Renaud Marie de Brassac a lu: « La souffrance au travail dans la Gendarmerie Nationale » de Joël Allou. (actualisé)

Disons le tout de suite, la lecture de l’ouvrage de Joël Allou, capitaine e.r. qui a étudié la psychologie sur le tard ne provoque aucune souffrance.

Tout au plus, est-on saisi par une impression de vacuité de son livre au regard du titre qui nous paraissait alléchant.

Il serait toutefois injuste de cacher les mérites de l’ouvrage outre son titre. Il s’agit pour l’essentiel de la publication de statistiques sur les suicides et tentatives de suicides entre 1993 et 2010, tirées probablement du bilan psycho-social annuel de la Gendarmerie. Il est regrettable d’ailleurs que l’auteur ne nous donne pas ses sources.

Pour le reste, le contenu du livre est une revue généraliste des facteurs psycho-sociaux susceptibles d’influer sur la vie de tout être humain, étendue aux facteurs plus spécifiques de la vie de gendarme : discipline militaire, vie en caserne, etc…Chaque chapitre compte de deux à trois pages contenant souvent des banalités. Citons à titre illustratif : l’alimentation, les rêves, le sommeil, le problème particulier de l’informatique susceptible, selon une étude américaine citée, « d’ajouter au stress et nuire à la continuité de la vie numérique des victimes ».

Le chapitre sur le harcèlement au travail comprend un peu plus de deux pages et une longue digression de deux pages sur l’affaire des paillotes en Corse en 2001, qu’il est difficile de relier à des faits de harcèlement de la part de la hiérarchie.

A aucun moment, il n’est fait référence aux associations et notamment à l’Adefdromil, qui traite de nombreux cas de harcèlement dans les armées et notamment dans la Gendarmerie .

Pour le concret, l’auteur parle brièvement des commissions locales de prévention des actes auto-agressifs, de l’action en région Rhône Alpes, d’un groupe AGIS (Alcool, Gendarmerie, Information, Sensibilisation) et du CRAP (comité régional d’accompagnement du personnel où siège une représentante de l’association d’aide aux membres et familles de la gendarmerie). On reste tout de même sur notre faim, faute de présentation de bilans.

Joël Allou ne cache pas avoir été victime « d’un burn out » professionnel, c’est à dire d’une grave dépression, dont il serait sorti grâce à ses études en psychologie, dont il restitue des résumés déconnectés du sujet.

In fine, pour gérer le stress, il nous suggère de pratiquer des loisirs: randonnée en montagne, au bord de l’eau, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, voire pêche à la carpe avec une belle photo d’un gros specimen.

Comme il le rappelle, il faut « prendre soin de soi, l’essentiel étant de se sentir bien ». C’est encore la meilleure manière de supprimer la souffrance au travail… avec la retraite.

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