Lettre d’un officier de carrière au député maire de Colmar

Après les nombreuses réactions négatives des sous-officiers au plan de revalorisation de la condition militaire, ce sont aujourd’hui des officiers qui sortent de leur devoir de réserve pour exprimer leur ressentiment quant aux mesures prises par le gouvernement le 28 février 2002.

Pour des raisons évidentes, nous préservons le total anonymat de ses correspondants qui en font la demande.

Monsieur le député,

Officier de carrière, je tenais à vous faire part de mon ressentiment quant aux mesures prises par le ministre de la défense concernant une « revalorisation de la condition militaire ». J’attendais plus que ce saupoudrage indécent. Une fois de plus le gouvernement français se moque de ses soldats. Nous n’avons jamais pu appliquer les 40 heures, il est donc inimaginable de parler de 35 heures. Les travaux du RTT relèvent de l’injure. Nous rendons pour la plupart des jours de permissions, non pas qu’il y en ait trop mais parce que nous n’arriverions pas à effectuer nos missions.
Par définition « la disponibilité est une sujétion propre à la fonction militaire ». Les militaires peuvent être appelés à servir en tout temps et en tout lieu. La disponibilité est statutairement permanente donc les militaires sont en service 24h sur 24. Alors par pitié que le gouvernement arrête là les mesures démagogiques dont il a le secret, ce n’est pas du RTT ou autre TAOPM dont les militaires ont besoin mais :

– d’effectifs pour assurer les missions,
– de matériels adaptés et en état de fonctionnement,
– d’une revalorisation conséquente de la grille indiciaire,
– de l’intégration des primes de qualification à la retraite,
– de la prise en compte réelle des risques en opération,
– de considération, le départ de Mme Voynet n’a rien changé.

Si le gouvernement ne veut pas d’une défense nationale, c’est en bonne voie, la Nation voit son armée se transformer doucement en groupement scout.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire et je vous prie Monsieur le député de bien vouloir accepter l’expression de mon plus profond respect.

Réponse de Mr Gilbert MEYER, Député du Haut-Rhin, Maire de Colmar :

Colmar le 15/03/02
Réf GM/LB/2002-301

Par courrier du 07 mars dernier, annexé à votre email daté du même jour, vous m’avez fait part du sentiment que vous inspirent les mesures récemment annoncées par le ministre de la défense pour « revaloriser » la condition militaire.

Je partage totalement votre approche de la situation. Les « réponses » apportées par M. Alain RICHARD pour apaiser le malaise exprimé ces dernières semaines sont en complet décalage par rapport aux préoccupations réelles de nos soldats. Nos forces armées ont besoins de moyens – en hommes et en matériels – pour assumer leurs missions et aussi de voir reconnu, à sa juste valeur, leur engagement au service de la patrie.

Les lois de professionnalisation avaient pour unique objectif de doter la France d’un outil de défense moderne, adapté aux contingences géopolitiques et géostratégiques du XXIème siècle. Force m’est malheureusement de constater que depuis leur arrivée au pouvoir, les socialistes et leurs alliés n’ont cessé de réduire le budget de la défense, qui se trouve aujourd’hui rendu à sa portion congrue.

Il est devenu urgent d’inverser la tendance et vous pouvez compter sur mon engagement dans ce sens.
Veuillez agréer, Monsieur l’expression des mes meilleures salutations.

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