Un lieutenant qui sait écrire.. Réponse au général Bentegeat (Roland Pietrini)

Voilà un lieutenant, qui sait écrire ! Mais ce qu’il convient de saluer c’est avant tout son courage.  Il en faut pour sortir du silence, et il le fait avec un ton sincère et somme toute mesuré.

J’ai retenu quelques réflexions de sa part qui méritent un commentaire.

– « La pensée dans l’armée Française est un arbre à beaucoup de branches mais bien peu de fruits. Que l’on s’écarte trop de la norme, on est condamné. »

Je me  souviens, en effet, « d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre », un temps ou l’expression libre dans les armées était encouragée. Un temps où dans la rubrique « opinion » d’Armés d’Aujourd’hui, il était possible de s’exprimer, en respectant les formes certes, mais le droit de réponse allait de soi. Cette rubrique avait le mérite d’exister, elle était ouverte au plus grand nombre sans  enlever quoi que ce soit au  cercle restreint des « érudits »  de la défense.

Un temps où la défense, en dépit des multiples critiques et oppositions dans l’air du temps,  (les années 70/80 voyaient fleurir  les mouvements pseudo-pacifistes (1),  se justifiait par une menace caractérisée, un temps où la France sacrifiait 5% de son PIB à la défense et n’en était pas plus mal pour autant. Un temps où la pensée pouvait s’exprimer hors des interdits

Il était possible en ce temps-là, avec l’accord tacite du commandement d’écrire sous un pseudo. J’ai usé de cette possibilité, en toute responsabilité. Ce temps a bien changé.

Il faut que tu saches (tu de camaraderie respectueuse) Mon lieutenant que la pensée libre est rarement récompensée, surtout lorsqu’on est considérée comme iconoclaste, et les limites du lèse-pensée en sont fixées de manière souvent bien arbitraire. Il faut savoir aussi  que si on ne fait pas partie du cénacle, du cercle autorisé, on est contraint, au mieux,  à se taire, au pire à être méprisé, à moins qu’on ne soit ridiculisé.

 …. Et oui Mon lieutenant : « La mentalité des chefs n’a pas changé, ils sont toujours fiers de « faire des miracles avec rien ». Et c’est bien là le problème. Le rôle des généraux, c’est de défendre leur armée auprès (contre) des politiques.

Mais, Il n’est pas certain qu’ils ne puissent se passer de l’action de quelques-uns moins timorés que d’autres, en dehors des associations d’anciens combattant ou médaillés qui n’ont aucun pouvoir tant ils se sont enfermés dans des réflexes d’obéissance dépassés. N’est-il pas temps d’inventer autre chose ?

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