Ils ont fui l’armée : les déserteurs passent aussi devant la justice (Par Florence Moreau)

Comme plusieurs fois par an, la chambre militaire du tribunal correctionnel de Bordeaux a examiné vendredi les dossiers des engagés qui n’avaient pas réintégré leur caserne.

Ils ont tous une « bonne » raison pour ne pas réintégrer la caserne. Familiale, médicale, professionnelle, personnelle, technique… Cela reste une désertion, même en temps de paix, passible de trois ans de prison ferme. Hier, la chambre militaire du tribunal correctionnel de Bordeaux a examiné nombre de dossiers de déserteurs. Certains d’entre eux ont même déserté… l’audience.

Depuis plus de vingt ans, les infractions au code de justice militaire, ainsi que les crimes et délits de droit commun commis par des militaires dans l’exécution du service, ne relèvent plus de la compétence des juridictions militaires, mais de celle des juridictions de droit commun.

Une formation se réunit ainsi plusieurs fois par an en audience publique. L’instruction se déroule selon les règles du code de procédure pénale et des magistrats civils sont affectés pour ces jugements. « C’est la fin de l’émergence du militaire dans la justice normale », a coutume de dire le vice-procureur Jean-Louis Rey, spécialement dédié à ce genre d’affaires.

Les histoires se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Pour certains, l’armée ne correspond pas ou plus à leurs attentes. « Je ne m’attendais pas à ça, je suis déçu, soupire un jeune redevenu carreleur. J’ai signé pour être dans la marine, avec une grosse activité physique, mais au bout de sept mois, on ne faisait plus rien. »

En octobre 2012, après une soirée arrosée, il avait pris un officier au mot et décidé de « se casser ». « Mais l’armée n’est pas une entreprise comme les autres dont on part à sa guise », rappelle le vice-procureur devant tant de jeunes qui ne respectent pas leur engagement de trois ou cinq ans.

Blessé avant d’avoir pu terminer sa formation pour entrer dans les commandos, un autre prévenu s’est lassé de « la routine à la maintenance du régiment ». « Oui, l’armée peut décevoir, souligne Jean-Louis Rey. Mais parce que la parole a été donnée, il faut la respecter. Ce n’est pas la désertion par peur de l’ennemi mais par désillusion », soupire-t-il.

Un autre avait de lui-même prolongé un arrêt maladie qu’il trouvait trop court. « Une dépression du genou », commente le vice-procureur. Un autre a rencontré une femme depuis son engagement. Un autre assure avoir peur car des amis militaires sont morts en opération. Un autre, enfin, qui n’aurait pas fait long feu dans l’armée – « aucune qualité qui peut faire un militaire », dit de lui un rapport – s’était fait porter pâle à répétition.

À chaque fois, ce sont des peines avec…..

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