la défaite de 1870, puis celle de 1940, est devenu Français en 1945.

Il s’est engagé en 1962. Ses états de service et ses qualités de linguiste l’ont conduit rapidement dans la filière –alors non officielle- du renseignement militaire.

L’auteur nous livre donc l’expérience particulièrement riche de son héros, acquise tout au long de deux séjours à la Mission militaire française de liaison à Postdam, d’une affectation comme secrétaire de l’attaché de défense à Budapest, et enfin un séjour à Zagreb en Croatie.

Dans le monde du renseignement, il n’y a pas d’espions, mais des sources et des officiers traitants. Pierre Bach, sous-officier de l’armée française, était une des sources officiellement chargée de recueillir l’information sur les forces du Pacte de Varsovie, notamment soviétiques, susceptibles d’attaquer l’Europe de l’Ouest.

La situation née de la défaite allemande et de la victoire des alliés, URSS comprise, était pour le moins cocasse. Elle résultait, de fait, de la position des diverses armées à la cessation des hostilités en 1945. C’est ainsi que sont nées quelques années plus tard : l’Allemagne fédérale (RFA) et la République démocratique allemande (RDA) sous influence soviétique. Berlin, enclave à l’intérieur de la RDA, avait conservé un statut spécial et était divisé en quatre zones d’occupation (Etats unis, Union Soviétique, Royaume Uni et France). Les accords interalliés avaient organisé des échanges de Missions militaires initialement à but diplomatique. Mais, rapidement, au fur et à mesure de la montée de l’affrontement idéologique entre les deux blocs, et en particulier, à partir de la construction du mur de Berlin en 1961, ces Missions furent utilisées pour collecter de l’information militaire sur les forces du GFSA (groupe des forces soviétiques en Allemagne) stationnées en RDA, prêtes à foncer à l’Ouest sur ordre du Politburo.

Les Missions militaires de liaison sont ainsi devenues des « nids d’espion » officiels aux yeux des soviétiques et de leurs alliés est-allemands. Leurs déplacements en RDA autorisés, mais réglementés, ont souvent conduit les militaires qui en faisaient partie, à pratiquer le jeu dangereux du chat et de la souris avec les forces de l’ordre adverses. Un sous-officier français y a laissé la vie, victime d’un traquenard organisé et exécuté par des membres des forces de sécurité de la RDA.

Ce livre écrit dans un style clair et direct nous renvoie ainsi à la période de la guerre froide, trop vite oubliée des jeunes générations. Il raconte aussi une belle carrière de sous-officier de l’armée de terre achevée par une mission en ex-Yougoslavie et suivie par cinq années dans la réserve.

Pierre Bach a bien mérité de la patrie.

Editions du Rocher.  22 euros.

Un espion français à l’Est

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