Fière de son béret rouge, la Villeneuvoise attend sa prochaine mission pour soigner les soldats blessés. Au plus près des combats. Quand elle est arrivée à l’école des parachutistes, à Pau, en juillet 2012, l’accueil a été viril… et pas franchement correct : « Elle est où la vieille infirmière qui va nous casser les c… » Bienvenue dans un monde de testostérone et de gros muscles. Ce béret rouge mythique, la Villeneuvoise Julie Cugerone, 37 ans, en a toujours rêvé. À peine rentrée d’une mission comme infirmière militaire en Afghanistan, elle réussit les tests ultra-sélectifs pour intégrer ce corps d’élite « qui ne compte que deux femmes, dont moi », dit-elle fièrement. Julie est une jeune femme entière et « hyperactive » qui ne fait jamais les choses à moitié. Championne de judo à l’adolescence, elle entre au Crédit agricole en 1995, fait deux enfants en quatorze mois – « je n’aime pas être enceinte, alors j’ai préféré enchaîner », sourit-elle – et change brusquement de vie en 2004. « J’ai toujours rêvé d’être infirmière militaire ». Première mission de trois mois en 2010 : l’hôpital militaire à l’aéroport de Kaboul, en Afghanistan. Il flotte une tenace odeur de crasse et d’excréments partout dans l’air. « On entend tirer jour et nuit, on se sent en insécurité. On n’est jamais préparé à la guerre », se souvient-elle. Mais le premier blessé est là, un légionnaire, et l’action prend le pas sur l’émotion. La panique des blessés, les hurlements, le premier mort, « quand un infirmier est mort, j’ai réalisé soudain que ça pourrait être moi », les visages défigurés par les bombes, le cœur qu’il a fallu masser à main nu après avoir ouvert la cage thoracique d’un cas désespéré, Julie Cugerone évoque avec passion et pudeur son incroyable vie d’infirmière militaire. « Quand un soldat est blessé ou va mourir, c’est à sa mère qu’il pense. Et là, c’est pas à un gros malabar qu’ils veulent donner la main mais à une femme », dit-elle. Elle a réussi à apprivoiser la mort… « sauf celle des enfants. L’Afghanistan est une des guerres les plus sanglantes, les talibans mettent leurs enfants devant eux comme bouclier, raconte-t-elle. Je me souviens d’une fillette dont les parents ont fait exploser une bombe artisanale. Elle avait le corps entièrement brûlé et nous regardait en souriant, sans jamais pleurer. On l’a soignée. » Mais cette gamine, comme tant d’autres victimes innocentes vient régulièrement hanter ses nuits. Malgré l’adrénaline et le courage qui unissent, malgré la fraternité si précieuse de ceux qui côtoient constamment le danger et la mort, les réflexions machistes et le soupçon qu’une femme n’est pas à sa place à la guerre lui sont constamment renvoyés. Même à la messe où elle….
Lire la suite sur le site midilibre.fr en cliquant [ICI]