Communiqué d’AVIGOLFE (Association des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe et des Balkans) du 3 septembre 2008
Il avait été un des premiers adhérents de l’Association des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe (AVIGOLFE), Yannick Morvan est décédé le 30 août, après dix-sept ans de souffrances. Mécanicien au sein de la Légion étrangère, il avait écrit en décembre 1991, depuis son camp dans le désert, « quand je vois ce qui se passe, je pense qu’on n’ aura peut-être pas l’occasion de s’amuser encore très longtemps.. » Il n’a plus jamais eu l’occasion de s’amuser. D’hôpitaux en centres de santé, de psychiatres en spécialistes de toutes sortes, il a passé toutes ces années à souffrir dans son corps et dans sa tête. Durant l’offensive d’Al-Salman, objectif des troupes françaises, il était aux premières loges. « Nous étions très inquiets, témoignait-il auprès d’Avigolfe, car les deux Américains qui étaient avec nous pour faire la liaison avec l’aviation portaient toujours des masques de protection et des tenues spéciales ». Lui et ses camarades de combat n’en avaient pas. Comme d’autres, il a été exposé à des particules d’uranium issues des tirs d’obus flèches et de diverses munitions fabriquées avec ce métal. C’est lui qui a apporté les premières preuves que, contrairement à ce qu’affirmait le ministre de la Défense, Alain Richard, il avait reçu l’ordre dès le mois de janvier, d’absorber des pilules de pyridostigmine qu’il avait reçues dans son paquetage. Il a subi les cocktails de vaccination, s’est trouvé pris dans les alertes chimiques. La citation à l’ordre de la Division Daguet délivré par le général Roquejeoffre note : « S’est tout particulièrement distingué lors de l’offensive terrestre du 24 au 28 février 1991, en Irak, mettant à la disposition du régiment, dans une zone dangereuse, sous la menace chimique, tous les moyens techniques nécessaires à la progression rapide vers l’objectif. » Parti en bonne santé en août 1990 dans le Golfe, il en revient malade comme d’autres anciens combattants français, américains ou britanniques.
En septembre 1993, Yannick Morvan est hospitalisé en psychiatrie à l’hôpital d’instruction des Armées A. Laveran. Le Professeur Junot note qu’il est suivi et pris en charge « suite à des événements survenus en opération en 1990-1991 ». Yannick Morvan s’est battu avec sa famille pendant dix-sept ans pour faire reconnaître ses droits, à lui comme aux autres, les ministres successifs ont répondu : « Le lien entre votre état de santé et votre présence sur le théâtre des opérations n’est pas établi ». Comme 40 soldats français, décédés depuis leur retour du Golfe suite à des pathologies identiques à celles des vétérans américains ou britanniques, il s’est heurté au mépris des autorités françaises et aux mensonges d’Etat proférés par les différents ministres de la Défense.
Avigolfe a rencontré le 13 novembre 2007, des représentants du nouveau ministre, Hervé Morin. Nicolas Sarkozy avait écrit pendant sa campagne électorale, qu’il prêterait une oreille attentive à la question des victimes de la guerre du Golfe. Le 13 novembre 2007, les représentants d’Avigolfe assistés de leurs conseils juridiques et de spécialistes scientifiques, ont posé un certain nombre de questions. Il leur avait été signifié qu’on leur répondrait par écrit. Avigolfe attend toujours et désormais, on ne répond plus à ses appels téléphoniques au ministère. Le 23 mai 2008, dans un courrier adressé à Didier Migaud, Député de l’Isère et Président de la commission des Finances, de l’Economie et du Plan, Hervé Morin écrivait sans état d’âme : « Des réponses claires aux questions qu’ils nous avaient préalablement adressées, leur ont été apportées en séance, permettant ainsi un échange productif dans un climat de totale confiance. » Jusqu’alors, l’association avait eu droit à des réponses langue de bois, désormais nous sommes dans la fiction la plus totale.
L’instruction judiciaire diligentée par Madame Bertella-Geoffroy, suite aux plaintes déposées en pénal par un certain nombre de vétérans, est toujours en cours et sera encore longue. Les avocats des parties civiles ont demandé des contre-expertises compte-tenu de la légèreté avec laquelle les expertises judiciaires ont été effectuées.
AVIGOLFE
Hervé DESPLAT
Président
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Hervé DESPLAT : 06 85 20 06 99
Madame MORVAN Paulette: 01 48 11 96 15