Ils ont la parole : Suite aux mesures annoncées à ISTRES par le ministre de la Défense. Des sous-officiers las et désabusés s’expriment.
Une fois de plus, les sous-officiers mesurent l’estime portée par le ministre de la Défense et nos officiers généraux à l’égard de ceux qui ont choisi de servir la Nation :
– Estime politicienne du ministre ;
– estime carriériste de nos chefs.
Non content d’avoir fait un saupoudrage de mesurettes, le ministre a utilisé et abusé les médias pour délivrer un message tendancieux, faisant croire à la communauté civile que chaque militaire verrait sa solde augmenter de plus de 100 euros par mois et ce dès le mois d’avril.
Les calculs, rapidement faits au demeurant, ont révélé aux sous-officiers l’insupportable aumône consentie par le gouvernement. Nos chefs ont approuvé cette mauvaise comédie et demandé le « silence dans les rangs ». Mais ce silence ne signifie nullement l’assentiment. L’amertume est profonde et le dépit est immense chez tous les militaires et particulièrement chez les sous-officiers.
« Si tu veux la paix, prépare la guerre » telle n’est pas la devise de ceux qui nous gouvernent et de ceux qui nous commandent. Les conditions de vie en OPEX, à VIGIPIRATE, la crise en Afghanistan en sont les tristes et inquiétantes démonstrations. Il est regrettable de voir notre armée reléguée au rang de simple pion, déplacé avec un désintérêt non dissimulé par les américains et les anglais.
Il est grand temps qu’un véritable dialogue s’installe avec ceux qui ont choisi de servir sans être serviles. Il est urgent et impératif de décider, cette fois ci de manière sérieuse, de vraies mesures attendues par tous :
– Prendre les mesures indiciaires significatives ;
– prendre en compte des primes dans le calcul des retraites ;
– améliorer la capacité opérationnelle de nos forces par le remplacement des matériels obsolètes ;
– améliorer les conditions de vie dans les casernes ;
– améliorer les conditions de vie en OPEX (logistique déplorable) ;
– se préoccuper des congés, des repos compensateurs.
A spécialité égale, un civil est payé entre une fois et demie à deux fois et demie plus qu’un militaire (contrôleur aérien, médecin, spécialiste transmissions), les astreintes sont mieux rémunérées dans le secteur privé ou les autres administrations.
Il est temps d’avoir une armée moderne dans un pays moderne, seule garante de notre indépendance et de la défense de nos intérêts dans le monde. La plupart des armées européennes avancent sur la route du progrès. L’armée française marque le pas sur la piste de la médiocrité.
Nous avons fait le choix de servir, mais pour l’heure, dans l’expectative, notre foi, notre amour du métier, le respect dû à nos chefs s’étiolent inexorablement. Ils se diluent dans le dédain courtois qu’ils nous portent. Nous continuerons à faire notre devoir, mais sans conviction, sans envie, sans âme.
Des sous-officiers las et désabusés.
