Lettre ouverte à M. le Président de la République

AVIGOLFE
Association des victimes civiles et militaires de la guerre du Golfe

LETTRE OUVERTE A M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Monsieur le Président de la République,

Cela fait maintenant dix sept ans que les troupes françaises sont revenues de la guerre du Golfe. Cela fait huit ans que l’Association des victimes civiles et militaires de la Guerre du Golfe demande aux autorités françaises la reconnaissance officielle de la réalité chimique et radiologique de cette guerre et celle des conséquences sur la santé des multiples facteurs toxiques auxquels ont été exposés les soldats et civils français présents sur le terrain des opérations.

Comme vous le savez, les gouvernements successifs ont tous adopté une attitude de refus, présentant des arguments (Rapport de la mission parlementaire et étude épidémiologique, études scientifiques dépassées aujourd’hui) qu’AVIGOLFE et ses conseils scientifiques ont récusé en apportant des éléments indiscutables.

Suite à la réponse que vous nous avez transmise en tant que candidat à la Présidence de la République, et à votre élection, nous avons pris contact avec votre ministère de la Défense et avons été reçus, le 13 novembre 2007, par MM. Jean Berkani et Ronan Tymen. Nous avons réitéré nos demandes et présenté onze questions sur lesquelles ils s’étaient engagés à nous répondre avant le 13 décembre. Nous étions accompagnés par le Pr. Abraham Behar, spécialiste de notoriété mondiale en matière de médecine nucléaire ainsi que par notre cabinet d’avocats, Me Paris et Me Poulichot.

Nous avions eu l’impression, alors, que, pour la première fois, nous étions entendus avec une certaine ouverture et bienveillance. Mais malgré nos multiples relances, aucune réponse ne nous a été adressée. C’est la première fois que le ministère de la Défense ne juge pas utile de nous répondre, quelle que soit la réponse.

Nous nous en remettons, donc, aujourd’hui directement à vous qui êtes, également, Chef des Armées.

Nous vous rappelons les termes de votre courrier du 11 avril 2007 :

« Avant d’envisager d’éventuelles mesures spécifiques, je souhaite que la matérialité des pathologies directement liées à ce conflit soit établie sans le moindre doute scientifique. (…) En tout état de cause, soyez assuré que toute évolution favorable des recherches en la matière serait immédiatement examinée et que les conséquences politiques et administratives en seraient rapidement tirées ».

Les autorités françaises se base sur un code des pensions obsolète. Les dispositions de l’article L. 3 écarte la présomption d’imputabilité et exige une déclaration dans les soixante jours après la fin du service. Comme les victimes de l’amiante et des essais nucléaires français, Avigolfe a demandé, dès sa création, la reconnaissance par présomption d’imputabilité en se basant sur l’ensemble des études scientifiques effectuées et publiées jusqu’à ce jour.

C’est cette attitude politiquement courageuse qu’a adoptée, par exemple, le gouvernement italien en reconnaissant en 2007, 77 décès par cancer et 312 malades de cancer induits par les radiations des armes et munitions à l’uranium, parmi les troupes italiennes ayant servi dans les Balkans et en Irak entre 1996 et 2006.

En tant qu’association de défense des victimes à laquelle font confiance plus de 1300 familles ou victimes, nous sommes choqués par le mépris du ministère de la Défense à notre égard.

Nous vous demandons de façon urgente de nous consacrer une entrevue afin que nous puissions, ensemble, faire avancer ce douloureux dossier. Dans l’attente, nous vous demandons de bien vouloir intervenir auprès de votre ministère pour qu’il nous transmette, comme il s’y était engagé, une réponse à nos questions.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.

Le Président
Hervé DESPLAT

Pour contact :
06 85 20 06 99
contact@avigolfe.com

Site web: AVIGOLFE

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