Les sous-officiers de 31 régiments à Monsieur le ministre de la défense

Une lettre intitulée « les sous-officiers de 31 régiments à Monsieur le ministre de la défense » circule actuellement sur intranet et divers sites. Elle n’est pas signée et nous n’en connaissons pas le ou les auteurs. L’Adefdromil a été rendue destinataire de cette lettre. Estimant que celle-ci reflète assez bien l’état du moral actuel au sein des armées, l’Adefdromil publie l’intégralité de celle-ci et précise qu’elle n’engage en rien l’Adefdromil.

Les sous-officiers de 31 régiments à Monsieur le ministre de la défense

Dans votre discours aux chefs de corps, vous avez dit : « Vous avez fait des sacrifices sans heurt ! ».

Justement monsieur le ministre, notre gentillesse et notre obéissance commencent à s’estomper devant tant de mépris.

Nous commençons à en avoir assez de passer pour les dindons de la farce. Nous avons accepté sans rien dire la grogne des gendarmes, alors qu’ils ont :

Le logement gratuit (sous prétexte qu’ils logent en caserne et doivent être disponibles.) Si une caserne ce sont des petits pavillons ou des petits bâtiments de 4 étages, demandez aux militaires qui logent dans de grosses garnisons près de leurs régiments et qui habitent avec leurs collègues de travail pour un loyer de 600€ ou à nos collègues de Paris qui comme les policiers font 3 heures de trajets par jour, avec à la fin du mois un loyer de 800€, s’ils ne préfèreraient pas loger en caserne.

Pourtant nous aussi nous devons être disponibles 24h/24.

C’est vrai qu’ils ne connaissent pas le plaisir d’être muté tous les six ans à 400 kms, de chercher désespérément un logement, de payer les cautions etc …Ils ne connaissent pas la joie tous les ans, de ne pas prendre leurs vacances en juillet ou en août, parce que notre commandant d’unité ou notre chef de corps, souhaitent notre présence aux passations de commandement. C’est vrai, après un service, ils récupèrent ou cumulent : pas nous, après un retour OPEX, ils rattrapent les jours non pris : pas nous. Limite d’âge pour passer de major à l’officier différentes etc…Mais tant mieux pour eux, ils ont eu le courage de se battre.

Nous passerons encore et ce sera la fin, que dans le rapport du haut comité, où nos camarades gendarmes apparaissent : à part au début dans les contraintes et les salaires (salaires comparés avec un militaire en région parisienne ! et au fur et à mesure quand arrivent les primes et les retraites, ils deviennent militaires et disparaissent. Est-ce un hasard ? Que dire de cette lettre du 02/11/07 où le syndicat des commissaires de police, en réponse au rapport du colonel HENRY de la gendarmerie, parle des avantages des militaires. Faut-il que ce soit nous qui leur disions que ces avantages ne sont pas les nôtres, mais les leurs !!!

Nous sommes malades de voir que le gouvernement que nous défendons, lâche du lest pour les étudiants et les cheminots. Le 1er ministre a dit sur ces derniers : »nous sommes prêts à leur intégrer des primes dans leur salaire de base.»Les gardiens de prisons ont manifesté, les primes ont été intégrées, puis la police et enfin la gendarmerie. Les seuls qui ne disent rien, n’ont rien eu d’intégré, est ce une coïncidence ? Un oubli ? Nous osons espérer que ce n’est pas pour arrêter les manifestations…

Nous en avons marre monsieur le ministre ! Marre de tout ça. Nous avons plus de morts en service, plus de divorces et de suicides, mais comme vous préciseront nos officiers carriéristes et autres technocrates, beaucoup moins en pourcentage par rapport à l’effectif.

Merci pour nos morts.

Je ne parlerais pas du nombre de jours d’absences du domicile (200 jours pour certains), ou du célibat géographique. Alors nos chefs, ces chefs de corps si peu crédibles devant la commission du livre blanc (c’est le cirque mais pas chez eux, le moral est bas, mais pas chez eux), nous disent : « les gendarmes, ils vont en baver, ils passent à l’intérieur. » Oui et alors ? en attendant, nous ? Le CEMAT devrait demander conseil au général PARAYRE.

Alors oui, au CFMT des mesures de départ vont être adoptées, des mesures qui ne donneront même pas de pécule aux plus de cinquante ans. Ces anciens, faut-il le rappeler, ont fait le Liban, le Golf, le Rwanda etc. et ont vécu plein de réformes. Pour la plupart ils n’ont pas de complémentaire puisqu’à l’époque ça n’était pas au goût du jour. Très peu sont propriétaire, puisqu’ils ont été mutés souvent, et à l’époque, il fallait habiter dans la garnison. A eux monsieur le ministre, s’ils montrent qu’ils peuvent bien travailler, l’état acceptera de leur donner une majoration sur leurs retraites, c’est tout. Merci notre France.

Alors pour conclure monsieur le ministre, vous avez dit en parlant de la réforme : » Quelle que soit leur appartenance, quelle que soit leur couleur d’uniforme, nous sommes tous égaux ». Notre président a bâti sa campagne sur la parité.

Monsieur le ministre avant de vous attaquer aux primes de rentabilité, aux 15% de majoration, faites tout simplement : qu’à grade, ancienneté et situation familiale égale, un militaire de la marine, de l’armée de l’air, de l’armée de terre et de la gendarmerie partent avec la même retraite. C’est ça l’égalité monsieur le ministre.

Après nous verrons pour les grilles indiciaires où des écarts de 100 points d’indice existent.

Vous pourrez comparer entre un sergent et un gendarme, la différence de salaire après loyer, ou la différence de retraite entre un adjudant chef terre, un adjudant chef de gendarmerie et un gardien de prison après 35 ans de service. Vous serez surpris !

Nous aurons la décence pour l’instant, de ne pas apparaître en tenue ou à visage caché devant la presse, ou d’écrire aux journaux. Car nous avons encore un soupçon de confiance en vous. Mais nous sommes à la limite de l’explosion, alors à vous monsieur le ministre de faire ce geste fort que nous attendons.

Copie à :

Mr le Président de la République Mr le député Folliot.

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