ROCAMBOLESQUE MAIS VRAIE

Les super-policiers…cambriolés

Enquête sous haute tension au Fort-Saint-Louis. Les locaux de l’OCRTIS (Office centrale de répression du trafic international de stupéfiants) ont été cambriolés. Des ordinateurs et des armes auraient été volés.

C’est le cambriolage impossible qui a été réalisé en début de semaine à Fort-de-France. Imaginez une base navale surveillée par les Forces Armées aux Antilles. Tout en haut de cette base, installez, sous l’égide de la Police judiciaire, des locaux sécurisés destinés à accueillir une équipe interministérielle d’enquêteurs traquant les trafiquants de drogue de toute la Caraïbe. Installez des caméras de surveillance et fermez le coffre-fort à double tour.

A priori, difficile de s’attaquer à une telle place forte. C’est pourtant l’exploit signé par un ou plusieurs cambrioleurs.

Dans la nuit du 15 au 16 juillet, ils ont réussi à se jouer de toutes les barrières de sécurité et à s’introduire – sans trace d’effraction parait-il – dans le saint des saints. Un exploit qui peut susciter l’admiration mais qui met surtout sur les dents tout ce qui porte un uniforme en Martinique.

Impossible de trouver une voix officielle qui vienne préciser ce qui s’est passé et ce qui a été volé. OCRTIS, FAA, parquet et gendarmerie jouent à celui qui en dira le moins.

Leur arracher l’information que des ordinateurs ont été volés est difficile mais faisable. Impossible en revanche d’avoir la confirmation que des armes ont disparu. Seule certitude, personne ne réfute non plus. « Je ne peux pas répondre à cette question » lâche par exemple Romuald Muller, patron de l’antenne OCRTIS.

« Mis à part le fait que ça se déroule dans une enceinte militaire, ça ne nous concerne pas vraiment » poursuit-t-on gêné du côté des FAA. « il n’y a pas beaucoup d’éléments à communiquer » glisse le parquet qui « ne confirme pas » le fait que des armes aient disparu.

« C’est une affaire très délicate sur laquelle on ne peut rien dire » murmure enfin la gendarmerie.

En clair, circulez, y ba rien à voir. Le silence en dit cependant long sur la tension.

Une discrétion qui s’explique évidemment compte-tenu du contexte et de la « clientèle » de l’office. Le contexte, c’est le fait que l’OCRTIS ait confié sa sécurité à l’armée et que le cambriolage a de quoi jeter un froid. Du coup les forces de l’ordre veulent laver leur linge sale en famille. Une précaution justifiée de surcroît par le fait que la piste interne au fort n’est pas écartée.

L’autre piste, plus rocambolesque, consiste à envisager que des narcotrafiquants aient réussi à organiser une véritable mission impossible – probablement en infiltrant le fort –   pour effacer des traces gênantes. Certaines sources évoquent en effet la disparition de dossiers. Une information qui n’a pas pu être vérifiée.

Saisie de l’enquête parce que les faits se déroulent dans une enceinte militaire, la gendarmerie a en tout cas du pain sur la planche. La police des polices pourrait de son côté s’intéresser de près au dossier.

P.-H.C

(France-Antilles du 18 juillet 2008)

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