Femme de soldat …

Femme de militaire j’ai épousé mon « soldat  » de mari en toute connaissance de cause. J’étais enthousiaste et naïve alors … Je savais qu’en épousant mon homme, je devais abandonner famille, amis, boulot. Mais à 20 ans le monde n’est qu’espoir et enthousiasme. Depuis de l’eau et des années ont coulé sous les ponts. Les enfants sont venus, j’ai visité plusieurs villes, fait des voyages au bout de la terre. Et l’enthousiasme des débuts a vite laissé place à une grande solitude. Je peux même dire à de l’amertume. Entre-temps il faut dire que j’ai découvert une vérité première : la femme d’un militaire fait partie du paquetage, avec toutes les frustrations et les non-dits que cela implique.

Nos hommes parlent beaucoup d’eux, mais nous, qui nous entend ? Qui s’inquiète de savoir comment les épouses de militaires vivent leur situation au jour le jour ? Qui s’inquiète des enfants qui sont transbahutés de ville en ville, abandonnant à chaque fois leurs amis, leurs habitudes, etc. Mais j’ai été bien dressée et j’ai donc ravalé mes rancoeurs et mes larmes et organisé plusieurs déménagements, souri devant tout le monde alors que je n’avais qu’une seule envie : pleurer. Braves petites femmes de soldats que nous sommes : silencieuses, disponibles, mères, femmes, amantes, souvent Pénélope au long cours. Gardiennes du foyer, assumant nos maris fatigués par des surcroît de boulot (Dieu que la fin des appelés fut difficile !), élevant nos enfants, attendant nos hommes quand ceux-ci sont au loin pour 4 mois ou plus… J’en ai essuyé des larmes sur les joues de mes enfants, ravalé des paroles acerbes quand mon « homme », fatigué, se défoulait sur nous. Au fur et à mesure des mutations j’ai tenté d’arranger les logements proposés par l’armée afin de créer un semblant de vie digne, même si, au point de vue logement, nous sommes souvent considérés comme des cas sociaux. C’est sur, je pouvais trouver un autre logement, mais je perdais la MICM. Même si cette dernière est ridicule elle met du beurre dans les épinards !

Et pourtant quelle injustice que cette MICM : elle est dégressive au bout de quelques années et pourtant nous ne choisissons pas toujours de rester dans la même garnison ad vitam aeternam ! Quand je pense que les femmes de gendarmes se plaignent : elles ne payent pas de loyer ! Nous si ! Je vois que notre ministre a décidé de prendre en charge les dépôts de garantie pour les loyers en région parisienne. Et nous, provinciaux paumés dans des villes perdues, notre dépôt de garantie ?

Je pourrais en raconter beaucoup, pleurer un peu, grogner beaucoup. Mais vous en auriez vite marre. Une chose est sure, depuis que les gendarmes ont gambadé dans les rues et que leurs femmes ont fait pleurer dans les chaumières, l’ambiance est tendue entre femmes de militaires et femmes de gendarmes. Mesdames, allez donc voir la vie que mènent les femmes de fusiliers commandos de l’air. Peut-être aurez vous un peu plus de scrupules avant de bramer devant les télévisions que vous êtes dans la misère, que vos maris ne sont jamais là (quand mon mari dit qu’il a fait 70 heures dans la semaine, ce sont 70 heures effectives, et non pas la moitié d’astreinte !). Et puis, depuis que vous avez « manifesté  » beaucoup de civils croient que, nous les militaires nous ne payons pas de loyers non plus !

Il y a déjà la tombe du Soldat Inconnu, à quand la tombe de la femme de militaire méconnue ?

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