Un an déjà. Une année que l’association oeuvre dans l’intérêt de la collectivité militaire. Une année que l’idée lumineuse de notre président de créer une association de défense des droits des militaires (adefdromil) a germé. C’est maintenant l’heure et le temps des bilans en attendant la première assemblée générale, prévue, contraintes et emploi du temps obligent, pour se tenir au dernier trimestre 2002.
A l’heure des bilans, il me revient l’honneur en tant que responsable de la branche santé de l’association, de constater l’ampleur de la tâche et des problèmes qui ont été pris en compte pour aider les intéressés à les résoudre. Les nombreuses demandes de renseignements ainsi que les lettres d’encouragement reçues des personnels toutes armes et services confondus, montrent que l’intérêt de cette association est bien réel et répond à un véritable besoin.
L’actualité récente avec la grogne dans les armées (non calmée à ce jour) montre qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans ce domaine pour éviter que l’histoire ne récidive. Les nombreuses prises de positions officielles des membres de l’adefdromil dans les différents médias, mettent en lumière l’efficacité de ce mode d’expression. A ce jour, toutes les tentatives pour nous faire taire ont échoué. Il est vrai que si quelques adhérents sont des retraités et réservistes, la majorité des membres de l’adefdromil sont encore en pleine activité de service. Ils n’ont pas mâché leurs mots tout en restant dans le domaine du respect de la hiérarchie et de la discipline. Leurs prises de position n’ont fait l’objet, à notre connaissance, d’aucune sanction du ministère de la Défense. Cela prouve bien que les militaires concernés n’ont pas franchi la limite de ce cadre imposé par le statut général des militaires.
Au bilan, les nombreuses interviews de membres de l’association sur les ondes radiophoniques, dans la presse écrite ou à la télévision, montrent notre sérieux. Les journalistes ne s’y sont pas trompés. En répercutant notre message, les médias nous aident à nous faire connaître. Certaines prises de position d’hommes politiques, et non des moindres, renforcent, s’il en était encore besoin, la crédibilité que d’aucuns auraient essayé de nous ravir.
Quant au commandement, il se montre beaucoup plus méfiant. En effet, toute prise de décision hâtive ou illégale contre un subalterne peut se retourner contre lui. Pourtant, dans le cadre de l’association, personne n’a été (et ne sera) soutenu au détriment de l’intérêt général et de la nécessaire discipline au sein des armées. C’est ainsi que tous les dossiers sont scrupuleusement étudiés pour ne pas défendre l’indéfendable. Nous défendons avant tout, les lois de la république, lois votées et adoptées par nos parlementaires. Ces lois doivent être appliquées à tous les échelons de la hiérarchie et, si parmi ces lois certaines sont considérées comme mauvaises ou inadaptées, il ne suffit pas de les détourner mais de faire en sorte qu’elles soient modifiées ou abrogées. Il faut en finir avec les accommodements de certains, forts de l’impunité qu’ils s’octroient alors à tord comme un attribut de leur statut de chef.
A cet égard, l’association a déjà beaucoup fait parler d’elle et obtenu de nombreux ralliements. Elle a donc de beaux jours devant elle.
A l’heure où le citoyen est de plus en plus responsable et instruit, le militaire doit retrouver sa légitime place au sein de la société. Pour cela, il doit se voir reconnaître sa pleine citoyenneté. Le devoir de réserve, par ailleurs si flou qu’il est difficile de le résumer en une phrase, est souvent agité comme une menace pour faire taire les forts caractères.
Pourtant, ces forts caractères sont souvent ceux qui défendent le mieux les intérêts de leurs subordonnés autant que ceux de la Défense. Non conformistes et particulièrement dérangeants, à force de tracasseries diverses, l’administration militaire essaie toujours de les écoeurer. A défaut d’être entendus , écoutés et reconnus, trop souvent hélas ! certains finissent par jeter l’éponge et refaire carrière dans le secteur privé c’est à dire là où leur caractère, leur éthique et leurs aptitudes sont évaluées et appréciées à leur juste valeur et selon des critères de qualités humaines, de responsabilité, de rentabilité, …
La force et l’action de Michel BAVOIL est à ce titre exemplaire et devrait attirer derrière lui, outre les jalousies des peu compétents, un maximum de reconnaissance de la majorité des militaires attachés à l’éthique, au sens de l’honneur et du service de l’Etat. Si servir est la mission et la raison d’être des militaires, ceux-ci refusent aujourd’hui que l’on se serve d’eux comme d’une main d’oeuvre corvéable à merci. Appelés à servir en tout temps et en tout lieu, ce qui n’est pas contestable, le militaire devenu professionnel n’en demeure pas moins hostile s’il a le sentiment de servir de main d’oeuvre gratuite, taillable et corvéable à merci, qui serait utilisée sans compter.
Le Style de commandement devra changer. L’omerta militaire est appelée à disparaître rapidement, les nombreux moyens d’expressions modernes dont le net, ne permettent plus de contenir et de restreindre la liberté de parole des individus. Il faut vivre avec son temps et en cela l’expérience et le challenge de l’adefdromil est une véritable aventure humaine qui mérite les investissements passés et futurs et permettra, j’en suis convaincu, de démontrer toute son efficacité pour le bienfait de l’Etat, de la nation, de tous les militaires. Des résultats que certains commencent à craindre sérieusement si l’on se réfère, par exemple, à l’appel au secours d’ un officier général qui a demandé la protection juridique de sa direction au simple énoncé, par un officier supérieur placé sous ses ordres et menacé de sanction, du nom de l’association et des responsables de l’adefdromil.
Pour l’heure, l’adefdromil attend avec impatience la prochaine rentrée parlementaire pour ses futures interventions qu’elle a préparées afin de conserver son efficacité et pour conforter les buts définis dans ses statuts.
Je terminerai cet éditorial en remerciant toutes celles et tous ceux qui se sont investis ou prendront le temps de s’investir. Au rythme où vont les choses, il ne fait aucun doute que certains, pour ne pas dire quelques uns, finiront par avoir de plus en plus de mal à revendiquer leur statut de chef alors qu’ils se servent plus qu’ils ne servent, font savoir plus qu’ils ne savent faire, défendent leurs intérêts particuliers avant ceux de leurs subordonnés. Mais il est vrai aussi que pour ceux là, avant tout, une carrière est à faire !