Exerçant les fonctions de commandant d’une brigade territoriale de proximité en gendarmerie départementale, j’ai été surpris de constater comme bon nombre de mes camarades logés à la même enseigne, que nos droits en matière de N.B.I (Nouvelle Bonification Indiciaire) ont été revus à la baisse avec effet rétroactif à compter du 1er janvier 2008, passant de 15 points à 10 points.
C’est consécutivement au Message. N° 151935 DEF/GEND/PM/AF/3PB du 07.12.2007 modifiant la réglementation sur la N.B.I.« Commandement PJ » et « Politique de la Ville », communiqué bien furtivement courant février 2008, sans aucune autre explication, que l’on subit deplein fouet cette décision.
Extrait du message :
LA RéGLEMENTATION SUR LA NBI « COMMANDEMENT – PJ » ET « POLITIQUE DE LA VILLE » APPLICABLE à LA GENDARMERIE A FAIT L’OBJET DE MODIFICATIFS, SOUS PLAFOND DES DOTATIONS. SON APPLICATION ENTRERA EN OEUVRE à COMPTER DU 1ER JANVIER 2008.
L’APPLICATION DE CETTE NOUVELLE RéGLEMENTATION DANS LES TEMPS IMPARTIS EST INDISPENSABLE POUR éVITER TOUTE PROCéDURE DE TROP PERçU.
LES PRINCIPALES éVOLUTIONS SONT LES SUIVANTES :
– INTéGRATION DES COMMANDANTS DE COMMUNAUTé DE BRIGADES à HAUTEUR DE 15 POINTS ;
– PASSAGE DE 15 à 10 POINTS DES COMMANDANTS DE BRIGADE DE PROXIMITé ;
– PASSAGE DE 10 à 15 POINTS DES COMMANDANTS DE COMPAGNIE DE GENDARMERIE DéPARTEMENTALE ;
– SUPPRESSION DE L’ATTRIBUTION DE LA NBI AUXOFFICIERS CHEFS DE SECTION DE LA DGGN ;
– ALIGNEMENT DE L’ATTRIBUTION DE LA NBI AU PERSONNEL DES OFFICES CENTRAUX SUR CELLE DES UNITéS DE RECHERCHES;
– ATTRIBUTION DE LA NBI AUX COMMANDANTS DES CORG ET DES CRA ;
– REMANIEMENT SUR POSTES PARTICULIERS (POSTES DE COMMANDEMENT PARTICULIER ET POSTES HORS PROGRAMME OU EN PARTICIPATIONS EXTERNES) ;
– PASSAGE DE 50 A 30 POINTS CONCERNANT LES POSTES DE CHARGé DE MISSION A LA DGGN ;
– PRISE EN COMPTE DE CERTAINS MODIFICATIFS DES UNITéS ATTRIBUTAIRES DE LA NBI « POLITIQUE DE LA VILLE » ET DES ENTITéS « COMMUNAUTé DE BRIGADE » ;
– PASSAGE DE 30 A 25 POINTS POUR LES COMMANDANTS DE BRIGADES DE PROXIMITE EN UNITES « POLITIQUE DE LA VILLE ».
Comme beaucoup de mes camarades, je n’ai pas oublié les mots de notre Président de la République qui résonnent encore à mes oreilles : « Je serai le Président du pouvoir d’achat … Il faut travailler plus pour gagner plus ».
Peut-être ai-je mal entendu? Heureusement ma dernière visite médicale n’a révélé aucun trouble auditif. Alors, je m’interroge? A l’évidence, aujourd’hui, C’EST TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS.
Pour casser le moral des troupes, il n’y a pas mieux comme mesure. Sur un plan psychologique, toucher aux salaires en révisant à la baisse un droit pleinement acquis est une aberration. C’est la logique de l’évolution par la régression. C’est certainement, une nouvelle stratégie. Il est vrai que dans la conjoncture actuelle, où « tout va très bien Madame la marquise », plus rien n’étonne.
Le monde militaire, une exception.
Aurait-on osé une pareille mesure dans une autre institution de la fonction publique ?
La réponse est certainement non et ceci pour une bonne et simple raison. Nous ne disposons d’aucune instance ou structure ayant une capacité d’opposition, voire de négociation. Ce type de mesure imposée en toute discrétion, d’une manière dictatoriale justifie a elle seule, la reconnaissance et l’existence de groupements professionnels ou de syndicats au sein de la sphère militaire française.
A ce propos, j’avais oublié le message précisait « UNE COMMUNICATION A ETE EFFECTUéE SUR CE SUJET LORS DE LA SESSION DU CFMG ». Comme il a fallu plus deux mois pour nous communiquer le message origine, les explications arriveront certainement dans six mois, peut-être…
Sur un plan financier, cette décision entraine une baisse de revenu de … euros pas mois, soit … euros par an. A cela, il ne faut pas oublier la perte de ces 5 points qui ne seront plus pris en compte lors du calcul de nos droits à pension et qui de fait, diminuera notre retraite.
Enfin, dans le cadre du P.A.G.R.E (Plan d’ Adaptation des Grades aux Responsabilités Exercées), c’est la dévalorisation de la fonction qui est mise en exergue par cette mesure. Pour exemple, un Mdl/chef en unité de recherches perçoit la NBI à 10 points. Une promotion au grade supérieur en tant que commandant de Brigade territoriale de proximité avec une N.B.I. modifiée à 10 points, exclut toute reconnaissance des nouvelles responsabilités exercées.
En effet, un commandant de Brigade territoriale de proximité assume entre autre les responsabilités de commandant de caserne. Il a en compte des locaux de services, les logements de ses personnels, des véhicules, des matériels, de l’armement, des matériels informatiques … Et je passe le domaine du commandement, de la gestion administrative, judiciaires et des relations publiques
Si la N.B.I. devait être modifiée, il fallait en augmenter l’assiette et revaloriser à la hausse et non à la baisse. L’argument « les caisses sont vides, plus que vides » ne peut en aucun cas justifier ce type de mesure incohérente, pour des gendarmes qui paient de leur personne chaque jour, parfois en y laissant leur vie.
Maréchal des Logis Le Vasseur
