ARMEE. Des militaires et des gendarmes demandent une refonte de leur statut

Sud-Ouest – Samedi 2 novembre 2002 :

Devenir des citoyens comme les autres.

Les militaires ne connaissent pas leurs droits et la hiérarchie en profite. Tout est dit sur les raisons qui ont poussé quelques militaires, autour du Capitaine Michel Bavoil, à créer une association de défense, en avril 2001, qui se veut un contre-pouvoir à ce qu’ils estiment être une privation ou une limitation de leurs droits. Ces militaires savent bien que leurs missions sont spécifiques mais ce n’est pas pour autant qu’ils entendent être privés du droit d’expression quand il ne porte pas atteinte à l’indépendance des armées ou quand il ne peut nuire à quelque opération. Aujourd’hui, militaires et gendarmes regardent du côté de la société civile et ils comparent. Ils n’ont pas droit au dialogue sociale, leur temps de travail
n’est pas réglementé et les « nombreux dysfonctionnements » qu’ils essaient de dénoncer perdurent.

Une nouveauté. Cette association de défense des droits des militaires (ADEFDROMIL) est une nouveauté dans le paysage militaire français. On ne peut pas dire qu’elle ait été accueillie chaleureusement par la plus haute hiérarchie de l’armée et du ministère de la défense mais elle a déjà reçu l’appui de plusieurs députés, des encouragements plus ou moins officiels et l’adhésion de militaires et gendarmes dont 10% seulement sont à la retraite.
C’est dire que les troupes qui se sont engagées dans cette association ont de réels griefs à exprimer et espèrent bien voir, rapidement, évoluer la situation.
     Leur statut de 1972, dont ils demandent une refonte partielle, rejette tout groupement professionnel qui pourrait avoir un caractère syndical. Mais, aujourd’hui, les responsables de l’association ne craignent pas d’évoquer « des entorses à la Constitution et au droit européen », sachant que le Conseil de l’Europe s’est en effet prononcé en faveur du droit syndical des militaires. La grande muette aurait-elle droit désormais à la parole ? L’association compte déjà plus de 350 membres et les messages de sympathie qui lui parviennent sont nombreux. La hiérarchie estime que ces militaires sont dans l’illégalité, eux pensent qu’ils ont droit à être des citoyens comme les autres, avec des devoirs mais aussi des droits qu’ils entendent faire respecter.

Deux Bordelais au bureau. Le 14 septembre dernier, l’ADEFDROMIL, en assemblée générale, a élu un nouveau bureau. Deux bordelais y figurent : Christian L’Huillier, colonel en retraite de l’armée de terre, responsable de la commission récompenses, et le docteur Stéphane Lewden, de la gendarmerie de Bouillac (Gironde), responsable de la branche santé. L’un et l’autre soulignent que la hiérarchie oublie trop souvent l’alinéa 2 de l’article 10 de la loi 72-662 portant statut général des militaires qui précise : « le chef veille aux intérêts de ses subordonnés »…

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