Balard privé de ministre de la Défense (H.L et C.N.)

Le ministre de la Défense n’ira pas à Balard. En tout cas, il ne devrait pas s’y installer en permanence, comme ses troupes. Au lieu de se morfondre dans un immeuble Bouygues implanté en bordure du périphérique, Jean-Yves Le Drian préfère, c’est humain- rester au milieu des boiseries dorées, des marbres multicolores et des lustres en cristal du magnifique hôtel de Brienne, qu’agrémente un charmant jardin.

Avantage supplémentaire: cette perle se trouve à deux pas de l’Assemblée et de Matignon, alors que le pavé de béton de Balard est situé à plus de 5 km de là. Les subordonnés du ministre en seront quittes pour multiplier les allers retours entre les deux lieux…

Généraux sentimentaux

A Balard, les espaces réservés au ministre et à son cabinet, vont être réduits en conséquence, pour être transformés en simples bureaux de passage. Des aménagements complémentaires, qui prennent aussi en compte d’autres modifications par rapport au projet initial, ont d’ailleurs déjà été engagés à la demande de Le Drian.

Ce rab de travaux explique le retard de près de six mois du chantier, annoncé le 28 août par Bouygues. Ce jour-là, Yves Gabriel, le pédégé de Bouygues Construction, a pourtant cru finaud, au cours d’une conférence de presse, d’en rejeter la faute sur la Mairie de Paris…

Au moment de lancer le projet Balard, en 2010, Sarko avait décidé que les immeubles de l’îlot Saint-Germain, qui héberge l’actuel ministère de la Défense, seraient vendus au plus offrant. A l’exception de l’historique hôtel de Brienne, auquel les militaires se disent très attachés. Ce bijou du XVIIIe, qui a accueilli Clemenceau durant la Grande Guerre et de Gaulle en 1944, est ainsi resté dans le giron des armées.

Mais aucune affectation n’avait alors été prévue pour ce petit chef-d’oeuvre, qui devait juste servir à organiser, de temps à autre, d’hypothétiques réceptions. Le Drian s’est engouffré dans la brêche et joue désormais les sauveurs de vieilles pierres pour s’incruster dans les lieux. C’est bien connu: une antique demeure ne doit jamais rester inhabitée…

Le ministre squatteur a d’ailleurs d’illustres prédécesseurs. En 1986, un certain Edouard Balladur avait énergiquement refusé de s’exiler à Bercy et s’était cramponné aux ors du Louvre avant d’être jeté dehors après la présidentielle de 1988. Aujourd’hui encore, les ministères du logement, des Transports et de l’Ecologie s’accrochent aux splendeurs de l’hôtel de Roquelaure, sur le boulevard Saint-Germain, alors que leurs services sont installés dans les tours du quartier de la Défense. Mais c’est si loin, la banlieue…

Source: « Le Canard enchaîné » n° 4845 du mercredi 4 septembre 2013.

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